Tout d'abord, que je corrige une erreur rédigée à la fin de la critique du précédent numéro : j'avais annoncé que les dessins de ce onzième épisode seraient l'oeuvre de Greg Land, mais il ne signe que la couverture et cela a suffi à me tromper. En vérité Charles Soule et Ron Garney ne seront pas restés longtemps éloignés après leur run sur Daredevil puisqu'ils se retrouvent pour ce pénultième chapitre d'Astonishing X-Men, qui, sans corriger toutes les erreurs de l'histoire, convainc davantage par son efficacité nerveuse.
Proteus a fait du village écossais de Fetters Hill le centre de son jardin : de là part toute l'énergie qu'il déploie en plusieurs points de la Terre pour la transformer comme il l'a fait avec cette bourgade, offrant aux humains de réaliser tout ce qu'ils pensent, espèrent, souhaitent et redoutent.
Face à cette crise aux dimensions épiques, les X-Men aux ordres de Psylocke (élue par ses équipiers au détriment de X) doivent attaquer en formation serrée et avec intensité Proteus. Archangel et Old Man Logan se servent du point faible de leur adversaire, son allergie au métal, avec leurs ailes et leurs griffes.
Pendant ce temps, Psylocke unit ses forces à celles de X pour tenter de rouvrir un portail sur le plan astral afin d'y renvoyer et d'y emprisonner Proteus. La manoeuvre est risquée car c'est ainsi que le Roi d'Ombres a voulu s'échapper et que cette dimension mentale est très instable.
Pou gagner du temps, Mystique leurre Kevin McTaggert en prenant l'apparence de sa mère, Moira. D'abord méfiant, il se laisse abuser puis se ressaisit quand Old Man Logan veut à nouveau l'attaquer. Il mutile Mystique et blesse (tue ?) Logan. Affaibli, Proteus doit faire face à Gambit qui veut l'électrocuter puis à Rogue qui tente d'absorber son énergie, aidée par Bishop qui l'aide à la convertir pour l'expulser.
Proteus semble être pulvérisé mais en ouvrant simultanément le plan astral, Psylocke comprend l'erreur de sa tactique : X se décompose et le Roi d'Ombres resurgit !
Est-ce ça, l'air du temps, le zeitgeist ? Mais, comme Mark Waid et Jeff Lemire dans leurs séries respectives ce mois-ci, Charles Soule ne raconte guère autre chose qu'une histoire de fils sacrifié. A la nuance près que Kevin McTaggert n'est pas mourant (quoique, ici, durement éprouvé par la bataille) mais sur le point de transformer notre planète en son jardin, à son image, répondant aux désirs de ses habitants.
Le scénariste prend soin de présenter le "méchant" de son histoire non comme un être uniforme mais comme le produit de mauvais traitements qui l'ont à la fois fait souffrir au point d'altérer son sens moral, ce qui nous le rend (presque) touchant. En tout cas, on comprend sa réaction face à ses ennemis venus encore une fois le priver de liberté, à nouveau l'enfermer, voire le tuer.
Depuis le début de la série, Soule a échoué à animer son équipe de mutants comme une véritable formation : le ver était en vérité dans le fruit dès le premier épisode puisque ses membres ont été réunis par les circonstances et non en fonction de leurs compétences et de leur complémentarité. C'est d'autant plus frappant que le Roi d'Ombres comme Proteus combattent sur un plan prioritairement psychique alors que ces Astonishing X-Men compte seulement deux télépathes (Psylocke et X).
Mais, les événements ont rapidement dégénéré, dans des proportions énormes, et parvenus à l'avant-dernier épisode (même si la série va se poursuivre, avec de nouveaux auteurs), Soule doit mettre en scène ses héros comme une force unie, obéissant à un plan, organisant leurs assauts. Le mois dernier, encore, leurs efforts étaient désordonnés et graphiquement Aco l'illustrait par une débauche de doubles pages dans un décor dément.
Cette fois, Ron Garney calme le délire du découpage pour adapter ses planches à des cases classiques, souvent prenant toute la largeur de la bande, parfois avec des ruptures grâce à des plans verticaux (comme lorsque Rogue fond sur Proteus). La nervosité du trait du dessinateur donne cette impression d'un résultat rushée, avec un crayonné lâche où l'encrage, sommaire, n'est là que pour finir.
Pourtant, même le rendu n'est pas forcément séduisant, il y a quelque chose de redoutablement efficace dans ce procédé, qui participe au tonus de l'épisode : ça va vite, ça fait mal (la mutilation de Mystique, l'éventration de Logan, la désagrégation de X), tout prend une dimension très physique, viscérale. On est au coeur d'une bataille pleine de furie, une sale bagarre, une mise à mort, et pour cela le dessin n'a pas besoin d'être joli.
Cela risque, hélas ! d'être vraiment vilain avec la conclusion de ce run, puisque c'est à Gerardo Sandoval que reviendra le privilège de l'illustrer. Dommage que Marvel n'ait pas offert à Charles Soule un meilleur artiste, au niveau de ses prestigieux collaborateurs jusqu'ici, pour terminer, mais souhaitons que le scénariste soit bien inspiré pour tirer sa révérence.
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