La bonne nouvelle : Mozart in the Jungle a été renouvelé pour une quatrième saison, actuellement en tournage. La moins bonne nouvelle : il faudra certainement attendre 2018 pour suivre les aventures de Hailey, Rodrigo et l'orchestre du New York Symphony.
Mais je ne pouvais pas attendre davantage pour regarder la saison 3. Maintenant il me faut m'armer de patience, mais ces dix nouveaux épisodes m'accompagneront jusque-là avec ravissement, encore une fois. Cette série est magique !
Rodrigo à Venise (Gael Garcia Bernal)
Et cette saison est nettement découpée en deux actes :
- le premier se déroule à Venise et occupe cinq épisodes entiers, la moitié du total. Rodrigo, excédé par les tensions générées par les restrictions économiques du conseil d'administration du New York Symphony et les revendications salariales et sociales légitimes des musiciens, part pour Venise.
Rodrigo et Alessandra "La Fiamma" (Gael Garcia Bernal et Monica Bellucci)
Un projet fou, bien sûr, l'y attire : convaincre Alessandra "la Fiamma", une cantatrice retirée depuis quatre ans, de remonter sur scène pour interpréter une aria originale, composée par un musicien contemporain et dont le livret s'inspire d'un fait divers (l'affaire Amy Fisher, qui a tué la femme de son amant). Le manager de "la Fiamma" ne donne qu'un ordre à Rodrigo : "ne forniquez pas avec Alessandra !"
Cynthia Taylor et Gloria Windsor (Saffron Burrows et Bernadette Peters)
Cependant que le chef d'orchestre tente de dompter la diva, sans cesse sur le point de tout abandonner et en même temps séduisant méticuleusement Rodrigo, qui a entre temps retrouvé en Italie Hailey Rutledge, virée (suite à un souci gastrique en plein concert) par Andrew Walsh avec qui elle était en tournée, à New York la crise continue. Le maire en personne intervient et oblige les deux parties à reprendre leurs négociations.
Hailey Rutledge et Rodrigo (Lola Kirke et Gael Garcia Bernal)
Evidemment, Rodrigo tombe sous le charme de "la Fiamma" qui le surprend ensuite en train d'embrasser Hailey, pour calmer son trac avant la représentation. La diva se produit sur trois sites consécutifs la même soirée - un bac flottant avec Rodrigo au violon et Winslow Elliott au piano, sur un quai avec Placido Domingo, et sur une scène à ciel ouvert avec des boucles électroniques pilotées par Rodrigo. Le spectacle est un triomphe, mais "la Fiamma", rancunière, jure de ne plus jamais travailler avec le maestro.
"Hail Lai"
- Le deuxième acte s'ouvre avec les retours de Hailey et Rodrigo à New York - ce dernier force Gloria Windsor et les musiciens à conclure un accord en les enfermant dans une église. Hailey retrouve Lizzie qui, avec son héritage, va ouvrir un bar-cabaret où elle souhaite que son amie prépare et dirige (la jeune hautboïste a tenu la baguette durant des répétitions à Venise) un numéro musical.
Thomas Pembridge (Malcolm McDowell)
Hailey obtient de Thomas Pembridge qu'il la laisse conduire sa première composition, l'ex-maestro entame une liaison avec Gloria après qu'elle ait convaincu l'orchestre de rejouer (au prix de quelques sacrifices financiers de part et d'autres).
Cynthia
Cynthia Taylor, souffrant toujours de sa tendinite au poignet gauche, décide d'arrêter les antalgiques pour une opération délicate, mais qui lui permet de rencontrer un joueur de basket-ball dans la même situation qu'elle. Rodrigo, lors d'une levée de fonds, surprend tout le monde en annonçant l'ouverture d'une classe ouverte à tous les enfants pour qui le New York Symphony fournira des instruments et des leçons gratuites - ce qui le contraindra à financer cela en s'humiliant.
Rodrigo et "Hail Lai"
La rentrée musicale est annoncée et des auditions à l'aveugle sont organisées. Hailey y échoue mais ouvre son lit à Rodrigo, qui veut lui confier l'orchestre pour enfants. Leur couple résistera-t-il à leurs tempéraments ? Et quel avenir pour le New York Symphony après 87 jours de grève ?
J'avoue, en entamant le visionnage de cette nouvelle saison, l'avoir abordé avec méfiance puisque je savais qu'une partie de l'intrigue allait explorer le monde de l'opéra, un genre musical que je n'ai jamais apprécié (déjà que ma culture musicale classique est limitée...). Lorsque j'ai compris en plus que cela occupait les cinq premiers épisodes...
Mais c'est oublier que si la musique, la direction d'un orchestre, l'interprétation sont au coeur de Mozart in the Jungle, la série l'utilise aussi comme un argument, un moyen, pas une fin en soi, et que l'intérêt de l'entreprise est de montrer à la fois quel désordre préside à ce résultat pourtant si harmonieux, et par quels tourments passent les personnages pour ménager leurs passions artistique et amoureuse.
Par ailleurs, cette parenthèse italienne est une splendeur visuelle, une respiration bienvenue après deux saisons à New York. Le fantôme de Mozart continue de visiter régulièrement Rodrigo qui va trouver avec "la Fiamma" une femme à sa (dé)mesure. La production a convaincu Monica Bellucci de l'incarner et sa prestation est brillante, surtout quand elle interprète la diva capricieuse, aguicheuse et en proie au doute - un peu moins quand elle exerce son art puisqu'on sait bien que l'actrice n'est pas cette impressionnante mezzo soprano (j'ai cherché qui la doublait mais je n'ai pas trouvé, et les crédits du générique du fin défilent si rapidement que cela m'a échappé).
Lorsque l'histoire revient à New York, on n'est pourtant pas au bout de nos surprises : encore une fois, Roman Coppola, Jason Schwartzman, Alex Timbers et Paul Weitz ont réussi à fournir une trame très dense et pourtant très fluide. L'épisode 7 est à cet égard exceptionnel, narrativement et visuellement, puisque l'action se déroule dans l'enceinte de la prison de Ryker's Island où l'orchestre joue des pièces d'Olivier Messiaen devant d'authentiques détenus. La mise en scène imite celle d'un documentaire filmé par le personnage de Bradford Sharp (le petit ami de Lizzie), joué par Schwartzman, et alterne des moments de ce concert et des témoignages face caméra des prisonniers, tous émus par le spectacle, la musique. S'il fallait un argument pour vous convaincre de regarder cette série, ce serait celui de découvrir cet épisode magnifique.
La caractérisation est toujours aussi ouvragée, les protagonistes évoluent, font face à des décisions importantes (le couple de Pembridge et Gloria, l'opération qui décidera de l'avenir professionnel de Cynthia, la retraite de Betty Cragdale, l'expérience de direction d'orchestre de Hailey), souvent drôles (Pembridge qui collabore avec un DJ pour un titre qui devient n°1 en Asie !), quelquefois émouvants (la mort de Rivera, hors champ, traité sans misérabilisme). C'est un bonheur renouvelé et jamais déçu de retrouver ces héros.
L'interprétation est une fois encore formidable, avec Malcolm McDowell, Bernadette Peters, Saffron Burrows, et bien entendu le duo infernal formé par Gael Garcia Bernal (lumineux, fantasque) et Lola Kirke (de plus en plus jolie et attachante). L'apparition de Placido Domingo ou la participation du violoniste Joshua Bell sont à la fois fabuleuses et (presque) normales, la série parvenant à valoriser les artistes sans les sacraliser.
Que du plaisir donc. Même si maintenant il va falloir attendre plusieurs (longs) mois pour jubiler à nouveau !
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