Nightwing #104 marque la fin de l'arc qui a servi de prologue à la relance de la série Titans, également écrite par Tom Taylor et dont le n° 1 est sorti la semaine dernière. Le scénariste conclut cette histoire sans éclat et il est regrettable comme d'habitude avec lui que ce soit l'habitude. Travis Moore termine son intérim avec classe avant le retour de Bruno Redondo le mois prochain.
Doté par Neron de pouvoirs pour deux heures, Nightwing renonce à les utiliser contre son adversaire et préfère demander conseil à Superman. Il part ensuite aider les Titans sur l'île de Themyscira et sauver Olivia Desmond, qui sera confiée aux amazones...
Commençons par parler de ce qui va se passer le mois prochain et ensuite : en Juillet et Août nombres de séries vont se mettre en pause pour s'aligner sur l'event Knight Terrors, écrit par Joshua Williamson et qui va confronter plusieurs personnages à leurs pires cauchemars. Nightwing fera partie du lot et donc la série reprendra ses droits en Septembre au n°106.
Ce qui signifie que le n°105 sera le dernier avant ce break et pour l'occasion Bruno Redondo sera de retour au dessin pour un épisode très spécial, entièrement raconté du point de vue de Nightwing (en caméra subjective donc), un exercice de style à la manière du n°87 (avec ce plan-séquence unique).
Je pense que j'écrirai à cette occasion ma dernière critique sur la série puisque je n'ai pas l'intention de la poursuivre (et que je vais également zapper les épisodes tie-in à Knight Terrors). J'avais décidé d'accorder une dernière chance à Tom Taylor sur Nightwing après le #100, mais ça n'a pas été concluant.
En parlant encore de calendrier, on notera la bizarrerie de celui de DC qui a donc relancé Titans une semaine avant Nightwing #104 qui lui sert pourtant de rampe de lancement. L'arc qui se termine aura en effet vu les Titans s'inviter dans les pages des aventures de Nightwing de manière curieuse et pour une intrigue qui a fait long feu.
C'est aussi un bon résumé de tout ce qui cloche avec Tom Taylor, auteur plus à l'aise avec des histoires hors continuité, où son imagination débridée est plus inspirée. Jamais, avec Nightwing, il n'a semblé en mesure de proposer des arcs narratifs aussi inventifs, aussi libérés, même si son affection pour le personnage est sincère et qu'il a contribué à le remettre sur de bons rails.
Mais, comme je l'ai (trop ?) souvent écrit, Nightwing par Tom Taylor souffre trop de la comparaison avec ses modèles plus ou moins déclarés, comme Daredevil (période Waid/Samnee) ou Hawkeye (période Fraction/Aja). Le fait que DC ait voulu par-dessus le marché suspendre la publication de Justice League et faire des Titans la nouvelle équipe première de super-héros de leur univers, avec Nightwing comme symbole de Dawn of DC, a placé Taylor dans le rôle d'un scénariste leader au même titre que Joshua Williamson.
Il ne fait pourtant aucun doute qu'avant la fin 2023 un relaunch de Justice League sera mis en route et les Titans seront à nouveau à la seconde place qu'ils ont souvent occupée dans la hiérarchie du DCU, un peu comme les New Mutants n'ont jamais remplacé les X-Men.
Pour en revenir à ce #104, Taylor expédie le dénouement de son récit avec une désinvolture proche du complet je-m'en-foutisme. Pourvu de pouvoirs par Neron, Nightwing fait des allers-retours Themyscira-Metropolis (pour demander à Superman que faire des talents offerts par le maître des bas-fonds). Cela donne lieu à une scène dont on hésite à dire si elle est sympathique ou grotesque, car si la relation Superman-Nightwing a souvent été exploitée par les auteurs, elle ne fait ici que souligner l'évidence (c'est-à-dire que Nightwing ne se laissera jamais déborder par le pouvoir). Les Titans sont réduits à de piteux soldats incapables de s'en sortir sans leur leader temporairement doté de capacités extraordinaires.
Je vous passe le reste, qui est aussi croquignolet avec la gamine Desmond et un cliffanger avec Raven qui n'intéressera que ceux qui lisent le relaunch de Titans (ce qui n'est pas mon cas). Tout Taylor est concentré dans cette vingtaine de pages, avec à la fois cette naïveté mais aussi cette incapacité à conclure dignement. On reprochait beaucoup ça à Bendis dans le temps, qui démarrait fort mais ne savait pas finir, mais au moins Bendis, dans ses bons jours, imaginait des histoires moins fumeuses (je sais qu'en écrivant ça, beaucoup ne seront pas d'accord, mais prenez ça pour de la nostalgie de fin de semaine puisque Bendis publie désormais dans l'indifférence générale, y compris la mienne).
Visuellement, c'est au moins joli et c'est grâce à Travis Moore, le fill-in de luxe, qui vaut bien mien mieux que Geraldo Borges (qui est aillé grossir les rangs des séries créées par Kyle Higgins chez Boom ! Studios). Il y a une certaine fadeur chez ce dessinateur, au demeurant très doué, solide techniquement, mais il mériterait mieux que de jouer les remplaçants pour des collègues qui ne tiennent pas leurs délais. C'est propre, élégant, efficace en tout cas, avec un découpage toujours impeccable, des personnages beaux, des compositions soignées. La critique glisse sur Travis Moore simplement parce qu'il fait le job et il le fait bien consciencieusement.
Un dernier mot encore. J'ai bien en tête que la lecture de critiques comme celles de cette semaine n'a rien de très distrayant, mais je refuse de mentir sur mon ressenti. Il n'y a pas eu de très bons comics sortis ces mardi et mercredi et c'est aussi frustrant pour moi car je sais après les avoir lu que je n'aurai pas d'articles captivants à rédiger. La semaine prochaine aussi, la moisson risque d'être maigre, avec peu d'achats de mon côté. Mais les comics fonctionnent par cycles, et si ce n'est pas très excitant en ce moment, la roue finira par tourner.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire