vendredi 19 mai 2023

FANTASTIC FOUR #7 (700), de Ryan North et Iban Coello


Nous y voilà ! Le septième épisode du run de Ryan North est aussi le 700ème numéro de la série Fantastic Four. Ne me demandez pas comment Marvel est arrivé à ce compte et jouons le jeu. Pour la peine, on a droit à une pagination sensiblement augmentée (près de 50 pages), et le retour de Iban Coello (qui paraît bien en passe de quitter le navire pour un bon moment). Que vaut cet anniversaire ?



En cavale après avoir échappé à Maria Hill, les 4 Fantastiques trouvent refuge dans une maison de campagne que leur a préparé Petunia, la tante de Ben Grimm, qui les prévient qu'un fantôme hanterait la place. Réalité ou superstition ? 


En tout cas, le lendemain, les membres de l'équipe se mettent à développer des troubles du langage et le Dr. Fatalis surgit, remonté contre Reed Richards dont il appris qu'il avait expédié, avec d'autres, sa filleule Valeria, dans l'espace pour un an. Et ce que Richards a raté, Fatalis veut le rectifier...


Récemment, j'ai fait l'acquisition de l'Omnibus Fantastic Four par Mark Waid et Mike Wieringo publié par Panini Comics. J'ai enfin tous les épisodes de leur run mémorable, sans doute le meilleur de la série avec celui de John Byrne (je ne compte pas celui de Stan Lee et Jack Kirby, il est hors concours). Quand j'aurai fini de le lire, je tâcherai d'y consacrer une entrée de ce blog.


En ouvrant ce pavé de plus de 800 pages, j'ai été ému de relire des planches dessinées par Wieringo, il me manque celui-là, qui sait ce qu'il ferait s'il était encore là... Et Waid avait produit une de ses meilleures prestations, redéfinissant ces personnages, les expédiant dans des aventures colorées et graves à la fois. C'était le bon temps, et je dis ça rarement.
 

Mais ce qui distingue les grands runs, c'est leur capacité à donner au lecteur, au fan une proposition rapide, clair et puissante. Dans le meilleur des cas, on peut même dire que dès le(s) premiers épisodes, le ton est donné pour tout le reste, et c'est pour ça que Waid et Wieringo sont restés dans les mémoires.

C'est ce que je pensais aussi au début du run de Ryan North et Iban Coello, qui avaient pour ambition de ramener le quatuor sur Terre, après les aventures plus cosmiques de Dan Slott et compagnie. Sept mois après, que reste-t-il de tout ça ?

Déjà, un détail cosmétique : les FF ne sont plus en costume, ils évoluent civil, et c'est déroutant car c'est un groupe dont chaque membre porte d'ordinaire le même uniforme, comme les Challengers de l'Inconnu, dont Stan Lee et Jack Kirby s'inspirèrent. Mais ce n'est pas vraiment un détail car déshabiller un super-héros, et qu'est-ce qu'on voit ? Des quidams que seuls leurs super-pouvoirs distinguent des autres.

Sur sept épisodes, trois, pratiquement la moitié donc ont été des one-shots dédiés à chacun des membres, et ça aussi, c'est déroutant, car selon une ficelle scénaristique en vogue chez Marvel actuellement, on a retrouvés les FF séparés après une catastrophe qui les a obligés à quitter New York. 

Ryan North a qui plus est construit ses épisodes depuis le début sur un schéma répétitif : un problème se pose au(x) héros, puis vient le temps de la réflexion pour imaginer une solution à ce problème, et enfin arrive le moment d'agir/réagir. Ce processus a été encore davantage souligné quand le groupe s'est reformé avec Reed dans le rôle du type qui réfléchit et les trois autres dans ceux qui agissent/réagissent. C'était amusant au début, puis c'est devenu un brin lassant, parce que justement tout se réglait en un épisode et vingt pages chaque mois.

Je comptais beaucoup, comme je l'écrivais le mois dernier, sur ce 700ème numéro pour que Ryan North quitte sa zone de confort, brise le moule. Mais il n'en est rien.

Le retour de Fatalis dans la partie trouve une justification légitime et plutôt maline (il a appris que Reed avait expédié Valeria, sa nièce, dans l'espace avec tous les occupants du Baxter building suite à l'attaque d'Annihilus), apporte un adversaire un peu plus excitant que d'habitude, même si ça finit comme une énième guerre d'égos.

Par contre, 50 pages pour ça ?! Non mais allô ! North tire trop sur la corde en nous entraînant d'abord sur une fausse piste (cette histoire de fantôme) puis ensuite passe la seconde. En trente pages, cela aurait été suffisant et plus ramassé, plus intense. Pour le reste, c'est du déjà-vu : Reed trouve le fin mot de l'histoire (et Alicia conclut de façon opportune), Fatalis échoue autant que son rival, Sue, Ben et Johnny font de la figuration. C'est dommage, mais ça ne décolle jamais, et même ça finit en eau de boudin.  

Iban Coello fait donc son retour pour cet épisode et il rend une copie de très bonne facture. C'est clairement le meilleur dessinateur du run, il a les personnages bien en main, découpe les scènes avec vigueur, compose l'action avec adresse. Lui ne déçoit pas.

Mais hélas ! son retour n'est que ponctuel : les deux prochains numéros seront à nouveau mis en images par le fadasse Ivan Fiorelli et au #10, c'est Leandro Fernandez qui assurera la partie graphique. Je vous avoue que j'en ai marre de ce défilé d'artistes sur des séries à peine relancées. Je n'aime pas râler après ça, mais ça me fatigue. Pour fidéliser le lecteur, il faut de la stabilité, une constance dans la qualité, en plus de l'imagination dans les histoires. Et ce run de Fantastic Four, qui m'a charmé au début, s'écrase bel et bien, de plus en plus.

Il y a quelque chose de cassé entre Marvel et moi. Je ne dis pas que rien ne me plaît plus dans la "maison des idées" (il y a des séries qui vont être relancées d'ici la rentrée et une, notamment, est très alléchante), mais éditorialement, déjà, je trouve que ça manque d'une direction. Sur ce point, DC me satisfait nettement plus parce qu'on sent qu'il y a une volonté d'aller dans un sens et que les auteurs jouent tous la même musique (même si chacun sonne comme un instrument singulier). Là, quand je lis Fantastic Four, Avengers, quand j'écoute ce qu'on me dit de Spider-Man, quand je vois où part X-Men (la franchise et la série), j'ai l'impression que Marvel occupe le terrain comme il fait toujours, mais sans me donner envie. C'est pas bandant.

A cet égard, donc, Fantastic Four ressemble à un triste échec. J'y croyais fort après Dan Slott. Mais ça n'a pas tenu.

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