Deux mois ont passé depuis la parution du précédent numéro de Justice Society of America, mais (normalement), on devrait lire le n°5 le mois prochain (et le 6 en Juillet). Il faut vraiment espérer que la périodicité de la série soit plus ponctuelle car cela rendrait sa lecture plus agréable. Geoff Johns réussit sans doute son meilleur épisode, même s'il est frustrant. Mikel Janin s'acquitte lui de (presque) toutes les planches, à l'exception de deux qui sont signées par Jerry Ordway, toujours irréprochables.
Le détective Chimp et Deadman ont abouti le globe quantique de Huntress à Madame Xanadu pour qu'elle tente d'y lire l'avenir. Cependant, au QG de la JSA, Per Degaton affronte l'équipe sans réussir à neutraliser Huntress et Doctor Fate. Mme Xanadu, Deadman et Chimp arrivent ensuite mais Power Girl interrompt la réunion de crise...
Je ne crois pas me mouiller beaucoup en annonçant, après avoir lu ce quatrième épisode de Justice Society of America, et donc avoir atteint le premier tiers de l'histoire, que Geoff Johns ne fera pas mieux que ses deux précédents passages sur le titre. Et les raisons ne manquent pas pour être aussi affirmatif.
Cela ne signifie pourtant pas que le scénariste, qui fut autrefois le grand architecte du DCU, fasse du mauvais boulot. Mais ça ne suffit pas non plus pour dire qu'il aboutit à quelque chose de concluant. En fait, le souci qu'on a avec ce projet ressemble à celui qu'on avait en lisant Flashpoint Beyond : où situer cette mini-série ? Comment l'appréhender ? Et la critiquer, justement ?
En parlant du dernier épisode de Batman - Superman : World's Finest, j'expliquai en quoi, selon moi, ce que Mark Waid et Dan Mora faisaient résumait ce que propose Dawn of DC, le nouveau statu quo mis en place après l'event Dark Crisis (on Infinite Earths) : cette volonté de l'éditeur de donner aux fans des héros plus positifs et surtout à nouveau accessibles, sans se débarrasser de la continuité mais sans non plus écraser quiconque avec.
Tout cela est contredit par Justice Society of America, pur produit "Johnesque" où l'intrigue repose sur un vilain qui se déplace dans le temps pour éliminer la première équipe de super-héros du DCU. Les épisodes sont traversés d'éclairs de violence, d'images brutales, en rupture avec la tonalité plus lumineuse de beaucoup de titres actuels chez DC. C'est comme si Geoff Johns écrivait à contre-courant, mais sans qu'on sache si c'est pour se distinguer ou par provocation ou par passéisme.
En tout cas, l'impression qui s'en dégage est suffisamment curieuse pour qu'elle interroge sur la situation de cette mini-série qui semble hors-continuité, tel un "elseworld" ou une production DC Black Label, tout en voulant malgré tout s'inscrire dans le grand tout du DCU. Ainsi Johns a ajouté des éléments divers (nouveaux personnages, rétro-continuité, voyages temporels) comme autant de façons d'imprimer encore sa marque sur un ensemble dont il n'est plus le chef d'orchestre.
On peut donc légitimement douter que quiconque prenne en compte ce qu'il ajoute. Mais on peut aussi se poser la question, plus importante, de savoir à qui Johns s'adresse. Mon sentiment, c'est que son destinataire est le fan de Geoff Johns plus que le lecteur lambda, car si vous n'avez pas lu Flashpoint, Flashpoint Beyond, Doomsday Clock (et moi-même je n'ai pas lu tout cela), alors plusieurs points vous laisseront sur le bas-côté.
Dans ces conditions, ne serait-il pas plus avisé pour Johns de développer son propre pré carré, comme Sean Murphy avec ses titres estampillés White Knight, un bac à sable privé où il peut réécrire l'histoire, les personnages à sa guise, plutôt que d'enrichir une mythologie déjà bien peuplée et qui échappe au commun des lecteurs ?
Comme je l'écris plus haut, Justice Society of America #4 est sans doute le meilleur épisode depuis le début de cette mini-série. On a tout ce qu'on peut venir y chercher : des interactions dynamiques entre les personnages, de la baston, de nouvelles pistes narratives, un cliffhanger efficace... Mais c'est plutôt la façon dont Johns distribue ses cartes qui trouble. En effet, la seule scène d'action, opposant la JSA actuelle avec Per Degaton dans le QG des héros, ne dure que huit pages. Elles sont proprement animées par le dessin de Mikel Janin qui nous gratifie d'une double page et d'une pleine page et d'un découpage tonique. La manière dont Degaton neutralise la plupart de ses adversaires est maline et bien mis en valeur à l'image tout comme la réplique des deux seuls héros qui échappent à ses assauts.
On peut être frustré par la brièveté de ce combat qui aurait pu (dû ?) être plus long, plus spectaculaire, plus épique, car teasé depuis quasiment le début. Mais il faut s'en contenter et le brio visuel de Janin est satisfaisant malgré tout. Tout comme il l'est quand il illustre l'ouverture de l'épisode chez Mme Xanadu avec de fort beaux cadrages chantournés, ou plus tard avec cette courte scène entre Power Girl et Huntress sur fond de soleil couchant, ou encore avec la scène finale qui prépare à une rencontre accrocheuse...
Jerry Ordway doit se contenter de deux pages : une splash assez lugubre et sanglante et une autre dispensable, soulignant ce que tout le monde comprend tout seul. Mais Ordway est impeccable quelle que soit la place dont il dispose.
On a aussi le fin mot du plan de Degaton enfin révélé. Et à ce sujet, s'il faut encore huit épisodes pour savoir s'il l'accomplira ou comment la JSA (quelle que soit la formation, quelle que soit l'époque) l'en empêchera, ça risque d'être un peu longuet quand même. Johns agrémente ce programme déjà improbable de secrets concernant Dr. Mid-Nite (Elizabeth Chapel) et Wildcat II (Yolanda Montez) en relation avec les conséquences de Lazarus Planet (et là, j'avoue avoir été complétement paumé). Toujours cette impression d'une série le cul entre deux chaises, avec Johns qui, d'un côté, joue avec des noms que lui seul connaît (the Witch Girl) et des faits qu'il emprunte à un event récent. C'est... Compliqué.
Je doutais il y a deux mois d'aller au-delà de ce quatrième épisode, envisageant de rédiger une critique globale de la mini-série une fois qu'elle sera achevée. Mais finalement je vais persévérer en espérant que les prochains numéros sortiront à l'heure et en souhaitant que Johns me prouve que son histoire en vaille la peine. Croisons les doigts.
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