Et c'est parti pour le Volume 4 de The Magic Order, un mois après la fin du précédent. Mark Millar ne laisse plus ni ses héros ni le lecteur respirer et enchaîne les épisodes de sa saga, qui est par ailleurs sur le point d'être adaptée sur Netflix en live action. Cette fois, le scénariste écossais fait équipe avec le jeune prodige Dike Ruan pour ce qui s'annonce comme une guerre entre magiciens.
Plusieurs attaques éclair frappent des membres de l'Ordre Magique à travers le monde, parfois commises par d'anciens partenaires. A la tête de cette vendetta : Mme Albany, revenue d'entre les morts. La cause de cette guerre : la décision de Cordelia Moonstone de bannir son frère Regan après qu'il a utilisé la magie noire...
Si mes souvenirs sont bons, il me semble que Mark Millar a prévu cinq volumes pour complèter ce qu'il a raconter avec The Magic Order. Il est actuellement en train d'écrire le dernier acte et Netflix, à qui il a vendu les droits d'exploitation de ses creator-owned, en prépare l'adaptation en live action depuis plusieurs mois.
Ce qui explique sans doute que Millar ait accéléré la cadence puisque, après avoir sorti douze épisodes en 2022 (six dessinés par Stuart Immonen, six autres par Gigi Cavenago), il a seulement laissé passer un mois pour débuter la publication de six nouveaux, formant le pénultième volume de sa fresque magique.
Une fresque, le mot est choisi, car Millar a aussi déclaré que ces six nouveaux chapitres ressembleraient, avec le sens de la formule qui claque qui le caractérise, à l'équivalent du Parrain. Bigre !
Je vais tâcher de ne pas spoiler, comme j'en ai pris la résolution cette année, c'est-à-dire à ne pas dévoiler (du moins pas tout de suite, car je crains que le secret ne puisse être gardé longtemps) ce qui est arrivé à la fin du volume 3. Toutefois, comme je l'ai mentionné dans le résumé ci-dessus, impossible de ne pas vous informer du retour de la grande méchante du tome 1 : Mme Albany.
Comment est-elle revenue d'entre les morts ? Ceci en revanche, je ne vous le dirai (pas tout de suite...). Mais dans un monde où la magie, blanche et noire, existent dans des proportions élevées, au point qu'il y a un Ordre Magique (et des factions rivales), ce n'est pas extraordinaire. Et puis, rappelez-vous, dans le volume 1, Cordelia Moonstone utilisait un sort pour ressuciter nombre de ses alliés... Même si cela augurait de sombres lendemains pour elle et ses proches. Ce qui s'est vérifié depuis.
Ce qui est nécessaire d'intégrer, c'est que, à ce stade, on ne peut plus lire The Magic Order en ayant zappé ce qui s'est passé jusqu'à présent. Millar convoque trop d'éléments antérieurs pour qu'un lecteur curieux mais néophyte puisse se plonger dans cet épisode sans être bien instruit. Et plus encore : alors que les volumes 1 et 2 présentaient des histoires assez auto-contenues, depuis le volume 3 Millar développe des subplots qui se prolongent d'un arc au suivant.
Ainsi on retrouve ici Francis King (introduit dans le vol. 2), Mme Albany (vol. 1), Sammy Liu, (vol. 3). Et il faut s'attendre à revoir Salomé (vol. 3), Leonard (vol. 1 et 3), l'oncle Edgar (vol. 1, 2, 3)... Tout devient inextricablement lié. En ce sens, la comparaison, audacieuse, avec Le Parrain n'est pas un simple argument marketing : Millar a composé une sorte d'opéra où magie, justice et banditisme se côtoient intimement, avec un casting fourni, des connections entre les protagonistes très riches, un vaste éventail de situations.
Le scénariste semble pourtant parfois sur le point d'avoir les mains trop pleines, de garder des points en retrait pour continuer à avancer. Ainsi, quand on se rappelle où il a laissé l'oncle Edgar (dans le vol. 3), on peut s'étonner que Cordelia et l'Ordre Magique ne soient pas en train de s'occuper de lui dans les murs du château Moonstone au lieu de se faire piéger aux quatre coins du monde. Mais bon, admettons. De toute façon, le cas de l'oncle Edgar est une vraie bombe qui peut aussi bien sauter au visage de Cordelia que de ses ennemis, donc quand son moment sera venu, nul doute que cela fera un rebondissement explosif.
La mise en images a donc été confiée à Dike Ruan. Ce nom ne vous dira peut-être rien, mais c'est celui d'une future star. Révélé par la mini-série Bleed Them Dry (écrite par Tim Daniel et Eliot Rahal, en vo chez Vault Comics, en vf chez Hi ! Comics), il a été recruté par Marvel pour les dessins de Shang-Chi et alpagué par Millar pour The Magic Order sur lequel il travaille depuis déjà plusieurs mois.
Ruan a un style qu'on compare souvent à celui d'Olivier Coipel, ce qui rend la chose intéressante puisque ce dernier avait dessiné le vol. 1 de la série. Toutefois, ce n'est pas un pâle imitateur. Son trait est vif, ses découpages ont un dynamisme fou, et un peu comme Dan Mora, il y a chez lui un appétit manifeste, une force de travail. Ses pages donnent le sentiment de quelqu'un qui veut en découdre et s'imposer, il s'adapte naturellement à l'écriture de Millar en figurant ses visions les plus baroques et punchy.
La manière dont, par exemple, il montre les manifestations magiques qui éliminent les membres de l'Ordre Magique ont une densité graphique épatante, notamment en ce qui concerne l'assaut de la plateforme pétrolière avec cette mer démontée qui s'élève et la vague dans laquelle on voit un visage. La colorisation de Giovanna Niro souligne sans empiéter ces effets.
Difficile quand même de ne pas être emporté par cette tornade : Millar réussit toujours ses entrées, avec grandiloquence et impétuosité. Et comme toujours il trouve un camarade de jeu à la hauteur de son délire. Impossible en tout cas, pour qui a aimé les précédents volumes, de passer à côté de ce nouvel acte.
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