J'avais arrêté de suivre Nightwing en Septembre 2022 avec le n° 96, lassé. Mais demain sortira le n° 100 et je l'ai commandé, car ce n'est pas tous les jours qu'on tient un centième épisode d'une série régulière dans les mains. Afin de ne pas être largué, je me suis procuré les trois issues parues en Octobre, Novembre et Décembre 2022 et je m'en vais vous en livrer une critique.
Blockbuster a été tué par Heartless. Les barons de la pègre sous sa protection sont arrêtés, avec des flics corrompus et des politiciens véreux. Parmi eux : Salvatore Maroni qui accepte de témoigner pour bénéficier de la clémence de la justice. Il témoignera à Gotham et la commissaire Renee Montoya s'occupe de son transfert...
Bien entendu, Nightwing, avec Batgirl, supervise l'opération qui va tourner mal et les obliger à cacher Maroni pendant un week-end dans une planque de Batman dans la forêt. Jusqu'à ce qu'ils reçoivent la visite d'un étrange individu...
Tom Taylor écrit évidemment cette première partie de l'arc Power Vacuum (Pouvoir Vacant) tandis que Bruno Redondo le dessine, aidé par Geraldo Borges pour les pages 8 à 14, dans cet épisode sorti en Octobre 2022.
On enchaîne avec le n° 98, qui est une vraie curiosité, sans rapport avec l'intrigue en cours, prétexte pour Tom Taylor à s'amuser avec le dessinateur Daniele di Nicuolo, son compère de la série Seven Secrets, publiée chez Boom ! Studios (et achevé depuis).
Le visiteur qui a trouvé la planque de Nightwing et Batgirl n'est autre que NiteèMite, un lutin de la 5ème dimension, et qui est prêt à exaucer tous el désirs du héros. A commencer par ses noces avec Batgirl ? Mais ce n'est pas 'pas encore ?) le moment...
Bruno Redondo revient au dessin, toujours épaulé par Geraldo Borges sur les planches 14 à 17 et 20-21. Tom Taylor prépare le terrain pour le centième épisode.
Tony Zucco, le "père" de Melinda, la demi-soeur de Dick Grayson, vient de sortir de prison et veut reprendre les affaires de Blockbuster. Nightwing, mis au courant, le suit jusqu'à la cale où Zucco se fait remettre par le Quartier-Maître un bijou du Kahndaq.
Ceopendant Heartless, décidé à frapper un grand coup pour s'imposer comme le maître du grand banditisme de Blüdhaven, tue ceux qui refusent de le servir et recrute ceux qui acceptent de le soutenir...
Lorsque j'avais cessé de suivre Nightwing il y a cinq mois, c'est parce que je n'y trouvais plus mon compte. J'avais pourtant apprécié comment Tom Taylor avait repris la barre de la série, montrant une réelle affection pour le personnage et restaurant sa superbe après bien des errements narratifs (en gros depuis la fin du run de Tim Seeley au début de la période Rebirth).
Et puis, après ces débuts prometteurs, bien que très influencés par ce que firent Mark Waid et Chris Samnee sur Daredevil et Matt Fraction et David Aja sur Hawkeye, j'ai eu le sentiment que Taylor échouait à trouver un deuxième souffle, coupé en plein élan par des tie-in à Fear State (l'histoire développée par James Tynion IV dans Batman).
Cela coïncida avec les difficultés manifestes de Bruno Redondo à énchaîner les épisodes, tandis que Geraldo Borges, qui le remplaçait, peinait à me convaincre. Borges n'est pas maladroit, son trait évoque celui de Guiseppe Camuncoli, mais il n'a pas la grace de celui de Redondo.
Finalement, alors que je voulais aller au numéro 100 de la série, j'abandonnais au 96. Je le regrettai aussitôt mais je ne voulais plus rédiger de critiques au vitriol sur la série. Demain, 17 Janvier 2023, paraîtra donc ce fameux centième épisode et je n'ai pas résisté à le commander pour posséder cet exemplaire historique. Car il devient rare qu'une série atteigne ce cap à l'heure des relaunchs si fréquents ou des annulations expéditives.
DC Comics et Tom Taylor nous promettent un n° king-size de plus de 50 pages, avec plusieurs artistes et un nouveau statu quo à l'issue de cet épisode. Il faut dire qu'en parallèle Nightwing a pris du galon au sein du DCU puisque dans l'event Dark Crisis (on Infinite Earths), Dick Grayson s'est imposé comme le leader des héros en battant en duel Deathstroke. La Justice League, revenue d'entre les morts (à l'exception de Green Arrow -mais une mini-série en Avril reviendra sur son sort), s'est dissoute, fatiguée et en quête de sens. Nightwing et les Titans incarnent la relève et doivent assumer le rôle de l'équipe des champions de la Terre.
Les sollicitations pour Nightwing à partir du #101 ne font pas mystère du fait que Nightwing va être assisté par ses amis Titans à Blüdhaven, enterrinant de fait une situation mise en plance depuis un moment par Tom Taylor, qui a multiplié les apparitions en guest-stars des partenaires de Dick Grayson. Aura-t-on droit à terme à une série Titans ? Ou bien tout cela va-t-il se cantonner aux pages de la série Nightwing ? On verra.
Avant le centième épisode, Tom Taylor doit donc fournir trois épisodes et il s'appuie sur la fin du n° 96, où on assistait au meurtre de Blockbuster, en fuite après s'être fait corriger par Nightwing, par Heartless, cet énigmatique tueur qui retire leur coeur à ses victimes pour se les faire transplanter. Pour être tout à fait complet il aurait fallu que je revienne sur les événements relatés dans l'Annual 2022 de Nightwing par Tom Taylor et Eduardo Pansica dont la première partie dévoilait les origines de Heartless et où on apprenait l'origine de son affliction et de sa nature maléfique, qui en fait une sorte de double négatif de Dick Grayson. Mais ce n'est pas non plus préjudiciable à la compréhension.
Dans un premier temps donc; la mort de Blockbuster aboutit à une vague d'arrestations dans la police, le milieu politique et la mafia de Blüdhaven. Parmi les protégés de Roland Desmond, Salvatore Maroni pense être à l'abri sauf qu'il va être transféré à Gotham et que pour sa survie il doit témoigner devant un juge. Le transfert dégénère vite et Nightwing avec Batgirl le cachent durant un week-end dans un bunker de Batman.
Taylor écrit un récit rapide, rythmé, qui renoue avec le meilleur de son run. Il y a de l'action, de l'humour, des situations originales, on ne s'ennuie pas. La relation entre Dick et Barbara Gordon est parfaitement saisie, entre romantisme et suspense, avec une pointe de comédie. Bruno Redondo assure la majeure partie des dessins avec une classe folle et Geraldo Borges s'acquitte de huit planches avec efficacité.
Puis, de façon surprenante, Taylor change complètement de braquet dans l'épisode suivant. Comme si le transfert de Maroni ne l'intéressait soudainement plus, il s'embarque dans un numéro complètement fantaisiste où il nous présente le lutin Nite-Mite, l'équivalent (inédit) pour Nightwing de Bat-Mite pour Batman ou Mr. Mxyztplk pour Superman, créature miniature, surpuissante et facétieuse.
Si un jour DC commercialise une peluche ou une Funko de Nite-Mite, on saura d'où ça vient, et les parents l'offriront à leurs bambins comme leur nouveau doudou. Je ne vais pas jouer les rabat-joie cependant car c'est très marrant et Taylor réussit son coup, même si l'intrigue est un prétexte. L'embarras de Dick face au lutin produit des scènes très drôles sans sacrifier à l'action, avec une belle baston contre des démons envoyés par Néron pour enlever la fille de Roland Desmond.
Pour le scénariste, c'est l'occasion de renouer avec l'artiste Daniele di Nicuolo avec lequel il a co-créé et réalisé la série Seven Secrets (chez Boom ! Studios en vo, Delcourt en vf). Celui-ci a un trait très vif, aux influences manga très nettes, et cela convient merveilleusement au projet délirant. Si parfois, certaines expressions m'ont gêné (mais bon, je ne suis pas fan de manga...), l'ensemble demeure très agréable.
Enfin, le #99 sent un peu l'épisode imaginé pour gagner du temps puisqu'il faut encore un numéro avant le 100. Le "père" de Melinda Zucco resurgit avec le projet d'occuper le trône laissé vacant (le power vacuum du titre de l'arc) par Blockbuster. Nightwing va l'en empêcher fissa et Melinda couper définitivement les ponts avec cet encombrant paternel (qui n'est pas son père biologique, puisqu'elle est la fille de John Grayson, le père de Dick).
Puisque, donc, le scénario ne casse pas des briques, on se rattrape sur les dessins. Geraldo Borges vient encore au secours de Bruno Redondo en signant cette fois six planches. Le résultat n'est pas vilain et on finit par trouver bien du mérite à Borges, dans son rôle de pompier de service, sans doute content de travailler sur un titre populaire, mais certainement aussi frustré de n'avoir que ssi peu d'espace pour prouver sa valeur.
Redondo va de toute façon faire un break après le n°100 (il dessine des commissions art pour payer les factures), mais il y a quelque chose de désolant à voir un si bon artiste incapable de signer un épisode entier (et ne parlons même pas d'un arc entier), même avec l'aide d'un encreur désormais. Parce que quand il est aux commandes, son trait précis et ses compositions magistrales sont un régal. Les fans continueront à être gâtés puisque c'est Travis Moore qui devient l'artiste de la série pour l'arc suivant le #100.
Au fond, ces trois épisodes résument parfaitement tout ce qu'on peut aimer et aussi moins apprécier sur Nightwing. Tom Taylor est un scénariste plus habile et malin que vraiment inspiré (ou alors inspiré dans le sens où il s'inspire beaucoup de ce que d'autres ont fait ailleurs), et malgré sa sincère affection pour son héros, il ne semble jamais en mesure de faire plus qu'une série sympa. Graphiquement, Nightwing est une belle production, jamais gâché par ceux qui la dessinent, mais les difficultés de Redondo à enchaîner les épisodes frustre le fan.
Je ne sais pas si je replongerai après le n° 100 mais j'espère que la fête sera réussie pour ce cap qu'il faut saluer. Quant à Nightwing, il est de toute façon amené à occuper le devant de la scène pour la nouvelle ère qui s'ouvre, Dawn of DC.
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