vendredi 27 janvier 2023

ACTION COMICS #1051, de Philip Kennedy Johnson et Rafa Sandoval, Dan Jurgens et Lee Weeks, Leah Williams et Marguerite Sauvage


On dirait bien que Dawn of DC, le nouveau statu quo mis en place après l'event Dark Crisis (on Inifnite Earths), va d'abord profiter à Superman. Avant le relaunch de la série qui porte son nom (par Joshua Williamson et Jamal Campbell), Philip Kennedy Johnson, qui s'occupe déjà de la série depuis un moment, inagure avec ce n° 1051 une nouvelle formule. Et le résultat est enthousiasmant.


- ACTION COMICS (Ecrit par Philip Kennedy Johnson et dessiné par Rafa Sandoval). - Superman a rassemblé toute sa famille à Metropolis en pensant au futur de la ville. Un mouvement de protestation anti-alien, Blue Earth, fait pourtant part de son mécontentement à ce propos.


Et pour ne rien arranger, Lex Luthor, depuis sa cellule de prison, fait chanter Metallo pour qu'il commette un attentat contre le siège de SteelWorks...

Depuis Mars 2021 et le n° 1029, Philip Kennedy Johnson écrit Action Comics et le scénariste a tout de suite marqué les esprits en s'engageant dans une très longue saga dans l'espace confrontant Superman à Mongul sur le Warworld, et l'intégration à son récit de ce que Grant Morrison avait écrit dans sa mini Superman and the Authority.

Le mois dernier, alors que s'achevait 2022, Action Comics #1050 établissait un nouveau statu quo en restaurant l'identité secrète de Superman (révélée lors du run de Brian Michael Bendis - on voit que DC fait vraiment tout pour effacer ce que ce dernier a pu apporter...). Pour ceux qui n'ont pas suivi : Lex Luthor a kidnappé le magicien Manchester Black (qui avait aidé Superman sur le Warworld) pour effacer le souvenir de l'identité civile de Superman des esprits, mais pour ceux qui voudraient quand même tenter de percer ce secret, le sortilège peut les tuer. En l'apprenant, Superman affronte une énième fois Luthor et l'envoie derrière les barreaux, même si son adversaire lui a expliqué avoir fait ça pour lui rendre service.

Avant de se faire arrêter, Luthor avait offert une nouveau corps à John Corben alias Metallo en échange de ses services futurs. Superman, lui, réunit toute sa Super-famille à Metropolis pour des initiatives plus pro-actives et faire de la cité la vraie ville de demain (the city of tomorrow pour the man of tomorrow donc). Il est désormais entouré de Jon, son fils, Kon-El, Kenan Kong (le Superman chinois), Kara Zor-El (Supergirl), Natasha Irons et son père John (Steel), mais également deux orphelins adoptés sur le Warworld, Osul-Ra et Otho-Ra. Et bien sûr Lois Lane, son épouse.

L'arc qui s'ouvre s'appuie sur les dessins de Rafa Sandoval, et les couleurs de Matt Herms, ce qui explique qu'ils aient tous deux quitté si vite la mini-série Black Adam de Christopher Priest. Le résultat est superbe, confirmant les progrès de Sandoval, en qui DC place sa confiance car dessiner Superman est une vraie promotion. L'artiste régale le lecteur avec un découpage dynamique, une gestion parfaite d'un casting étoffé, et une aisance aussi bien dans les scènes calmes que mouvementées.

Kennedy Johnson accroche le lecteur avec une entame nerveuse et dense où le danger vient de toutes parts (le mouvement Blue Earth, Luthor, Metallo). C'est très engageant et le fait de mettre en scène toute la super-famille est une idée enthousiasmante, qui transforme la série en un team-book qui ne dit pas son nom. Je n'avais pas lu la saga du Warworld (seulement des résumés et critiques, applaudissant l'ambition sans cacher son inégalité). Mais là j'ai envie de voir ce que ça donne dans cette configuration.


- LOIS & CLARK 2 (Ecrit par Dan Jurgens et dessiné par Lee Weeks). - Dans le passé, après le combat de Superman contre Doombreaker, Lois et Clark repartent d'installer dans la ferme des Kent avec leur fils Jon.


Alors que Batman avertit Superman qu'un éclat de Doombreaker a disparu, il s'avère que c'est Jon qui l'a récupéré pour protéger son père...

D'une certaine manière, il s'agit là encore d'un pied-de-nez adressé au travail de Bendis dont une des décisions narratives les plus controversées a été de vieillir Jon Kent, que tant de lecteurs adoraient comme super-son, partenaire de Robin/Damian Wayne dans la série du même nom et le run de Peter J. Tomasi sur Superman.

Dan Jurgens, qui sait qu'il ne peut revenir sur cet état de fait, désormais exploité par d'autres auteurs (Tom Taylor le premier), situe donc la suite de sa mini-série Lois & Clark dans le passé. Il renoue avec Lee Weeks, qui signait déjà les dessins, et  rien que pour ça, on est heureux de lire ce qui suit.

Pour le trentième anniversaire de La Mort de Superman, DC a publié un one-shot dans lequel il confrontait le man of steel au successeur de Doomsday, le Doombreaker. Je n'ai pas lu ce one-shot, mais j'ai quand même compris cet épisode qui y fait référence à travers un éclat perdu par le monstre et dont Batman craint qu'il tombe entre de mauvaises mains - ignorant que c'est Jon qui l'a récupéré en toute discrétion pour protéger son père.

Toutefois, Jurgens et Weeks introduisent un nouvel élément pour nourrir leur intrigue. Visuellement, soutenues par les couleurs splendides d'Elizabeth Breitweiser, les planches de Weeks sont un enchantement et rappellent que cet artiste n'a pas le crédit qu'il mérite (même si désormais il se consacre aussi à l'enseignement de la narration graphique à la Joe Kubert School).

Quant à Jurgens, s'il est un dessinateur que je n'apprécie pas beaucoup, c'est un auteur bien meilleur et qui dispose d'une marge de liberté avec ce type de récit.
 

- POWER GIRL REBORN (Ecrit par Leah Williams et dessiné par Marguerite Sauvage). - Suite aux événements de Lazarus Planet, Power Girl et Omen sont psychiquement liées et décident de travailler ensemble pour aider des héros.


Leur premier patient est Beast Boy que son combat contre Deathstroke a traumatisé... 

Action Comics #1051 permet aussi à Power Girl de revenir sous le feu des projecteurs - et c'est heureux puisqu'elle ne fait visiblement pas partie de l'histoire imaginée par Geoff Johns pour sa nouvelle version de Justice Society of America. La plantureuse blonde a souvent été considérée comme la cinquième roue du carosse kryptonien et c'est dommage.

Leah Williams, dont j'ai adoré X-Terminators (qui s'est achevé cette semaine), est aux commandes de cette histoire annoncée en trois parties (visiblement Action Comics va alterner les back-up stories). Il y est question de Lazarus Planet, l'event en cours piloté par Mark Waid et Gene Luen Yang, mais là encore, pas besoin de suivre ça pour comprendre ce qui se passe ici. Il suffit juste de savoir, comme on nous l'explique, que Power Girl, affectée par la magie déployée, et Omen, une membre des Titans, ont noué un lien psychique inattendu qui leur inspire une collaboration.

Ensemble, elles deviennent donc des espèces de thérapeutes pour super-héros traumatisés, ce qui rappelle l'idée initiale (mais hélas ! mal exploitée par Tom King) de Heroes in Crisis. Omen trouve le problème, envoie Power Girl dans le plan astral pour le résoudre. C'est ingénieux, et très bien écrit, avec un premier cas touchant.

Marguerite Sauvage met cela en image avec son style exubérant et si beau. Pour l'occasion, elle a redesigné les costumes de Power Girl (très élégamment, même si je regrette la cape et le body-suit)) et Omen (super classe). C'est toujours un plaisir de lire les planches de Marguerite Sauvage, ça ne ressemble qu'à elle, et elle embellit tout ce qu'ele illustre.

Ce n° est king-size (une cinquantaine de pages), ce qui signifie que la pagination sera réduite ensuite. Mais le sommaire avec une série principale et deux back-ups, embrassant toute la super-famille, avec des équipes créatives d'excellent niveau, rend la proposition très attractive.

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