Toujours aux quatre vents, les Fantastic Four vivent leurs aventures chacun de leur côté. Après Ben Grimm (et sa femme Alicia) puis Reed et Sue Richards, c'est donc à Johnny Storm, la Torche Humaine, que s'intéresse ce mois-ci Ryan North. Le scénariste se montre toujours aussi inventif et inspiré, tout comme Iban Coello au dessin. Cette reprise a décidément tout bon.
Une nouvelle fois, le résumé sera concis afin d'éviter les spoilers, même si en l'occurrence la série telle que Ryan North l'écrit déconstruit les règles du jeu. Les FF sont séparés, seul Johnny Storm est resté à New York où il a trouvé du travail incognito pour un patron qui piétine les droits de ses employés.
Ryan North délaisse à cette occasion le format paranormal des deux précédents numéros pour inscrire son récit dans un registre plus terre-à-terre, avec un léger accent mis sur le social. Mais aussi en adressant un clin d'oeil à un des premiers épisodes du run de John Byrne.
Preuve que North a bien révisé ses classiques : il n'a pas choisi un numéro connu, au détour d'une scène il nous renvoie au #233 dans une aventure en solo de la Torche qui tentait d'innocenter un vieil ami condamné à la peine de mort - sans y parvenir.
C'est donc ainsi que Iban Coello se trouve à redessiner, en changeant quelques angles de vue, un moment autrefois créé par Byrne lorsque Johnny Storm tente d'intimider Merrill, ce patron tyrannique qui menace de virer le premier employé remettant en cause son autorité. Or, Merrill n'est autre que Morris Vance, un personnage traqué par la Torche dans Fantastic Four #233, à qui il arracha des infos en menaçant de le brûler.
Si le temps dans les comics est aléatoire, et qu'une scène publiée en Août 1981 peut très bien s'être déroulée il y a quelques mois maximum dans l'univers Marvel, les connaisseurs des FF et du run de Byrne apprécieront la culture de Ryan North, qui ne débarque donc pas sur ce titre mythique en dilettante.
Le scénariste doit caractériser Johnny Storm en tenant compte de ce qui a été fait, établi avant lui, tout en situant le benjamin des Fantastiques par rapport à ce qu'ils traversent actuellement (le groupe est séparé). Alors que Ben Grimm et Alicia d'un côté, Reed et Sue de l'autre, ont quitté New York, Johnny est resté à New York où pourtant ni lui si son alias ne sont plus en odeur de sainteté. D'où la ruse de changer d'apparence et de nom, et pour subsister, de trouver un boulot.
A partir de là, North élabore une intrigue de poche dont il a le secret pour un épisode auto-contenu. Loin d'être répétitif, le procédé est toujours efficace, et la personnalité insouciante de Johnny réserve quelques moments drôles et surprenants. Comme, justement, quand il reconnaît Morris Vance/Merrill et constate que celui-ci n'a pas/plus peur de lui.
Le scénariste glisse un commentaire social subtil et en même temps positif quand Johnny trouve une idée pour piéger Merrill plus adroitement qu'en l'affrontant directement. Auparavant, North, par le biais de la voix-off (dont il se sert avec toujours beaucoup d'habilité), montre la Torche testant des théories de Reed pour maîtriser une tornade où empêcher une chaudière d'exploser.
Iban Coello habille ça avec beaucoup d'energie, n'hésitant pas à forcer l'expressivité des personnages pour souligner leur maladresse, leur embarras ou leur férocité. La complicité de Coello avec le script de North est un régal et s'éloigne avec bonheur d'un réalisme figé qui n'a jamais bien convenu aux Fantastic Four.
La manière dont l'artiste représente la Torche emprunte à Alex Ross (qui signe une superbe couverture) et le fait ressembler à une vraie créature de feu plus qu'à une forme humaine hérissée de flammes. Les couleurs de Jesus Arbutov complètent merveilleusement cet effet et on resssent presque la chaleur et l'intensité du personnage en action. Coello, par ailleurs, ne rechigne pas à dessiner des décors précis, ce qui est appréciable compte tenu du fait que l'action est souvent circonscrite à quelques endroits.
J'aime énormément ce que North et Coello font de Fantastic Four. Et je suis impatient de lire la suite qui verra l'équipe réunie, avec le cliffhanger très curieux à la fin de cet épisode - et qui promet de nous révéler ce qui s'est vraiment produit pour obliger le quatuor à se séparer et déserter New York.
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