Parce que j'étais un peu trop le nez dans le guidon (de X of Swords et Rorschach) la semaine dernière, j'avais oublié de critiquer ce troisième épisode de Juggernaut. J'y remèdie donc tout en restant honnête sur la qualité de cette mini-série, tout à fait dispensable mais efficace. Fabian Nicieza et Ron Garney ne forcent pas leurs talents mais ont à coeur de raconter une histoire solide avec ce personnage.
Cain Marko est l'accusé d'une affaire qui le renvoie à un ancien combat contre Spider-Man. A cette occasion, il avait provoqué d'importants dégats matériels à Manhattan, dévastant notamment un chantier de construction et ruinant ainsi un promoteur immobilier.
Quelques mois plus tôt, Cain Marko voyage en Corée du Nord. Epuisé par une longue marche sur un chemin montagneux, il retrouve nénamoins espoir et force quand il aperçoit la forge de Cyttorak. A l'intérieur du bâtiment, il rencontre le forgeron mais celui-ci compte garder l'armure pour lui.
De retour à New York, le procès de Cain est interrompu brutalement par l'intervention de Sable Mouvant qui vient réclamer qu'on lui livre D-Cel, la jeune fille qui accompagne le Fléau. Ces derniers et les employés de Damage Control affrontent la créature sans succès.
Le forgeron et Cain se battent et en tentant de le tuer avec son marteau, le premier cause la chute des bandes de Cyttorak composant l'armure en fusion sur le second. Cain récupère le pouvoir du Fléau et recouvre son aspect colossal.
Après avoir lutté de manière désordonnée contre Sable Mouvant, Damage Control, D-Cel et le Fléau coordonnent leurs actions et en viennent à bout. En analysant les particules de sable, les scientifiques déterminent que leur adversaire était manipulé mentalement...
Dans une interview accordée pour accompagner la parution de cette mini-série, Fabian Niciez a parfaitement cerné la difficulté de son entreprise et a reconnu, humble et quelque peu fataliste, qu'elle risquait très bien d'être annulé par un prochain scénariste.
De quoi parlait-il ? Du fait que le Fléau est un vilain pour la majorité des auteurs et des lecteurs, même si, par le passé, il lui est arrivé d'être aux côtés de héros, comme les X-Men. Cet état de fait a abouti à en faire un personnage unidimensionnel, qui se résume à sa devise, "rien ne peut stopper le Fléau". Pourtant, comme le souligne Nicieza, Cain Marko vaut mieux que ça et en le traitant avec plus de subtilité, tout le monde y gagnerait.
L'ambition de Nicieza n'est donc pas si modeste puisqu'il veut rétablir le Fléau dans une zone grise qui permettrait de l'apprécier aussi bien comme une menace que comme un individu addict à son pouvoir. En trois épisodes, le programme est respecté puisqu'on a pu constater que Cain Marko avait sacrifié ce qui faisait de lui un surhomme pour échapper aux limbes où Magik l'avait banni, qu'il avait trouvé un emploi dans un entreprise spécialisée dans la gestion des conséquences des combats super-héroïques, et qu'il tentait de se racheter une bonne conduite auprès d'une jeune fille, D-Cel, qu'il avait failli tuer accidentellement.
Mais son passé l'a rattrapé et le voici renvoyé devant un tribunal pour une vieille affaire. Nicieza fait allusion à un fameux épisode de Amazing Spider-Man au terme duquel le Fléau avait fini prisonnier d'une gangue de ciment frais, après avoir dévasté un chantier. Cela avait provoqué la ruine de celui qui le poursuit aujourd'hui en justice. Bien entendu, le procès tourne court par la faute d'une intervention extérieure, sans rapport avec ce qui occupe le tribunal.
Nicieza sort de son chapeau une vilaine de second plan, Sable Mouvant, certainement parce qu'il n'a pas eu le droit d'utiliser l'Homme-Sable, dont elle est inspirée. C'est dommage mais le scénariste exploite avec habileté le fait que le Fléau ne peut pas directement terrasser cette créature. De même le mobile de Sable Mouvant décale l'intérêt en direction de D-Cel et la révélation finale sur l'identité de son commanditaire est maline puisqu'on ne s'attendait pas à trouver ce méchant sur la route du Fléau.
En revanche, les flash-backs qui ponctuent l'épisode et reviennent sur les circonstances dans lesquelles Cain Marko a récupéré ses pouvoirs sont plus paresseux et convenus. On peut légitimement considérer que Nicieza aurait pu raconter cela plus rapidement.
Depuis trois épisodes, Ron Garney a paru ronger son frein car pour ce dessinateur qui excelle dans l'action, l'histoire en manquait singulièrement. Même le duel contre Hulk dans le précédent numéro a manqué de place et d'intensité.
Cette fois, il dispose de plus de lattitude pour se défouler et il est clair qu'il livre une prestation plus convaincante. Certes, ça ne restera pas comme le travail le plus recommandé de Garney qui a visiblement travaillé vite, sans peaufiner ses planches. Mais quand il représente Sable Mouvant ou le Fléau, ça ne manque pas de puissance. Et la colorisation de Matt Milla sert parfaitement le trait énergique, rustre même, de Garney.
Même si cette mini-série est clairement bridée, empêchant son scénariste de lâcher les chevaux et son dessinateur d'être plus investi, c'est tout de même une lecture efficace, sans fioritures.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire