dimanche 8 novembre 2020

GUARDIANS OF THE GALAXY #8, de Al Ewing et Marcio Takara


Suite et fin de cet arc de Guardians of the Galaxy : Al Ewing boucle une intrigue qui a échoué à captiver et joue la carte de l'exercice de style. Tout ça manque cruellement de sel et de relief, surtout après les débuts tonitruants de la reprise du titre. Marcio Takara supplée toujours Juann Cabal en faisant de son mieux, mais sans produire de miracles. C'est clair : la série s'essouffle.


C'est donc à Rocket Raccoon que Nova a confié l'enquête concernant l'accusation pour les meurtres de deux diplomates contre Marvel Boy. La mission est mal engagée car Rocket est alcoolisé et l'affaire va s'avérer compliquée à démêler.


Après avoir établi que l'arme qui a tué Val-Lor, le Kree, était saboté, Rocket doit encore innocenter Marvel Boy pour l'assassinat de l'empereur Stote. Il ordonne que la salle de réunion des diplomates soit fermée et que Moondragon sonde télépathiquement toute l'assistance.


Moondragon blanchit tout le monde. Sauf Peacebringer le chitauri, qui porte sur lui une bombe biologique. Phyla-Vell, Hercule, Marvel Boy, Kl'rt se jettent sur lui pour tenter de la désamorcer ou de contenir l'explosion. Mais Rocket passe déjà l'étape suivante en se tournant vers Lani Ko Allo des Baddon.


Sachant que les Badoon ne se déplaceraient jamais pour ce genre de réunions, Rocket démasque l'impostrice : il s'agit de la Profiteuse, la plus grande marchande d'armes de la galaxie, qui compte sur le suicide du chitauri pour provoquer une guerre et donc vendre son arsenal.


Mais Zoralis déjoue son plan : un ennemi inconnu est actuellement en train de décimer plusieurs planètes, ce qui va ruiner la Profiteuse. Elle se téléporte avec le chitauri. Les autres diplomates demandent alors à Valoris le nom de nouvel ennemi...

Rocket Raccoon dans le rôle de Columbo, un whodunnit, et un cliffhanger annonçant le futur event de Marvel : voilà le programme de cet épisode de Guardians of the Galaxy. Je vais spoiler la fin en vous révélant que celui qui est en train de ravager l'univers est Knull, soit le grand méchant de King in Black, la future saga écrite par Donny Cates, en relation avec Venom (dont Cates écrit la série).

Si, comme moi, vous ne lisez pas Venom, le nom de Knull ne va pas vous bouleverser. Pourtant, on va en bouffer du Knull puisque Cates a convaincu Marvel que la menace qu'il représente impacterait la totalité des titres de l'éditeur, jusqu'à Daredevil !

Pour ma part, je suis bien résolu à zapper ce nouvel event mais je ne pourrais pas malgré tout complètement y échapper puisque des séries que je compte lire seront impliquées (à commencer par S.W.O.R.D.). J'ai cru comprendre qu'en ce qui concerne la franchise X-Men, cela resterait périphérique, avec des épisodes dédiés mais détachés de la continuité actuelle (ouf !).

Al Ewing a, lui, décidé de composer avec, sans problème. Dans sa future production S.WO.R.D. donc, mais aussi dans Guardians of the Galaxy. Et ce huitième épisode fait un peu office de mise en bouche. Mais pas que. Car, Ewing a fait quelques déclarations sur ses ambitions pour la série.

Le scénariste a en effet avancé qu'il comptait s'appuyer sur ce titre pour développer une intrigue digne de Games of Throne, et donc investir tout le pan cosmique de Marvel. Ce n'est pas illégitime, puisque les héros évoluent dans le cosmos. Mais quand je pense qu'on trouvait que Mark Millar en faisait trop à chaque fois qu'il "teasait" un nouveau projet à coup de slogans ronflants, je me dis que Ewing (et d'autres de ses confrères actuels) n'ont rien à lui envier.

C'est d'autant plus malheureux que Ewing ne se montre pas à son avantage depuis quelques numéros. S'il a réussi sa reprise de Guardians of the Galaxy, en osant quelques manoeuvres culottées (éliminer Peter Quill/Star-Lord), il semble s'essouffler sérieusement depuis, en jonglant avec un casting qu'il peine à animer équitablement (Phyla-Vell est aussi inexistante qu'au temps de Cates, la romance Marvel Boy-Hercule est artificielle, Nova n'a pas l'étoffe d'un leader, Moondragon a changé sans que cela soit vraiment creusé). 

En ce qui concerne l'histoire entamée le mois dernier et bouclée dans ce numéro, elle ne m'inspire rien. Pour captiver le lecteur avec un whodunnit, il faut un enquêteur original, pas d'une blague comme celle qui consiste à employer Rocketdans le rôle, et il faut que le coupable injustement accusé soit réellement en danger, or on sait très bien que Marvel Boy ne risquait rien dans cette affaire. Et pire : l'identité du vrai coupable laisse indifférent, noyée dans une succession de coups de théâtre qui déplace totalement le coeur de l'intrigue (la mascarade de la Profiteuse - personnage qui semble apprécié de Ewing alors que je ne lui trouve aucun attrait - , la révélation concernant Knull, le rôle grotesque joué par le chitauri).

Visuellement aussi, la série souffre. Son artiste attitré est aux abonnés absents trop souvent (même s'il revient le mois prochain). Marcio Takara le remplace avec beaucoup de professionnalisme et de régularité, mais c'est un dessinateur qui a le charme et les limites d'un fill-in, c'est-à-dire ne dispose pas d'un talent en mesure d'égaler celui qu'il suppléé. 

De manière générale, le problème de fill-in artists chez Marvel est qu'ils sont souvent, voire toujours, beaucoup plus faibles que les titulaires. L'éditeur en possède dix à la douzaine des Paco Medina, Mike Hawthorne, Lalit Kumar Sharma, Sean Izaakse. Takara est de niveau-là. Il tient les délais, mais ne marque pas les mémoires au point de se voir confier une série régulière. Et ce n'est pas vraiment mieux chez DC (même si quelquefois on peut avoir deux artistes ou plus sur une même série avec un excellent niveau). Marvel privilégie la mise en avant de dessinateurs talentueux mais incapables d'assurer mensuellement. Du coup, on entame la lecture de séries avec des étoiles dans les yeux pour se retrouver au bout de quelque temps avec des seconds couteaux aimables mais insuffisants.

Je ne sais pas ce que je vais faire avec ces Guardians of the Galaxy, surtout quand le mois prochain Ewing va faire équipe avec Valerio Schiti (un vrai top talent, et régulier lui) sur S.W.O.R.D., qui investit aussi l'espace pour ses histoires).

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