vendredi 3 juillet 2020

HAWKEYE : FREEFALL #6, de Matthew Rosenberg et Otto Schmidt


Cette fois, c'est la bonne : ce sixième épisode est la conclusion de la mini-série Hawkeye : Freefall. Un dénouement curieux puisque l'histoire de Matthew Rosenberg achève sa carrière directement en publication numérique et sur une note très plombante. Même Otto Schmidt ne peut rien faire pour atténuer ce sentiment de gâchis.


Clint Barton trouve Bryce, le hacker de the Hood, criblé de flèches par Bullseye. Lequel a usurpé son identité de Ronin et, surpris par Captain America, l'a gravement blessé; Clint conduit Bryce chez Linda Carter, mais elle échoue à la sauver.


La situation est catastrophique pour Hawkeye : ses amis super-héros le cherchent car il le croit coupable d'avoir blessé Captain America, the Hood triomphe, sa petite amie l'a largué. Il décide de règler ses comptes en abandonnant les bonnes manières...


Lorsque Hawkeye : Freefall a débuté, c'était une bouffée d'air frais : Matthew Rosenberg choisissait de traiter son histoire de manière ouvertement humoristique en opposant Clint Barton à Parker Robbins. Les quiproquos s'enchaînaient, on rigolait volontiers, et les dessins d'Otto Schmidt participaient à cette bonne humeur.


Puis, insensiblement, alors que la série voyait sa parution perturbée par la crise sanitaire, le ton devint plus grave, amère, et c'est comme si Rosenberg sabordait tout ce qu'il avait brillamment mis en place. Toute chose qui se confirme dans cet ultime chapitre.

Depuis le run de Matt Fraction et David Aja, qui a révolutionné le personnage de Hawkeye en en faisant un sympathique loser mais doté d'une détemination implacable, deux tendances s'affrontent : des fans regrettent la version antérieure de l'archer, son costume initial, la différence entre son incarnation au cinéma et dans les comics ; et les autres (comme moi) se réjouissent de cette évolution qui situent Clint Barton comme un street-level hero, une sorte d'outsider au sein des Avengers (même s'il ne fait plus partie de l'équipe principal et que son destin a été davantage associé à celui de son émule, Kate Bishop).

Mais ce qu'inflige Rosenberg au héros est autrement plus rude et on peut s'interroger sur ce que les prochains scénaristes qui utiliseront Hawkeye en conserveront. La chute de cette mini-série semble dire que Barton à renoncé à ses principes (il défenestre carrément Parker Robbins après l'avoir privé de ses pouvoirs, les autres héros le croient responsable d'avoir blessé Captain America, Bryce - le hacker qu'il avait débauché de la bande de the Hood - est mort, et son couple avec l'Infirmière de Nuit est brisé). L'addition est salée. Trop sans doute. D'autant que, comme le rappelle l'épisode, ces dernières années, après le run de Fraction, Hawkeye s'est aussi "distingué" en tuant Bruce Banner (dans Civil War II - mais Banner et donc Hulk sont revenus). Le personnage est tout de même sacrément abîmé.

Je n'ai guère goûté à cette fin, qui me paraît trop accablante, et dont le ton tranche trop avec celui du début. Je ne comprends pas la démarche de Rosenberg - et plus généralement de ces scénaristes (spécialement chez Marvel) qui, aujourd'hui, ne semblent rien avoir à faire de mieux qu'à s'emparer d'un héros pour le démolir moralement et physiquement sans lui offrir de salut. Est-ce que les auteurs aiment vraiment les super-héros ?

Quant à Otto Schmidt, il me semble qu'il est exploité ici à contre-emploi. Certes, s'il a accepté de dessiner cette histoire, on ne peut accabler personne. Mais son style est plus efficace dans une tonalité plus légère. La dernière partie de l'épisode avec un Hawkeye qui en prend plein la tronche, au point d'être quasiment défiguré, maculé de sang, est même pénible, le trait brouillon, la colorisation dérangeante. On doit avoir mal pour e personnage, de ce point de vue c'est réussi. Mais c'est tout de même douloureux de voir Clint dans cet état.

Ce qui semble certain, c'est qu'avec Hawkeye : Freefall, Marvel a atteint une sorte de limite avec le personnage. Soit l'éditeur va continuer sur cette lancée et complètement massacrer Clint Barton (en le renvoyant à sa situation de vilain - comme à ses tout débuts). Soit on oublie cette aventure et Clint hérite d'un auteur plus aimable avec lui. 

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