Le fait que la crise sanitaire ait altéré la publication de Empyre en la rendant finalement hebdomadaire est un atout : en effet, la tension de l'histoire n'a pas le temps de retomber d'un épisode à l'autre, on garde le souvenir du précédent chapitre bien en tête. Cela, le scénario de Dan Slott et Al Ewing et les dessins de Valerio Schiti semblent presque l'avoir anticipé puisque, et c'est un bon signe, lorsqu'on arrive à la dernière page, on est surpris que cela arrive si vite et surtout on attend la suite avec impatience.
Quoi retient prisonniers Captain America, Thor et Iron Man à qui il explique comment avec son père, Swordsman, il a élaboré patiemment sa vengeance contre les Skrulls et les Kree dont il vient de décimer la flotte.
Mais ses manoeuvres ne sont pas passées inapercues et ont même attiré l'attention d'enquêteurs terriens quand il a dû éliminer deux espions Kree et Skrulls sur notre planète. Refusant de soutenir la vendetta Cotati, Thor libère ses amis mais Quoi s'échappe par un portail végétal.
Swordsman l'imite et laisse les Avengers sidérés par la trahison des Cotati. Black Panther intercepte des appels au secours en provenance de la Terre, indiquant que Quoi est en train de l'attaquer. Thor se téléporte avec Iron Man et Captain America sur place.
Seule Captain Marvel reste dans l'espace, à la recherche de survivants dans la flotte Kree-Skrull. Hulkling sauve la Chose avec son Epée de l'Espace, ce qui donne l'idée à Mr. Fantastic l'idée de l'utiliser et de l'amplifier pour stopper l'expansion végétale Cotati.
Captain Marvel offre son aide pour ce projet, au péril de sa vie...
Après un premier numéro très intense et rythmé, ce deuxième épisode démarre par une phase explicative qui peut sembler laborieuse mais qui s'avère nécessaire pour qui n'a pas lu (comme moi) Incoming, un one-shot paru en 2019 et qui annonçait Empyre. Ce récit prenait la forme d'une enquête menée par plusieurs héros après les assassinats mystérieux de deux espions, un Kree et un Skrull, tués de manière étrange.
On comprend maintenant que c'était l'oeuvre de Quoi qui, depuis longtemps, préparait sa vengeance contre les deux races extra-terrestres mais dont les manoeuvres n'étaient pas passées inapercues et qui s'assurait ainsi que les terriens n'en soient pas informés.
Ce background, ajouté aux références à la guerre Kree-Skrull et à la Madonne Céleste, deux sagas assez anciennes citées dans Empyre : Avengers #0, prouve une fois encore, si besoin était, que Al Ewing a bâti sa saga sur ses fondations solides. On appréciera ce rappel des faits pour les moins connaisseurs, sans quoi les motivations de Quoi sembleraient nébuleuses.
Face aux actions passées et actuelles de Quoi, la trinité des Avengers (Iron Man, Captain America, Thor) refusent plus longtemps de le soutenir. On entre alors dans la seconde partie de l'épisode qui renoue avec l'action à grand spectacle.
Plutôt que d'entretenir le conflit de l'alliance Kree-Skrull avec les Avengers et les Fantastic Four, Ewing et Slott doivent justifier une colaition contre des Cotati qui sont passés du stade de victimes à celui de méchants de l'intrigue. Et les deux scénaristes emploient intelligemment Captain Marvel pour réaliser cela.
En effet, Carol Danvers, malgré les efforts éditoriaux de Marvel, est devenue, auprès des fans, un personnage détesté des fans, qui lui reprochent son caractère autoritariste et belliqueux (auquel j'ajouterai que sa retcon récente qui en a fait une femme mi-humaine, mi-Kree). Autant au cinéma, sin incarnation par Brie Larson a été un succès, autant depuis le run de Kelly Sue de Connick (qui a coïncidé avec le passage de Carol de Ms. Marvel à Captain Marvel, avec changement de look à la clé), personne n'est parvenu à rendre sympathique l'héroïne.
L'astuce dont Slott et Ewing usent pour réhabiliter, providentiellement (et l'avenir nous le dira, durablement ?), Captain Marvel aboutit à un changement de statut qui va certainement peser sur la suite des événements (au point de perdurer au-delà de Empyre ?). Mais le procédé a un résultat habile et efficace, qui a le mérite de rendre à nouveau le personnage attachant (quoique suspendu à une tentation dangereuse).
Valerio Schiti avait impressionné dans le numéro 1 de la saga et il poursuit dans celui-ci. Ses planches sont d'une richesse épatante, il se permet même quelques fantaisies dans le découpage lorsqu'il faut mettre en images le passage explicatif de Quoi sur les coulisses de sa vendetta. L'artiste en tout cas ne fait pas dans la demi-mesure quand il s'agit d'en mettre plein les yeux : ses vaisseaux ravagés par la végétation Cotati, l'assaut des Cotati sur Terre (une pleine page seulement mais puissanmment illustrée), le sauvetage de Ben Grimm, l'intervention de Captain Marvel (une double page éblouissante), autant de morceaux de bravoure.
Le risque dans ce genre de saga, c'est de sacrifier les personnages, leur expressivité à cause du spectacle à aussurer. Schiti a retenu la leçon et il traduit parfaitement la rage vengeresse de Quoi, la jubilation de Thor quand il rappelle Mjolnir, les réflexions de Mr. Fantastic (savoureusement restituées en mimiques), l'émotion craintive de Captain Marvel lorsque Tanalth lui remet le marteau qu'elle a elle-même reçu de Ronan l'accusateur. C'est un sans-faute, la preuve de la maturité de Schiti.
C'est encore une fois un chapitre très costaud, à l'écriture très maîtrisée et au dessin superbe. Empyre fait sensation. Si bien qu'on peut légitimement penser que, enfin, on tient là un event à la hauteur de ses promesses.
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