Après quatre mois sans nouvel episode, ce retour des Gardiens de la Galaxie fait vraiment plaisir, d'autant plus pour moi qui ait mis à contribution ce temps pour découvrir un peu plus son scénariste, Al Ewing. Ce dernier démarre son deuxième arc narratif, toujours pied au plancher, en donnant un nouveau rôle et de nouveaux adversaires aux héros. C'est par ailleurs somptueusement dessiné par la révélation Juann Cabal.
L'éclatement des Gardiens de la galaxie fait les affaires de Castor Gnawbarque III qui veut la peau de Rocket Raccoon, son ennemi juré. Il a chargé BlackJack O'Hare de former un groupe de mercenaires pour cela et cette formation compte dans ses rangs Groot, Drax et Gamora mais aussi Prince of Power.
Mais quel intérêt menace Rocket ? Gnawbarque dispose d'un convertisseur de matière identique à celui qu'utilise Galactus et avec lequel il veut exploiter les ressources d'une planète et de ses habitants. Raccoon et ses acolytes comptent l'en empêcher.
Rocket sert, avec Phyla-Vell pour veiller sur lui, à focaliser l'attention des mercenaires, pendant que Marvel Boy approche et pénètre le convertisseur de matière. Une fois dans la place, il affronte et défait facilement Prince of Power et Drax, grâce aux indications de Nova, convalescent, et Moondragon.
Mais c'était sans compter sur Gamora qui coupe la communication entre Noh-Varr et Heather Douglas et semble neutraliser le Kree. Toutefois celui-ci a plus d'un tour dans son sac, cepandant que Moondragon est assaillie par un vieil ennemi...
Y a pas à dire, ce Al Ewing est très fort et profite très habilement d'être aux commandes d'un titre certes populaire mais moins exposé qu'une franchise (comme Avengers ou Spider-Man peuvent l'être) pour marquer les esprits. Il joue sur deux tableaux (en signant aussi l'event Empyre) et gagne.
Cela passe ici par une modification sensible du rôle des Gardiens de la galaxie, qui depuis Abnett-Lanning jusqu'à Bendis (on jettera un voile pudique sur le run raté de Donny Cates, qui, à l'inverse de Ewing, me semble définitivement sur-estimé comme auteur émergent), ont été caractérisé comme des pirates de l'espace.
Pour Ewing, il s'agit désormais de le écrire comme un gang de braqueurs que leur récent split (après la mort de Peter Quill face aux Olympiens) a déchiré. Gamora, Drax et Groot n'ont pas pardonné à Rocket Raccoon de n'avoir pu éviter la disparition de Star-Lord. Gamora a entraîné ses amis dans une brigade de mercenaires recrutée par Black Jack O'Hare, à la solde de Castor Gnawbarque III. Lui-même ennemi juré du raton-laveur.
La douleur égare Gamora visiblement car Gwanbarque n'est vraiment pas fréquentable : il veut saper les ressources d'une planète et racketter ses habitants au moyen d'un engin semblable à celui dont se sert Galactus pour consommer des mondes. Ewing n'a que vingt pages et donc pas assez de place pour développer les motivations de Drax et (surtout) Groot, prêts aussi à éliminer Rocket. On verra si cela est explicité plus tard. En revanche, l'ecclectisme des mercenaires, avec O'Hare et sa tête de lapin ou du Prince of Power (une sorte d'éphèbe imbécile mais puissant), est savoureux.
Non, là où Ewing donne le meilleur de lui-même, c'est dans l'animation des Gardiens. D'abord, il réussit, contre toute attente, à faire vivre l'équipe sans Quill (et sans qu'il ne manque au lecteur, encore plus fort). Pour cela il attribue à chacun un rôle précis et inspiré : Moondragon est l'officier de liaison, Nova (encore convalescent) l'éclaireur, Marvel Boy l'homme de terrain, Rocket l'appât, Phyla-Vell sa garde du corps. Et Hercule, le joker. Le récit se déploie sur un rythme effréné tout en étant constamment lisible et l'action est d'une efficacité redoutable (l'arsenal de Noh-Varr est exploité avec un génie certain et fournit des moments très originaux). Jusqu'au cliffhanger, très accrocheur...
Souvent, je suis un peu perdu/déçu par les team-books actuels. Je trouve que les scénaristes partent avec un ou deux personnages qui sont ouvertement leur(s) chouchou(s) et néglige les autres, puis élaborent des intrigues qui mettent trop longtemps à se dessiner. Un exemple : la Justice League Dark de James Tynion IV chez DC, très laborieuse même si son run s'est achevé en beauté. Ou alors il y a la méthode Jonathan Hickman avec X-Men, qui rappelle Mission : Impossible, avec un chef immuable (Cyclope) et des membres choisis en fonction de l'objectif. Ou bien, on se fiche de tout et on emploie des héros en suivant son seul délire, au risque de laisser des fans sur le côté (Avengers de Jason Aaron, Justice League de Scott Snyder).
Ewing, lui, sait ce qu'il fait et tire le meilleur parti de son casting, sans s'enliser dans des histoires impossibles. Il peut aussi s'appuyer sur un dessinateur vraiment exceptionnel qu'on n'attendait pas à ce niveau. Franchement, qui connaissait Juann Cabal avant ça et aurait misé sur lui pour conduire une série pareille ? Pas moi. Et j'aurai eu tort car c'est sans doute la révélation de l'année.
Sur un plan technique, Cabal maîtrise son sujet : son trait est expressif et fin, généreux dans le détail (voir la page dans laquelle Marvel Boy se faufile dans les conduits du convertisseur), les émotions des personnages sont finement traduites. Mieux encore : son découpage est souvent virtuose. Il pourrait y aller tranquille mais il se permet des fantaisies spectaculaires (l'apparition de Marvel Boy sous forme d'un crayonné, l'encerclement du vaisseau de Moondragon par le dragon de la lune, un flash pop-art quand Drax est atteint par le crachat de Noh-Varr). Je suis épaté par la proposition, la variété des effets, leur justesse. On en prend plein les yeux mais toujours intelligemment, on peut décortiquer chaque plan, c'est du solide. Et les couleurs de Federico Blee et du studio Guru mettent ça en valeur, en privilégiant ds tons clairs, légers, qui tranchent avec ce que la série a pu proposer avant.
Vous pouvez y aller confiants, ces Guardians of the Galaxy, c'est de la bombe.
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