lundi 9 avril 2018

ROGUE & GAMBIT #4, de Kelly Thompson et Pere Perez


Pénultième épisode de cette mini-série, Rogue & Gambit #4 maintient ferme son cap et progresse vers un dénouement qui promet d'être explosif. De quoi donner un avant-goût des prochains projets (mutants ?) de Kelly Thompson ?


Alors qu'ils sont attachés à des tables d'opération, Rogue et Gambit distraient Lavish, qui s'apprêtent à siphonner leurs pouvoirs, et le Dr. Grand. Mais l'opération connaît un rebondissement car Gambit réussit à se détacher. Résultat : le voici avec les pouvoirs de Rogue qui, elle, hérite de ses pouvoirs à lui !


Investis également des souvenirs de l'autre, Gambit se souvient du mariage de Scott Summers et Jean Grey où il récupéra la jarretière de cette dernière pour l'enfiler à la jambe de Rogue et lui déclarer sa flamme, amoureux insouciants et confiants en l'avenir.


Rogue, elle, se rappelle de la réaction déçue et revêche de Gambit lorsqu'il fut recalé pour intégrer les Avengers parce qu'elle avait eu la franchise (le devoir aussi) de les instruire sur son passé de malfrat.


En s'habituant progressivement aux aptitudes l'un de l'autre, Rogue et Gambit affrontent leurs clones dans le labo du Dr. Grand. Mais la bataille est rude et ils doivent provisoirement battre en retraite dans une pièce voisine en y entraînant le Dr. Grand, inconsciente.


Lavish organise un assaut tandis que Rogue et Gambit échangent un dernier baiser avant d'y faire face, reconnaissant ainsi que ce séjour ensemble à Paraiso a restauré la confiance (l'amour ?) entre eux.

Etant abonné à son blog (Kelly Thompson Tumblr), je peux suivre régulièrement les déclarations et réactions de la scénariste de cette mini-série et, bien que je ne sache pas si elle se vend bien, il est évident qu'elle est soutenue par une base de fans fidèles et enthousiastes, qui réclament déjà une suite, louant la justesse avec laquelle l'auteur a su saisir la personnalité des deux héros.

La rumeur court aussi, surtout depuis que Kelly Thompson a signé un contrat d'exclusivité chez Marvel, qu'elle va être très active dans les prochains mois. Elle-même a confirmé travailler sur (au moins) trois projets (deux certains, le dernier encore en chantier, l'un d'eux impliquant Kate Bishop/Hawkeye). Et comme il semble que l'éditeur veuille avant la fin de l'année recomposer sa franchise mutante, probablement en restaurant le titre emblématique Uncanny X-Men, on peut imaginer que Kelly Thompson soit celle qui l'écrira, avec parmi les membres de l'équipe le couple Rogue et Gambit...

Tout cela donne à notre lecture actuelle une perspective particulière, comme s'il s'agissait d'un tour de chauffe. Depuis quatre épisodes, on a pu vérifier que Thompson connaissait bien l'histoire des X-Men via le couple Remy Lebeau-Anna Marie. Elle sait aussi construire des intrigues qui montent en puissance (comme ce fut déjà le cas durant son run sur Hawkeye), et son talent de dialoguiste parachève le tableau, avec un ton très alerte, malicieux et une pointe de sentimentalisme.

Dans ce quatrième chapitre, c'est comme si toutes ces qualités étaient réunies et soulignées par la situation même : l'action se déroule sur quelques minutes à peine, à toute allure, avec un twist au début qui place les deux héros dans une position complexe, et une chute haletante (qui promet une bataille finale spectaculaire). On a droit à des flash-backs ponctuant avec à-propos le récit échevelé, et éclairant encore une fois la relation chaotique de Rogue et Gambit. C'est un vrai régal. Tout pour espérer que la rumeur se vérifie : Kelly Thompson donnerait un sacré coup de frais aux mutants si elle s'en occupait tout en respectant leur passé et en combinant l'aspect soap opera et l'action.

Il faudrait quand même, pour que cela ait une allure jubilatoire, qu'on lui adjoigne un dessinateur plus affirmé que Pere Perez : non pas qu'il se débrouille mal, il réussit même quelques jolis enchaînements, s'enhardissant d'épisode en épisode, avec même une double page de baston très aboutie. Mais le hic, c'est qu'il a un trait quelconque qui gâche un peu tout : c'est appliqué, soigné, mais sans identité, typiquement l'oeuvre d'un artiste qui a souvent joué les doublures (et pour des dessinateurs pas forcément plus audacieux que lui, comme Clayton Henry).

C'est sans doute sévère, voire injuste, mais imaginons qu'un Chris Bachalo (habitué des mutants, familier de Rogue) ait eu la charge de ces épisodes, cette mini-série aurait gagné en puissance et en originalité (malheureusement, l'artiste a été placé sur un titre Spider-Man/Deadpool avant de devoir abréger sa prestation car sa femme vient de mourir).

Quoiqu'il en soit, la fin de Rogue & Gambit ne risque guère de décevoir, et l'avenir s'annonce radieux pour sa scénariste, qui aura été la grande révélation des auteurs Marvel ces derniers mois.  

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