Pénultième épisode de cet arc, Marvel Two-in-One #5 paraît juste après l'annonce officielle du retour d'une série dédiée aux Fantastic Four par Dan Slott et Sara Pichelli. Alors que Chip Zdarsky s'est lancé dans une saga dont le dénouement risque d'être expéditif mais que la série qu'il écrit se poursuivra après son sixième numéro, on peut raisonnablement se demander à quoi tout cela aura servi. Même si, et c'est le comble, le titre n'a cessé de s'améliorer, gagnant en vivacité et en envergure...
Après avoir appris que le Dr. Doom de la terre parallèle où ils sont est devenu le nouveau Galactus et a dévoré tout le système solaire, Johnny Storm et Ben Grimm, d'abord étonnés par la résignation du Reed Richards de ce monde, le convainquent de réagir lorsque arrive Sue Richards, ici chef du SHIELD.
Les hérauts de Doom/Galactus attaquent la Terre mais tous les héros se mobilisent pour faire face et protéger les civils. Ils réussissent, difficilement, à repousser leurs adversaires, venus les avertir que leur maître savait qu'ils allaient tenter de se retourner contre lui.
Reed comprend qu'il ne peut plus rester, passif, dans son laboratoire et doit planifier la riposte afin d'annihiler la menace. Il n'y arrivera cependant pas seul et c'est alors que Rachna Koul réapparaît, accompagné par le Dr. Doom de notre Terre, qui a suivi Ben et Johnny pour en apprendre plus sur le Multisect.
Reed sait que leurs deux intelligences combinées peuvent détruire Galactus. Après quoi ils s'occuperont de la défaillance des pouvoirs de la Chose et de la Torche humaine. Ces derniers vont tout de même servir à recruter de nouveaux alliés...
... Et c'est ainsi qu'ils se rendent dans un ranch du Midwest où s'est retiré Norrin Radd alias le Surfeur d'Argent, désormais en couple avec Emma Frost, le seul à connaître parfaitement les faiblesses de Galactus.
On ressent quelques regrets en lisant cet épisode. D'abord en songeant au démarrage un peu laborieux de Chip Zdarsky pour envoyer Johnny et Ben dans leur périple dimensionnel : trois épisodes pour mettre tout cela en branle, c'était beaucoup trop finalement, et subséquemment on l'impression que la suite et fin de cette aventure risque d'être vite expédiée dans un affrontement certes titanesque entre les héros de cette Terre parallèle et Doom/Galactus.
Ensuite, donc, cet épisode sort juste après que Marvel ait annoncé officiellement qu'au mois d'Août prochain une série Fantastic Four serait de nouveau publiée, écrite par Dan Slott (qui, libéré d'Amazing Spider-Man, récupérera donc Iron Man et ce titre mythique absent depuis trois ans des bacs) et dessinée par Sara Pichelli (partante depuis quelque temps de Spider-Man : Miles Morales). Une équipe créative attractive (même si je n'aime pas Slott), qui a des chances donc d'assurer des ventes correctes à cette relance. Mais, de facto, le retour des FF entraîne la question de l'utilité de Marvel two-in-one (que l'éditeur n'annule pas) : cela signifie-t-il que les pérégrinations dimensionnelles de la Torche et de la Chose vont se poursuivre en parallèle du retour des FF (ce serait incongru) ? Ou que le titre va accueillir un nouveau duo de héros pour une autre histoire ? Surtout : était-il bien utile d'en passer par là pour finir par un relaunch de Fantastic Four (qui devait se préparer depuis plusieurs mois) ?
Enfin, aux regrets précités vient se greffer la production entière de cet arc, démarré avec Jim Cheung (désormais chez DC, et qui a terminé le #6 avant de partir) puis repris par Schiti (qui enchaînera avec le Iron Man de Slott). Un sentiment de chaos, d'impréparation domine, même si Zdarsky a maintenu solidement le cap, s'améliorant d'épisode en épisode (la série décollant réellement avec son association avec Schiti). Lorsqu'on se rappelle le nombre de clins d'yeux que Bendis avait adressé à ses fans (dans Guardians of the Galaxy ou Infamous Iron Man) en montrant les FF, il semble évident qu'il convoitait ces personnages (plus que Deadpool ou Wolverine que Marvel lui a proposé pour tenter de le retenir).
Bref, le planning de Marvel laisse songeur, jouant avec les nerfs des fans sur l'éventualité d'un retour des FF pour aboutir à cette situation grotesque où aujourd'hui deux mensuels vont peut-être cohabiter avec ces personnages. Il n'y a rien de logique dans cette organisation qui rend Marvel two-in-one surnuméraire ou la future série Fantastic Four presque prématurée (un comble après l'avoir tant attendue).
Critiquer, dans ces conditions, ce cinquième épisode paraît presque dérisoire. J'ai décidé de finir cet arc, le mois prochain donc, mais je n'irai certainement pas plus loin (ce n'est pas la titularisation comme artiste au #7 de Paco Medina qui me fera persister). Conçue comme une saga au long terme, à la manière de l'exploration de la zone négative (durant le run de Byrne dans les années 80), cette visite du Multivers avec le suspense impliquant le déclin des pouvoirs de Ben et Johnny aurait permis à cet arc inaugural d'avoir une intensité intacte, alors que, désormais qu'on sait que les quatre Fantastiques vont être réunis, tout cela tombe à l'eau.
Zdarsky, je le répète, n'a pas démérité (sinon dans son démarrage trop lent) et encore une fois, on peut voir la profusion d'idées qu'il est capable d'introduire dans un épisode (tous les héros membres du SHIELD, les hérauts de Doom/Galactus, le Dr. Doom de notre Terre qui n'a jamais cessé de suivre Ben et Johnny, le couple surprenant formé par Norrin Radd et Emma Frost). Et Schiti produit des planches superbes, généreuses, aux compositions dynamiques, avec un découpage d'une fluidité épatante (même si le coloriste Frank Martin a la main parfois lourde, grignotant l'encrage à force d'effets).
C'est un peu affligeant de constater comment cette série a été mal fagotée, mais révélateur des tâtonnements de Marvel actuellement (on retrouve la même gestion hasardeuse sur le Captain America de Waid et Samnee qui n'aura même pas eu un an d'existence, ou Guardians of the Galaxy carrément mis en stand-by pour une saga globale - alors même que Marvel avait promis de ne plus en produire une pendant dix-huit mois après Secret Empire...). Pour le coup, le lecteur a vraiment raison de se sentir pris pour un gogo, et ce qui justifie ma désaffection croissante pour les comics Marvel en ce moment.
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