Cela faisait un petit moment que je ne vous avais pas parlé série télé, mais je dois vous avouer que j'ai été trop gourmand : après en avoir regardé beaucoup, à la suite, et même si la plupart était très bien, j'ai fini par me lasser - ou plutôt je sentais la lassitude poindre. J'avais besoin de faire un break, et le moment était propice puisque rien de folichon ne s'annonçait. Du coup, j'ai maté quelques films (des moyens, des pas bons, des choses que j'avais zappées et que j'ai décidé de tester quand même). Avant de me rendre compte que la saison 2 d'Irresponsable sur OCS venait d'être diffusée. Et comme j'avais adoré la première fournée, je ne pouvais pas rater la suite des (més)aventures de Julien à Chaville...
Julien et sa mère, Sylvie (Sébastien Chassagne et Nathalie Serda)
Julien mène désormais une vie tranquille entre le collège-lycée de Chaville où il est pion à min-temps et la maison de sa mère, Sylvie, où il habite toujours (pour mémoire, le garçon a trente-deux ans...). Mais le départ à la retraite de celle-ci va entraîner de sérieux changements dans son quotidien de gentil glandeur. A commencer par sa rencontre avec Sam, la jolie barmaid du troquet où se déroule la fête donnée en l'honneur de Sylvie...
Julien
Cependant c'est une autre surprise qui va frapper en pleine face Julien : Sylvie a décidé de vendre sa maison pour s'installer avec Jean-Pierre, son amant, qui est aussi... Son ex-psychanalyste ! Obligé de la suivre puisqu'il ne peut subvenir seul à ses besoins avec son petit salaire (et son goût pour la fainéantise), Julien se sent vite pris au piège chez son (quasi) beau-père qu'il ne connaît pas et qui est d'une maniaquerie inversement proportionnelle au je-m'en-foutisme du garçon.
Julien est pion au lycée de Chaville
La situation devenant rapidement intenable entre Jean-Pierre (qui a répété plusieurs fois à Sylvie qu'elle était trop permissive avec son fils) et Julien (qui ne fait aucun effort pour se raisonner, suspectant même JP d'être un type louche car sa première épouse avait déjà été sa patiente), ce dernier est apparemment prêt à tout pour devenir enfin indépendant. Mais ce n'est pas si simple de rompre avec ses habitudes : en bon squatteur, il cherche à amadouer Sam de l'héberger mais elle n'y est pas du tout disposée.
Julien et son fils, Jacques (Sébastien Chassagne et Théo Fernandez)
Comme prévu, Julien ne peut rester longtemps chez Sam et, en désespoir de cause, sonne chez Marie qui l'avait cependant invité à loger chez elle. Jacques est contrarié par l'image que sa famille renvoie surtout que les parents d'Emma, sa petite amie, souhaitent rencontrer Julien et Marie - laquelle n'est pas non plus si à l'aise car si elle pensait bien faire en accueillant son ex, elle se sent peu à peu à nouveau attendrie par lui.
"On est pas bien, là ?..."
Pour épargner à Marie et Jacques plus d'embarras, Julien obtient grâce à une ruse de Sam la location d'une chambre de bonne, au nom de la jeune femme (qui travaille désormais également comme pionne dans le collège-lycée de Chaville), dont le propriétaire n'est autre que Maillard, ex-professeur et ennemi juré de Julien. Il faut alors redoubler de prudence pour ne pas être découvert.
Jacques en plein stress
Pris en tenaille entre la pression sociale (ses camarades se vantent tous de l'avoir déjà fait) et l'attente explicite de sa petite amie (Emma ne cesse de lui faire comprendre qu'elle est prête à le faire avec lui), Jacques tente de se préparer à son premier rapport sexuel. Il sollicite même les conseils de Julien puis, le moment venu, tente de se défiler. Le fiasco qui s'ensuit est prévisible et paraît marquer une rupture définitive avec Emma.
Julien et Marie en fâcheuse posture (Sébastien Chassagne et Marie Kauffmann)
Depuis qu'elle l'a sommé de partir de chez elle (alors qu'elle l'y avait invitée...) sans préavis ni explication franche, Julien en veut à Marie. Comme s'il n'avait déjà pas assez de difficulté à contenir Maillard qui persiste à le déconsidérer ou à déjouer la méfiance du proviseur, il s'engage dans une guerre ouverte à l'intérieur du collège-lycée. Chacun y va de ses petites puis de ses grosses crasses contre l'autre, restant dans le registre de la blague potache... Jusqu'à la farce de trop où il endommage le bureau du proviseur - réussissant à fuir sans être vus (pensent-ils) in extremis.
"Tout ira bien !"
Alors que Sylvie se sent délaissée par Jean-Pierre, qui semble lui préférer une nouvelle patiente, et s'ennuie, le retour de Julien à la maison (après avoir dû quitter sa chambre de bonne car Maillard a fini par découvrir qu'il en était le vrai locataire) met le feu aux poudres et force JP à emmener Sylvie chez Isabelle, sa psy référente. Cette thérapie de couple express vire au désastre quand chacun exprime ses frustrations sans parvenir à convenir de concessions - et accusant même Isabelle d'avoir aggravé leur discorde.
Julien, Marie et Léa (Sébastien Chassagne, Marie Kauffmann et Julie Farenc-Deramond)
En l'absence de Sylvie et Jean-Pierre, Julien donne une fête chez ce dernier au cours de laquelle : Sam le quitte, Jacques se réconcilie avec Emma (sans savoir que ses parents ont manigancé pour cela), et Marie embrasse Julien... Qui panique à la perspective d'avoir de nouveau le coeur brisé si leur couple échoue. Sur ces entrefaites, Sylvie et Jean-Pierre rentrent et constatent la situation, qui provoque une engueulade entre eux à propos du comportement de Julien.
Marie, Sébastien et Jacques
Sylvie quitte Jean-Pierre, Julien hésite à s'engager de nouveau avec Marie et Marie annonce sa démission au proviseur après qu'il lui ait infligé un blâme et transmis son dossier à l'inspection académique suite à ce qu'elle a commis dans son bureau avec Julien (licencié entre temps). Après mûre réflexion, Julien choisit de revoir Marie en jouant cela comme si c'était leurs retrouvailles un an auparavant. Ils couchent ensemble avant de surprendre Jacques dans sa chambre qui prend feu à cause d'un mégot mal éteint. En voulant éteindre les flammes, Julien ravage l'appartement...
Sylvie les rejoint et remarque qu'ils sont désormais tous à la rue et sans le sou et sans doute obligés de cohabiter prochainement s'ils ne veulent pas y rester.
Passer la seconde en faisant, sinon mieux, au moins aussi bien que la première saison est toujours une épreuve délicate. Mais ne tournons pas autour du pot et révélons que Irresponsable 2 réussit haut la main l'examen. On retrouve tout ce qu'on a aimé et plus encore, dans un ensemble plus équilibré, plus subtil, toujours aussi drôle, jusqu'à la chute prometteuse (et déjà en chantier).
Etrangement pourtant, cette saison escamote complètement la sidérante annonce que faisait Marie à Julien lors du dernier épisode du précédent cru (pour mémoire, elle découvrait qu'elle était à nouveau enceinte de Julien, seize ans après la naissance de Jacques et une nuit ensemble pourtant "sous protection"). Mais on pardonne cette curiosité car, très vite, les péripéties s'enchaînent et laissent comprendre que toute l'action de ces dix nouveaux chapitres se déroulent dans un laps de temps réduit - ce qui expliquerait que Marie n'affiche aucun signe extérieur visible de grossesse par exemple.
En revanche, plus positivement, et logiquement pour la tenue du show, l'histoire ne repose plus uniquement sur Julien et sa vie pépère chez Maman, sa consommation de joints, ses gaffes à répétition. Frédéric Rosset, le créateur de la série, avec sa soeur Camille, scénariste, ont veillé en particulier à rendre l'entourage de leur héros moins passifs, moins en réaction permanente, ce qui leur donne une épaisseur nouvelle et profite à l'ensemble en créant des subplots aux tonalités variées.
Bien entendu, Julien reste au coeur du dispositif mais il ne s'est pas racheté une conduite pour autant et ses (més)aventures sentimentales et professionnelles sont toujours aussi irrésistibles. Contre toute attente, il s'amourache d'une (fort séduisante, il est vrai) barmaid, Sam, qui le trahira gentiment d'abord en obtenant un poste à mi-temps de pionne dans le collège-lycée de Chaville au moment où il briguait un poste à plein temps, puis, à la fin, en s'éprenant de Léa (sans vouloir cependant le blesser). A eux deux, ils se complètent bien, la langue bien pendue, et utilisant les débarras du bahut pour quelques étreintes rapides, le moyen que Julien a trouvé pour que Sam le couvre quand il veut sécher ou qu'elle le remplace lors de permanences).
Mais la vraie révolution qui va chambouler le ronron de la série et du héros, c'est la retraite de Sylvie et son installation chez Jean-Pierre. Sam Karmann interprète ce psy maniaque (et, il faut bien le dire, très attiré par ses patientes, ce qui n'est pas très déontologique, même s'il cesse de les analyser une fois avec elles) magistralement et bénévolement (comme en atteste la mention "avec la participation amicale de" au générique). La relation entre la mère (Nathalie Serda, épatante dans le dépit et la détermination) et le fils, le fils et ce presque "beau-père" produit des scènes tordantes, où aucun ne veut reconnaître ses torts. Dans ces moments-là, la série tutoie des sommets de drôlerie loufoque - et confirme qu'elle est la seule à faire rire intelligemment dans ce que produit la télé française, avec la même rigueur que les meilleures sitcoms américaines (et sans rires préenregistrés, merci).
L'autre trio qui évolue de manière fine et remarquable, vers une douceur, une pudeur, un romantisme exemplairement saisis, c'est celui composé par Julien, Marie et Jacques. Marie, on le devine vite, en pince à nouveau pour Julien qui prend à coeur son rôle de papa-grand frère-meilleur pote avec Jacques. Comme Marie Kauffmann est craquante puissance 10, et que son interprétation bénéficie d'une partition plus dynamique, active, on piaffe en attendant que Sébastien Chassagne, tout à fait extraordinaire dans la peau de ce glandeur roublard et attachant, comprenne qu'il en est lui aussi toujours amoureux. Mais le scénario ménage un vrai suspense en soulignant que cela ne va pas finalement de soi car Julien redoute un échec amoureux (qui le démolirait, éloignerait définitivement Marie et Jacques) et que Marie mise sur l'extrême prudence (car avec ce loustic, rien n'est facile, elle l'a appris).
Quant à Jacques, ça fait déjà plaisir de voir que Théo Fernandez ne ruine pas sa carrière en se commettant dans Les Tuche ou Gaston Lagaffe, car c'est un jeune comédien sensible et touchant qui mérite mieux que ce le cinéma comique franchouillard lui donne. L'épisode où, confronté à sa "première fois", il est dévoré à la fois par l'envie et l'angoisse permet d'apprécier avec quel talent il exprime son malaise sans jamais chercher à forcer le trait : on sourit à son stress sans avoir de s'en moquer. Et il s'offre le mot de la fin quand il comprend, dépité et fataliste, que, oui, apparemment, lui, ses parents et sa grand-mère, désormais fauchés et sdf, vont devoir cohabiter s'ils ne veulent pas rester à la rue.
Frédéric Rosset nous laisse sur cette ultime image, pleine d'incertitudes et de potentiel, qui nous frustre juste assez pour vouloir découvrir la saison 3 mais pas trop pour savourer les événements qui ont conduit à ce cliffhanger. Un geste en somme fort responsable pour une série Irresponsable...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire