lundi 16 octobre 2017

THOR, de Kenneth Branagh


N'ayant pas écrit la critique de ce premier film sur Thor (sorti en 2011) et profitant de sa rediffusion hier soir (sur France 4), j'en ai profité pour réviser avant la sortie du troisième opus consacré au dieu du tonnerre, Thor : Ragnarok, en salles en France le 25 Octobre. Souvent mal-aimé, voire méprisé, que vaut vraiment le long métrage de Kenneth Branagh ? Ou, autrement dit, ai-je toujours raison de le défendre depuis que je l'ai vu il y a 6 ans ?
Rembobinons !

 Thor, Odin et Loki (Chris Hemsworth, Anthony Hopkins et Tom Hiddleston)

Odin est le père de toutes choses et roi d'Asgard, un des neuf royaumes de la galaxie. Alors qu'ils sont encore enfants, il fait visiter sa salle des trophées à ses deux fils, Thor et Loki, en leur annonçant que, dans le futur, l'un d'eux lui succédera sur le trône. Pour cela, il devra en être digne et donc se comporter avec autorité mais surtout sagesse. Parvenus à l'âge adulte, les deux frères sont devenus des hommes aux tempéraments opposés : Thor est fougueux et arrogant, Loki discret et prudent. C'est pourtant au premier qu'Odin décide de confier sa place. 

Thor et Odin

Mais le jour de l'intronisation, des géants des glaces du royaume de Jöthuneim s'infiltrent dans la salle des trophées pour s'emparer d'un cube d'énergie, réveillant ainsi sans le savoir le gardien de l'endroit, le terrible Destructeur qui les tue. Thor veut châtier Laufey, roi de Jöthuneim et, pour cela, désobéit à Odin. Accompagné par Loki (qui durant le combat découvre avec surprise que le froid mortel des géants ne le l'atteint pas), de Lady Sif et des trois guerriers (Hogun, Fandral, Volstagg), le dieu du tonnerre provoque ses ennemis avant qu'Odin n'intervienne. Furieux, le père de tout bannit son fils en l'expédiant sur Midgard, la Terre, et en enchantant son marteau, Mjolnir. 

Le Pr. Selvig, Jane Foster, Darcy et Thor (Stella Skarsgard, Natalie Portman
Kat Dennings et Chris Hemsworth)

Thor atterrit dans le désert du Nevada où il est trouvé par un groupe de scientifiques, le professeur d'astrophysique Henry Selvig, son élève Jane Foster et son assistante Darcy. Conduit à l'hôpital, Thor s'en échappe et trouve refuge auprès de Jane, intriguée par ce qu'il raconte sur sa provenance. En déjeunant dans un dinner d'une bourgade voisine, Thor entend parler de la chute d'un objet dans une zone proche, rapidement quadrillée par l'armée.  

Thor déchu

Jane accepte, contre l'avis de Selvig, de conduire Thor sur place pour qu'il récupère son marteau, Mjolnir. Déjouant la sécurité du site, affrontant ses gardes, il échoue cependant à brandir son arme. Arrêté puis interrogé par l'agent Coulson du SHIELD, Thor reçoit ensuite la visite de Loki qui prétend qu'Odin, terrassé par le chagrin qu'il lui a causé et son grand âge, est mort et que leur mère a confirmé son bannissement.

Jane Foster et Thor

Selvig intercède en faveur de Thor auprès de Coulson en le faisant passer pour un de ses amis scientifiques, sujet à une dépression. Libéré, Thor fait son examen de conscience et comprend que son orgueil lui a coûté ses pouvoirs et son père. Condamné à rester sur terre, devenu simple mortel, il ignore que Loki manigance avec Laufey pour envahir Asgard et se débarrasser d'Odin, qui a seulement sombré dans le coma. Avec l'aide de Heimdall, Sif et les trois guerriers descendent sur Midgard avertir Thor mais Loki découvre leur trahison et envoie le Destructeur les tuer tous.

Loki

En apprenant la félonie de Loki et pour protéger ses amis terriens et asgardiens, Thor se dresse contre le Destructeur. Son sacrifice lève l'enchantement d'Odin sur Mjolnir qui revient au dieu du tonnerre, ayant appris l'humilité. Après avoir neutralisé le Destructeur, il retourne à Asgard grâce à Heimdall, juste à temps pour déjouer l'invasion de Laufey et son armée mais aussi pour affronter Loki. Mais le prix de sa victoire sera élevé pour le dieu qui avait promis à Jane Foster de la rejoindre, une fois sa mission accomplie...

Hé bien ! J'aime toujours ce premier épisode de Thor. Certes ce n'est pas un film parfait, mais il est solide et offre une introduction bien pensée pour ce personnage, le tout en peu de temps (alors que la durée des films en général, et ceux de Marvel aussi, gonfle de plus en plus, ici l'affaire est pliée en moins de 110 minutes !).

Commençons par cibler ce qui ne fonctionne pas, ou pas suffisamment (par rapport aux réussites inaugurales comme Iron Man, Captain America : the first avenger puis Avengers). La déception porte principalement sur la réalisation de Kenneth Branagh : à l'époque, je m'en souviens bien, Kevin Feige, le grand manitou des studios Marvel, s'était réjoui d'avoir attiré le célèbre vulgarisateur de Shakespeare pour donner vie sur grand écran au dieu du tonnerre... En oubliant toutefois que le cinéaste avait depuis longtemps perdu de sa superbe : elle était loin l'époque où Branagh épatait la galerie avec ses adaptations de Henry V (1989) ou de Hamlet (1996) avec des mises en scène pleines de panache et d'énergie. Il faut bien admettre qu'il s'acquitte de cette commande sans retrouver le souffle de ses grandes oeuvres passées.

La direction artistique de Thor ne l'aide pas beaucoup : malgré un budget confortable, le compte n'y est pas toujours. Le plus flagrant de ces manques réside dans la représentation d'Asgard, qui ressemble à un royaume trop doré, là où on pouvait davantage attendre un monde plus médiéval et grandiose, à mi-chemin (comme l'avait imaginé Jack Kirby) entre le Moyen-Âge et le futur. Les costumes sont aussi moyens, notamment quand il s'agit d'éléments précis comme les casques ou armures qui font plus penser à des pièces plastifiées que métalliques (exception faîte du design très réussi de Thor lui-même).

Et, enfin, il y a le choix des interprètes : les comédiens sont très bons et même excellents pour certains - Chris Hemsworth semble tout droit sorti des pages d'Olivier Coipel (le français avait relancé avec succès le comic-book avec le scénariste J. Michael Straczynski, qui fait une apparition, comme Stan Lee, dans le film), Tom Hiddleston est parfait en frère jaloux et tragique, Anthony Hopkins a toute la majesté requise pour camper Odin, Natalie Portman est toujours aussi classe. 
Mais quelle drôle d'idée quand même de caster Idris Elba ou Tadanobu Asano, un black et un asiatique, pour incarner des dieux d'origine nordique !
Et, pire encore, pourquoi avoir glissé un second rôle aussi stupide et inutile que celui de Darcy, donné à une actrice aussi vulgaire que Kat Dennings...

Malgré ces ratés, le film avance quand même et procure du plaisir. Son scénario en trois actes bien nets permet d'apprécier le parcours du héros, insupportable va-t-en-guerre arrogant ensuite exilé impuissant qui recouvre son rang et ses pouvoirs en gagnant en humanité et en humilité. La partie centrale, où Thor, résigné, évolue dans ce bled perdu américain autorise des scènes subtilement comiques en soulignant le décalage entre ce dieu déchu au physique avantageux et les moeurs locales, ses relations avec le trio de scientifiques. Il aurait fallu insister là-dessus au moyen de dialogues plus appuyés sur la foi en des forces supérieures, des êtres divins, et l'incrédulité des humains confrontés aux phénomènes déclenchés par la seule présence de Thor. Le final file à toute allure et laisse deviner quelle envergure aurait pu avoir le film avec un réalisateur plus inspiré, lorsque Thor revient sur Asgard, affronte Loki (un duel fondé moins sur la haine que la jalousie, le mal d'amour), détruit le Bifrost (le pont arc-en-ciel qui mène au guet de Heimdall, permettant d'accéder aux huit autres royaumes) et, ce faisant, condamne (au moins provisoirement) son retour sur Terre (et vers Jane Foster).

Il subsiste un sentiment de frustration, renforcé par le fait que Thor semble plus avoir été pensé comme le tremplin menant à Avengers (avec la revanche de Loki, l'existence d'un super-héros qui est aussi un dieu - alors que tous les autres membres de l'équipe à venir sont des humains "améliorés", tels Iron Man et son armure ou Captain America, ou dotés d'un don particulier, comme Hawkeye qui apparaît ici pour la première fois) que comme un opus autonome. C'est aussi pour cela qu'il est mésestimé. 

On verra maintenant si Thor : Ragnarok est à la hauteur de la rumeur très flatteuse qui le précéde, réalisé par un cinéaste à l'esthétique plus audacieuse, avant que, l'an prochain, les Avengers reviennent pour la production la plus ambitieuse (et la plus coûteuse) des studios Marvel. 

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