SPIROU ET FANTASIO : LA JEUNESSE DE SPIROU est le 38ème tome de la série, écrit par Tome et dessiné par Janry, publié en 1987 par Dupuis.
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Spip en a ras-le-bol ! Sans cesse obligé de suivre Spirou et Fantasio dans leurs rocambolesques et dangereuses aventures, l'écureuil a décidé de vider son sac et de révéler quelques secrets sur le passé agité de son maître et son acolyte pour démontrer leurs inconséquences.
D'abord, il est temps de dévoiler quel galopin était Spirou lorsqu'il était encore enfant. Puis comment il a failli provoquer un incident diplomatique. Ensuite, il faudra revenir sur les bizarreries rencontrées à Champignac-en-Cambrousse. Et enfin, raconter comment une réunion de savants amis du Comte ont provoqué une série de catastrophes malgré leurs bonnes intentions...
En 1987, lors d'un interview, le dessinateur Janry expliqua que, pour ne pas froisser les fans (et leurs parents), il était préférable d'éviter dans la série Spirou et Fantasio certains sujets, comme le sexe et la religion. Pourtant, pour s'amuser, en préparant le nouvel album, l'artiste et son scénariste, Tome, commencent à réaliser des saynètes humoristiques dans "Le Journal de Spirou", de une à six pages, mettant en scène le héros enfant, décrit comme un garnement, entouré de ses camarades et professeurs d'école : c'est la naissance du Petit Spirou.
Ce 38ème tome, intitulé La Jeunesse de Spirou, sera le moteur pour lancer une véritable deuxième série consacré au groom en culottes courtes. Sur cette jeunesse proprement dite, Tome ne consacre qu'un des quatre petits récits de l'album, sur une douzaine de pages composée en forme d'hommage irrévérencieux aux fameuses Histoires Vraies de l'Oncle Paul écrites par Jean-Michel Charlier, ici campé par un membre de l'équipe éditoriale du "Journal de Spirou" complètement ivre un soir de fête pour les 45 ans d'existence de l'hebdomadaire. Mais, dans ces planches on trouve déjà une bonne partie de ce qui alimentera Le Petit Spirou, avec cet humour potache et décalé, où il est dit que des "libertés avec la vérité historique" ont été prises. En prime, le scénariste n'oublie pas de saluer ceux qui, à ses yeux, ont vraiment compté dans la conception de la série (Robert Velter/Rob-Vel - "le plus ancien titulaire, avec son épouse, de la classe de maternelle" - , Joseph Gillain/Jijé - "un grand artiste qui a, aujourd'hui, quitté la petite école" - , "Monsieur Franquin, professeur en philosophie comique", et "Monsieur Fournier, professeur de poésie"... Nic et Cauvin ou Yves Chaland sont zappés).
Les trois autres histoires sont plus classiques, et mettent en scène un Spirou déjà adulte, tel qu'on le connaît, pris pour le groom d'un hôtel un soir de réveillon ; puis dans un récit humoristico-horrifique à Champignac-en-Cambrousse avec Célestin Dupilon, l'ivrogne lunaire du coin ; et enfin, toujours dans la bourgade, lors d'une réunion d'amis du Comte parmi lesquels s'est glissé un espion.
Le résultat est inégal mais réserve quelques scènes savoureuses comme lorsque, dépité, Spirou est obligé de reprendre du service comme chasseur dans un palace, ou, mieux encore, quand Dupilon est littéralement métamorphosé (au sens kafkaïen) par une potion du Comte.
C'est surtout l'occasion pour Tome de renouer avec des histoires brèves, comme Franquin en livrait pour boucler certains de ses albums, et d'animer Spirou, Fantasio et le Comte dans le décor de Champignac-en-Cambrousse au lieu de les envoyer courir mille dangers au bout du monde.
L'idée de se servir de Spip comme narrateur et intermédiaire entre chaque chapitre est aussi astucieuse puisque, si le brave écureuil est toujours du voyage, c'est souvent à contre coeur, préférant sa tranquillité (et son lot de noisettes, comme il le réclame aux lecteurs à la fin).
Janry dessine tout ça avec son énergie coutumière : il réussit d'entrée de jeu à inventer une forme enfantine très aboutie à Spirou (qu'il perfectionnera ensuite dans la série consacrée, même si ce titre sombrera vite dans des gags faciles, devenant un produit dérivé très dispensable, plus superflu que farfelu).
L'épisode avec la mésaventure de Dupilon et la présence de braqueurs est l'autre grande réussite du recueil, avec des enchaînements dans le découpage très efficaces, dignes de Franquin.
Les segments deux et quatre sont plus convenus et sans étincelles visuelles.
C'est un album de transition, mais tout de même intéressant car il interroge, même légèrement, la question de l'identité de Spirou, un thème avec lequel les auteurs rejoueront à trois reprises ensuite (dans Le Rayon Noir, tome 44 ; Luna Fatale, tome 45 ; et Machine qui rêve, tome 46).
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