Ultron est-il de retour et aura-t-il raison de son créateur, Hank Pym ? Ou ce dernier a-t-il réussi à élaborer un plan pour vaincre définitivement l'androïde ? Et quid de Janet Van Dyne et Victor Shade ?
Quand un éditeur décide d'annuler une série dont le scénariste avait prévu de faire un titre sur le long terme, il n''y a pas trente-six possibilités de composer avec cette échéance : soit l'auteur expédie les affaires en cours conscient que rien ne ne pourra sauver son projet, soit il s'appelle Al Ewing et réussit l'impossible (y compris teaser une suite !).
Dans le paysage actuel des comics, Al Ewing est quand même un sacré numéro. Ce n'est pas un scénariste qui enchaîne les succès, mais Marvel semble quand même conscient qu'il tient là un auteur de haute volée. Avec Avengers Inc., on a donc un cas d'école : la série, prévue pour être illimitée, a été un four, malgré de bonnes critiques, elle est arrêtée au bout de cinq numéros, et Ewing a vingt pages pour boucler ce qu'il avait en tête.
Un défi casse-gueule mais qu'il réussit pourtant à relever : la conclusion de Avengers Inc. laissera des regrets à ceux qui croyaient dans ce titre et on peut deviner ce que Al Ewing projetait - une histoire qui opérerait la synthèse de plusieurs de ses travaux récents, de The Immortal Thor en passant par les minis Ant-Man et The Wasp. Mais décidément, après Avengers A.I. (de Sam Humphries et André Lima Araujo, il y a déjà dix ans), il semble que les androïdes n'intéressent pas les fans.
Ewing avait, comme Humphries en son temps, la volonté évidente de réhabiliter Hank Pym : ce membre fondateur des Avengers souffre encore d'une sale réputation depuis 1981 et Avengers #213 dans lequel il giflait sa femme, Janet Van Dyne/la Guêpe - une scène que reprendra Mark Millar dans Ultimates. Depuis cette image d'homme violent lui colle à la peau et tous les scénaristes qui ont tenté de redorer le blason du premier Ant-Man ont échoué à le faire. D'autres, moins cléments, n'ont par contre pas hésité à charger la barque en insistant sur les autres erreurs de Pym, responsable de la création de Ultron.
Ewing n'est pas revenu sur l'épisode abusif de Pym mais davantage sur sa paternité envers Ultron et Avengers Inc. a tissé une intrigue, ramassée à cause de l'annulation du titre, pour en quelque sorte régler cette partie du passif du personnage. Bien entendu, cela n'est certainement pas voué à durer : il s'en trouvera bien un, moins inspiré que Ewing, pour vite ramener le robot sur le devant de la scène contre les Avengers. N'empêche, Ewing fait un boulot remarquable pour le remiser pour un moment et offrir une sortie de scène digne et pleine de panache à Pym.
Le plus étonnant reste qu'à la fin, sans vous dévoiler comment, le scénariste en arrive à teaser une suite à ce Avengers Inc. - enfin... Pas vraiment une suite littérale, mais disons plutôt imaginer une suite aux aventures de Janet Van Dyne et sa propre équipe d'Avengers. On verra si Ewing parvient à convaincre Marvel de développer et publier son idée : je pense que ça reste quand même très hypothétique, à moins que faute de série propre, il arrive à intégrer ça à un titre dont il a actuellement la charge ou qu'il lancera dans les prochains mois (puisque je pense qu'il ne fera plus partie de l'équipe créative des X-Men sous la direction de Tom Brevoort).
Leonard Kirk joue de malchance : il a pourtant livré des planches très correctes, mais il semble grossir les rangs désormais de ces artistes à qui on ne confie plus que des projets limités dans le temps. C'est injuste parce que c'est un vrai pro, toujours ponctuel, avec une expérience indéniable : quand vous ouvrez un comic-book qu'il a dessiné, c'est plus complet que ce que font la majorité des "stormbreakers" promus par Marvel (un peu comme Jerry Ordway, que DC ne fait plus bosser qu'à temps partiel).
Avengers Inc. en dit aussi long à sa manière sur les fans : ceux-là même qui pestent sur les forums, les réseaux sociaux sur le conformisme de Marvel sont beaucoup moins nombreux et bruyants quand il s'agit de soutenir, de recommander une série originale. Et il faut alors être responsable et lucide : quand une série est annulée, c'est simplement parce qu'il n'y a pas assez de gens qui l'achètent et la lisent. Donc, la prochaine fois que Marvel (ou DC) propose quelque chose d'aussi atypique (comme certains le réclament), parlez-en, recommandez-en l'acquisition au lieu de râler sur des titres qui, eux, ne craignent rien, même quand ils sont écrits et dessinés avec les pieds.
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