mardi 12 décembre 2023

TITANS : BEAST WORLD #2, de Tom Taylor et Ivan Reis


Ce deuxième volet de Titans : Beast World est aussi spectaculaire que le premier. Ce qui est l'essentiel puisque c'est l'objectif évident de cet event. Tom Taylor mène sa barque avec efficacité à défaut d'originalité car son histoire en rappelle furieusement une autre... Quant à Ivan Reis, il donne tout ce qu'il a avant son départ annoncé de DC.
 

Devenu l'équivalent de Starro après avoir vaincu la Necrostar, Beast Boy ne se maîtrise plus et libère des spores sur le monde entier, qui transforment les humains en bêtes sauvages. La situation devient hors de contrôle quand Batman est contaminé puis Black Adam...


Au moins on ne pourra pas reprocher à Titans : Beast World son manque de finesse : c'est bien un divertissement bourrin, sans aucune subtilité, avec des ficelles grosses comme des câbles, produit dans l'unique but d'en mettre plein la vue.


D'un côté, on peut donc féliciter DC pour sa franchise dans cette entreprise : l'éditeur ne trompe personne sur la marchandise, il ne cherche pas à réinventer la roue et on peut parier que les conséquences resteront limitées - même avec la confirmation que la vraie méchante dans cette affaire en tirera quelque profit.


De l'autre, on peut quand même se désoler que DC se soit lancé dans ce récit sans plus d'ambition, ou plus exactement ait trouvé de la place pour un projet aussi bas du front au lieu de simplement publier des séries mensuelles tranquillement, à peine quelques mois après Knights Terror. Mais au moins cette fois, l'intrigue n'impacte pas les titres en cours (les tie-in sont des n° spéciaux tout à fait dispensables).

Tom Taylor demeurera pour moi le scénariste le plus surcoté de DC : son Nightwing a eu raison de ma patience et son event n'est rien d'autre que la confirmation de la pauvreté de son imagination. Car, parlons peu mais parlons vrai : Titans : Beast World a tout d'un plagiat. Qui plus est un plagiat d'un crossover de DC.

Souvenez-vous : en 2016, DC Rebirth venait juste de démarrer et à peine quelques mois après la relance des titres Batman, Detective Comics et Nightwing, Steve Orlando signait script et dialogues du crossover : Night of the Monster Men. Hugo Strange y transformait en monstres géants et grotesques plusieurs personnages (dont Nightwing) pour créer le chaos à Gotham.  

Bon, hé bien, là, vous remplacez Strange par Amanda Waller et le Dr. Hate (le nom de vilain le plus ridicule dont on nous a gratifié depuis des lustres) qui ont profité du plan de Beast Boy pour battre la Necrostar en se transformant en Starro. Résultat : tout le monde ne se transforme pas en monstres mais pas loin quand même puisqu'ils deviennent des bêtes sauvages.

Ah, je vous avais prévenus, c'est du pompage en bonne et due forme, et sans scrupules. La Nuit des Monstres était déjà d'une débilité sans fond mais Titans : Beast World ne vaut pas mieux - en tout cas à ce stade. Bien sûr, on peut croire aux miracles et penser que ça va s'arranger, mais je ne miserai pas gros là-dessus.

Taylor fait de Batman une sorte de loup-garou et de Black Adam un lion. J'espère que Aquaman ne va pas se changer en baleine et nouer une idylle avec King Shark... Mais avec ce scénariste, on peut s'attendre à tout. Je ne veux pas l'accabler : il y a bien un editor qui a validé cette idée et un rédacteur en chef qui a consenti à la publier, mais bon, après Knights Terror qui, comble du comble, ne faisait jamais peur, ce Beast World est un autre event assez pathétique. DC n'a pas besoin de ça.

Heureusement, dans notre malheur, nous avons le plaisir de lire les planches de Ivan Reis. C'est bien la seule chose de valable dans ce nanar et l'artiste brésilien honore la profession en donnant tout ce qu'il a au service de cette histoire débilissime.

Là aussi, on peut se désoler que le dessinateur qui, jadis, accomplit des miracles sur Blackest Night en soit réduit à faire ça, mais en même temps, il doit s'en fiche pas mal puisque, c'est annoncé, il va quitter DC pour rejoindre Ghost Machine, le label de son ami Geoff Johns pour lequel il sera exclusif (et il y rejoint d'autres pointures comme Bryan Hitch, Francis Manapul, Jason Fabok rien que pour la partie graphique).

Le soin que met Reis à illustrer Beast World, à nous livrer des scènes épiques, force le respect, mais on ne peut s'empêcher là aussi d'être affligé de voir celui qui a tant donné à DC partir sur cette note. Il méritait une sortie plus qualitative, une histoire digne de son talent. Pour ma part, je regretterai toujours qu'il n'ait pas oeuvré sur un run à sa mesure sur Justice League (il avait participé à la série du temps des New 52, mais avec des épisodes peu convaincants).

De mon côté, je vais continuer et terminer Titans : Beast World. Uniquement parce que le rythme de parution est soutenu (prochain n° dans quinze jours) et que ce sera donc vite plié. Et pour Reis. Après, je tâcherai d'oublier jusqu'au nom de l'infâme Tom Taylor, un des pires écrivaillons de comics qui a jamais été.

Aucun commentaire: