Et on termine cette semaine de critiques comme on l'a démarré avec le dernier numéro de l'anthologie en noir, blanc et rouge consacrée à Harley Quinn, sorti ce mercredi. Cette fois, les trois histoires proposées sont d'un très bon niveau, sans commune mesure avec la précédente livraison. Et visiblement DC ne compte pas en rester là...
- HARLEYS ALL THE WAY DOWN (Ecrit et dessiné par Bruno Redondo) - Harley réfléchit aux transformations que les créateurs qui l'ont animée et jusqu'à quel point son personnage peut encore les supporter. Le tout en tentant de sauver Nightwing d'un savant fou...
Bruno Redondo a quitté Nightwing (même s'il va bientôt y revenir pour un done-in-one) et en a profité pour signer ce segment qu'il dessine mais écrit aussi. Et il a visiblement beaucoup réfléchi car son histoire est riche et intéressante. Comme tout lecteur, il a remarqué que depuis son apparition dans le dessin animé consacré à Batman, Harley Quinn a beaucoup changé, esthétiquement d'abord et psychologiquement ensuite.
Celle qui a débuté comme une méchante excentrique fiancée au Joker a mué en amante de Poison Ivy allié à Batman, devenant aussi une membre régulière de la Suicide Squad et incarnée sur grand écran par Margot Robbie. Redondo livre une analyse à la fois remarquable et ludique sur la plasticité d'un personnage de fiction tout en mettant en avant ce qui fait de Harley Quinn une sorte de phénomène.
Visuellement, c'est bien entendu très chouette, très inventif dans le découpage, avec un emploi très malin du quatrième mur, un commentaire méta-textuel concentré en une dizaine de pages. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Bruno Redondo n'a besoin de personne pour briller désormais.
- DR. QUINZEL'S COUPLES COUNSELING (Ecrit par Deniz Camp et dessiné par Fabio Veras) - Harley prend en otage un couple qu'elle a surpris en train de se disputer et leur inflige une thérapie musclée pour tenter de les réconcilier.
Deniz Camp s'amuse avec Harleen Quinzel en se rappelant qu'elle fut d'abord psychiatre avant de devenir cinglée. Mais là où ça devient intéressant, au-delà des mésaventures qu'elle fait subir au couple auquel elle inflige sa thérapie, c'est dans le sous-texte au sujet des propres relations amoureuses de l'héroïne. Femme abusée par le Joker, devenue lesbienne et compagne de Poison Ivy, elle pense que les épreuves traversées par quelqu'un ou deux personnes ne l'affaiblissent pas mais, au contraire, la solidifie.
Au dessin, on a le plaisir de retrouver, après le one-shot DC's Ghouls just wanna have fun sorti pour Halloween, l'excellent Fabio Veras. J'ose juste espérer que c'est parce que quelqu'un chez DC a remarqué son talent et veut le tester en vue de lui confier quelque chose de plus substantiel que des histoires courtes car c'est un sacré bon dessinateur qu'on a là.
- SIRENS RISING (Ecrit par Tini Howard et dessiné par Babs Tarr) - Une nouvelle fois accablée par une rupture avec le Joker, Harley suit Poison Ivy dans un cambriolage contre Hugo Strange. Elles sont aidées dans cette entreprise par Catwoman...
Tini Howard écrit actuellement la série Catwoman et visiblement elle aimerait bien ranimer le titre Gotham City Sirens, autrefois piloté par Paul Dini et Guillem March, puisque, au lieu d'une simple nouvelle sur Harley Quinn, elle narre ici la naissance de ce trio féminin. L'intrigue est bien menée, sur un rythme soutenu et Howard caractérise parfaitement Poison Ivy, Harley et Catwoman.
Au dessin, on a Babs Tarr, qui s'était faite très discrète depuis l'arrêt de Motor Crush (série chez Image arrêtée par Brenden Fletcher suite aux accusations de harcèlement sexuel visant Cameron Stewart, le co-scénariste). Elle achève ici des esquisses de Wook-Jin Chun mais c'est bien son trait rond qu'on reconnaît. Elle est dans son élément avec ces trois femmes sexy et entreprenantes avec des tempéraments bien relevés et de l'action à gogo.
Harley Quinn : Black + White + Redder s'achève donc en beauté. Mais DC a l'intention de poursuivre l'aventure puisque, à la fin de ce numéro, une suite est clairement programmée pour 2024. Avis aux amateurs.
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