Le premier arc narratif de Green Lantern par Jeremy Adams se conclut avec ce sixième épisode, encore une fois décompressé mais spectaculaire, grâce au dessin de Xermanico soutenu cette fois par Scott Godlewski. La back-up story de Peter J. Tomasi et David Lafuente continue sur des chapeaux de roues avant d'être promue.
Ivre de rage, Sinestro affronte Green Lantern tout en ripostant face aux avions de chasse de l'armée américaine. Sinestro n'est visiblement plus lui-même et ne retient plus ses coups mais n'écoute plus non plus Hal Jordan...
C'est décidément une série difficile à appréhender que celle écrite par Jeremy Adams. Soyons clair : c'est agréable à lire, il y a de l'action, une sorte de simplicité sympathique. Mais subsiste aussi, toujours un sentiment de vacuité embarrassant.
Récemment, je discutais avec des amis des atouts des Big Two actuellement et un consensus émergeait pour dire que, sur le plan éditorial, DC était certainement plus solide et clair dans leur offre. Les équipes artistiques en place sur les séries les plus exposées étaient fiables et séduisantes.
Tandis que du côté de Marvel, la déception dominait. Si X-Men et leur gamme demeuraient attractifs, pour peur qu'on ait apprécié jusque-là l'âge de Krakoa (ce qui n'est pas le cas de tout le monde), en revanche d'autres titres forts laissaient très perplexes comme The Avengers, The Amazing Spider-Man, Captain America, Daredevil.
Sur tout ça j'étais généralement d'accord tout en nuançant que tout n'était cependant pas parfait chez DC à qui je reproche souvent de produire des séries attirantes mais parfois un peu creuses ou passant à côté de leur potentiel. J'ai évoqué à ce sujet Shazam !, Nightwing et Green Lantern.
En vérité, appelé à préciser mon ressenti sur GL, j'ai expliqué que je voyais pas de vrai point de vue. Jeremy Adams est malin, il sait mener sa barque, mais je ne vois pas où il veut en venir, quel est son propos, ce qui distingue son run. Qu'apporte-t-il depuis six n° à Green Lantern ? Je suis incapable de répondre à cette question.
Green Lantern reste désespérément orphelin de l'époque Geoff Johns. Quand ce dernier s'était emparé du héros, Hal Jordan était en pleine disgrâce. Il l'a réhabilité et a patiemment mis en place des intrigues au long cours culminant dans des sagas mémorables comme la Guerre de Sinestro puis l'event Blackest Night. Johns a fait de Green Lantern un personnage plus populaire qu'il ne l'a jamais été, supplantant même en son temps Superman et Wonder Woman, bien aidé aussi par des dessinateurs de haut vol, Ivan Reis le premier.
Je ne dis pas que ses successeurs (Robert Venditti, Grant Morrison) ont démérité, je ne les ai pas lus pour la plupart ou de façon trop éparse. Mais aucun ne me semble avoir creusé le personnage et sa mythologie avec autant d'intensité que Johns. On peut comprendre que ses successeurs l'abordent avec humilité voire frilosité. Mais qu'importe tant qu'ils essaient quelque chose (comme ce fut le cas avec Morrison, même si je n'ai pas été conquis). Hélas ! Jeremy Adams ne me paraît pas avoir grand-chose de neuf à apporter à la série.
C'est en tout cas ce que je retire de ce premier arc que j'ai souvent trouvé vide, en tout cas très/trop décompressé, ne se réveillant vraiment que ces deux derniers mois. Ce qui se passe dans ce numéro ne change guère la donne, même si la révélation finale concernant Kilowog intrigue et l'apparition d'un personnage jusqu'ici seulement vu (sauf erreur de ma part) dans la série animée Green Lantern surprend.
En vérité, ce qui retient le lecteur, ce sont les dessins de Xermanico qui fournit une prestation irréprochable, même si cette fois il tire la langue et est rejoint par Scott Godlewski (sur les pages 3 à 6 et 19-20). Les styles des deux artistes s'accordent assez bien pour ne pas choquer même si Xermanico est supérieur, avec un découpage plus étudié, un trait plus détaillé alors que Godlewski est trop lisse en comparaison.
Mais c'est un atout qui se retourne contre la série car elle souligne encore davantage la faiblesse du récit. Comme Nightwing, on attend longtemps avant qu'il se passe quelque chose pour avoir quelque scènes finalement peu inspirées. Et comme pour Shazam ! il y a cette impression pesante que l'auteur gagne du temps faute d'idées nettes et profondes.
Dans ces conditions, je ne pense pas poursuivre l'achat de ce titre.
- WAYWARD SON Pt. 3 (Ecrit par Peter J. Tomasi et dessiné par David LaFuente). Korg, le fils de Sinestro, continue de manigancer pour échapper à son protecteur tyrannique Nagaf, en s'en prenant à des voleurs d'organes...
Sans surprise, il se passe toujours plus de choses dans la dizaine de pages de la back-up story écrite par Peter J. Tomasi que dans la vingtaine donnée à Adams. Et il y a visiblement quelqu'un d'assez lucide chez DC pour le reconnaître puisque le scénariste va bientôt pouvoir développer son histoire sur un format traditionnel.
En effet, en Février 2024, Tomasi poursuivra l'aventure de Korg dans Sinister Sons. Korg y fera équipe avec le fils de Zod, ennemi juré de Superman, et l'objectif est clair et assumé : il s'agit bien de produire un titre qui sera le négatif des Super Sons qu'écrivit déjà Tomasi (avec Jorge Jimenez au dessin au début).
David LaFuente restera au dessin, autre bonne nouvelle, vu qu'il est très en forme sur cette back-up. J'ignore si je me lancerai là-dedans ou si, éventuellement, j'attendrai que les épisodes soient collectés en recueil, mais ça fait plaisir de voir deux talents comme ça promus (et pour Tomasi, ce ne sera pas la seule actualité puisqu'il a rejoint Ghost Machine, le label de Geoff Johns chez Image, et écrira The Rocketfellers avec Francis Manapul au dessin).
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