Après les sorties de la semaine, je reprends ce dimanche cette rétrospective consacrée aux Thunderbolts écrits par Jeff Parker au début des années 2010 chez Marvel Comics. Le recueil intitulé Violent Rejection est le premier à bénéficier d'une numérotation et rassemble les épisodes 152 à 157, illustrés par Kev Walker et Declan Shalvey.
Crossbones écarté du groupe, Luke Cage a besoin d'un élément très puissant pour une nouvelle mission et il intègre Hypérion. Les Thunderbolts se rendent à Yokohama au Japon qui est menacée par des monstres gigantesques. Mais une fois sur place, l'équipe est sévèrement malmenée, seul Hypérion reste debout et il s'en prend alors Man-Thing...
Le Fléau affronte Hypérion qui avoue être issu d'une Terre parallèle où il était le chef de Sinister Squadron. Moonstone, sauvée par le Fantôme de la noyade, lui vient aide avant que le Fantôme, à nouveau, active les nanites libéranty de l'argonite dans le corps de Hypérion et le neutralise. Tandis que Luke Cage, Songbird et Mach V se débarrassent des monstres, Hypérion est livré à Man-Thing qui le brûle vif.
Mais ce fait n'échappe pas aux inspecteurs du Raft qui considère la créature comme un danger. Toutefois, avant de pouvoir s'en assurer, Man-Thing est enlevé par la sorcière Jennifer Kale qui le renvoie dans les marais des Everglades dont il est le gardien et qui sont le théâtre d'une invasion dimensionnelle. Luke Cage s'en mêle et jure à Jennifer Kale qu'aucun mal ne sera fait à la créature qui rentre volontairement au Raft. En contrepartie, il s'engage à engager un magicien pour y veiller.
Cage demande à Stephen Strange de l'aider dans cette démarche et Daimon Hellstrom les envoie tous les deux chez sa soeur Satana. Pendant ce temps, John Walker, la gardien du raft, obtient l'accord du gouvernement de former une seconde équipe, baptisé Underbolts, et il charge Songbird et Mach V d'en recruter les membres, ce qui vexe Fixer, écarté de la procédure.
Cage présente Satana, qui a accepté d'intégrer l'équipe par intérêt pour Man-Thing, aux autres membres et il les accompagne à Stuttgart pour une nouvelle mission dans un château hanté. Pendant ce temps, Songbird et Mach V enrôlent les Underbolts : Shocker, Boomerang, Centurius, Gunna la troll et Mister Hyde...
Les Thunderbolts toujours occupés en Allemagne, Fixer doit réquisitionner les Underbolts, à peine recrutés, pour une intervention urgente en Irak. Sur place, ils font face à des zombies et sont vite dépassés. Luke Cage arrive en renfort avec son groupe sans que la situation ne s'améliore...
Mine de rien, cela fait maintenant 23 mois consécutifs (quasiment deux ans donc) que Jeff Parker écrit Thunderbolts. Marvel semble lui avoir accorder sa confiance pleine et entière, appréciant sa capacité à composer avec des histoires imaginées par d'autres (comme lors de l'event Shadowland) tout en remplissant le cahier des charges de la série (beaucoup d'action, l'utilisation de personnages historiques liés au titre et l'incorporation de nouvelles têtes).
Si, dans les faits, Thunderbotls n'a plus rien à voir avec le concept original de Kurt Busiek (des super-vilains se faisant passer pour des super-héros en l'absence de ces derniers), Jeff Parker tient quand même à respecter la dimension presque sociale puisqu'il s'agit de montrer que certaines crapules peuvent prendre goût à faire le bien.
De ce point de vue, avoir écarté Crossbones, le membre le plus antipathique et violent, a été un choix décisif. Mais le scénariste ne s'assagit pas pour autant. Le recrutement de Hypérion produit des étincelles et une paire d'épisodes plutôt radicaux. En effet, Parker joue sur le fait qu'il existe des Hypérion différents dans le multivers et bien entendu, Luke Cage ignore lequel est détenu au Raft. Pour corser l'affaire, ce sera celui qui dirigeait le Sinistre Escadron !
Ce recueil fonctionne par des arcs narratifs brefs, de deux épisodes chacun, centré sur un personnage en particulier. Après Hypérion, Parker se penche sur le cas de Man-Thing pour lequel il a un attachement évident. Même s'il ne répond pas à la question de sa détention au Raft (où il a atterri après avoir capturé par les Dark Avengers de Norman Osborn, mais d'où personne n'a pensé à le relâcher depuis le début de l'Heroic Age), il va quand même s'interroger sur le rôle et la puissance de la créature.
Comme il aime à le faire, le scénariste convoque un personnage de seconde zone, en l'occurrence la sorcière Jennifer Kale, soucieuse de ramener Man-Thing dans son environnement naturel et son rôle initial, de protecteur de la nature et de nexus dimensionnel. Le mutisme de Man-Thing en fait un membre des Thunderbolts fascinant et difficile à saisir mais qui n'est pas dénué de conscience, de libre arbitre. Il choisit de rentrer au Raft (et Parker glisse que Moonstone y est pour quelque chose, insinuant que la créature nourrit des sentiments pour Karla Sofen).
Enfin, un troisième récit va introduire une future vedette du run de Parker en la personne de Satan, la soeur de Daimon Hellstrom. Elle est recrutée par Luke Cage pour veiller sur Man-Thing mais sa personnalité affirmée et excentrique en fait un membre tout de suite haut en couleur. Le scénariste s'en amuse et quand elle est présentée à l'équipe, cela donne une scène hilarante où elle met tout le monde en émoi en révélant leurs désirs les plus profonds (des désirs tout ce qu'il y a de plus sexuellement explicite !). Parker a à l'évidence voulu Satana et il ne va plus cesser ensuite de l'exploiter comme l'élément incontrôlable, l'électron libre de la série, à la fois très puissante, complétement désinhibée et ambivalente, (jamais complètement méchante, mais pas franchement héroïque non plus).
Sur les six épisodes de ce tome, les n° 152-153 et 155-156 sont entièrement dessinés par Kev Walker. Comme toujours avec lui, l'efficacité est de mise et sa manière de composer des scènes d'action spectaculaires est mise à contribution. Il peut se défouler avec Hypérion, les monstres à Yokohama, le château hanté à Stuttgart et les zombies irakiens. Autant de morceaux de bravoure où l'influence de Mike Mignola est très manifeste (spécialement dans les scènes à Stuttgart).
Declan Shalvey signe les planches des épisodes 154 et se partagent celles du 157 avec Walker (qui fatigue quand même un peu). Seul, l'irlandais se montre très à l'aise, et le numéro consacré à Man-Thing est superbe, chargé d'une atmosphère très envoûtante. Quand il doit cohabiter avec Walker, le lecteur peut avoir du mal à passer du trait de Shalvey à celui de son collègue tant ils sont dissemblables, mais on comprendra ensuite que Marvel cherchait la bonne formule pour partager la charge de travail entre les deux artistes.
On va, après ces épisodes, arriver aux tie-in de Fear Itself puis à l'arc The Great Escape (soit les épisodes 158 à 168) présents dans l'album de la collection Marvel Gold disponibles chez Carrefour. Je vous renvoie à l'article dans lequel j'en parle : Thunderbolts : Fear Itself / La Grande Evasiontion-marvel-gold-carrefour .
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