Seule nouveauté en single que j'ai achetée cette semaine, le cinquième épisode de Doctor Strange voit le retour au dessin de Pasqual Ferry (après le n°4 que j'ai zappé et dont Wong était la vedette). Jed MacKay reprends les choses où il les avait laissées dans le n°3 : Stephen Strange et Clea sont invités au mariage de la mère de cette dernière. Et ça s'annonce mouvementé.
Umar, la mère de Clea, va épouser en secondes noces Tiboro, sorcier suprême de la sixième dimension. L'accueil réservé à Stephen et Clea est orageux et quand la cérémonie est présidée par Dormammu, ça n'augure rien de bon. Pourtant ce n'est pas lui qui va perturber la fête...
Je m'en doutais un peu mais Pasqual Ferry ne dessinera pas Doctor Strange tous les mois comme il l'avait fait pour la mini-série Namor the Sub-mariner : Conquered Shores (écrite par Christopher Cantwell). L'artiste espagnol a été suppléé le mois dernier par Andy MacDonald pour un numéro consacré à Wong et le mois prochain il le sera pas Juan Gedeon pour un épisode sur les origines d'un méchant.
C'est bien évidemment dommage car une grosse partie du charme de cette relance de Doctor Strange repose sur le talent de Ferry, quand bien même le n°3 était assez médiocre visuellement. Cela me fait douter de l'évolution de la série pour les prochains mois même si j'essaie de rester positif.
Comme pour The Avengers, Jed MacKay avance (très) lentement. Dès la première page de cet épisode où on observe Stephen Strange en train de s'habiller pour aller au mariage de sa belle-mère, le scénariste revient sur ce qui s'est passé depuis la reprise du titre : il mentionne ainsi l'attaque subie par Cauchemar et le meurtre d'Agammon (dont Clea reste la suspecte n°1, même si elle nie).
MacKay nous indique donc que tout ça n'est pas oublié et cela signifie clairement qu'il caractérise Doctor Strange comme un détective amené à résoudre deux énigmes. C'est une sorte d'annonce pour les prochains épisodes, mais sans plus de précisions, d'autant qu'à la fin de ce cinquième épisode, un nouveau méchant fait son apparition.
Je ne vais pas vous spoiler son identité et d'ailleurs je serai bien en peine de le faire car je ne connais pas ce personnage, qui semble toutefois sortir du passé de Strange, d'aventures antérieures. Je ne suis pas suffisamment calé sur la biographie du sorcier suprême pour connaître tous ses antagonistes. Et c'est aussi ce que je redoute pour la suite : que MacKay adresse des références trop pointues.
Mais revenons à cet épisode : Umar, la mère de Clea, se remarie et elle a choisi pour époux Tiboro, le sorcier suprême de la sixième dimension. Il est clairement dit que ce dernier a fait partie de ceux qui avaient assassiné le Doctor Strange dans la mini-série, déjà écrite par MacKay, La Mort du Dr. Strange, que je n'ai pas lue. Le scénariste joue sur cet élément pour ajouter du piquant à une situation qui n'en manque déjà pas.
A bien des égards, c'est un épisode comique, ou du moins qui fait preuve d'humour. Outre le fait que Strange se retrouve nez à nez avec un des sorciers à avoir voulu le tuer (et qui va devenir son beau-père), Clea, elle, découvre que sa mère se remarie moins par amour que pour forger une alliance. Ce qui ne l'empêche pas de donner un héritier à Tiboro, pour preuve de sa bonne foi, un enfant créé par la magie évidemment (puisque Umar n'est plus en âge d'être enceinte). Déduction : Clea va donc avoir une petite (demi) soeur, dont elle aura la charge en cas de malheur !
Lorsque la cérémonie du mariage débute, MacKay ironise encore en faisant de Dormammu celui qui va unir les deux époux. Les dialogues sont savoureux car le maître de la dimension noire se moque de Strange, de sa soeur (Umar) et de son beau-frère (Tiboro). Ambiance... Puis une attaque survient et le fameux vilain surgit, dont on saura tout dans le prochain numéro. On regrette presque ce cliffhanger classique alors que le scénario s'aventurait dans une direction sarcastique originale. Mais peut-être que ce vilain est aussi l'assassin d'Agammon et l'agresseur de Cauchemar ? Ce serait une façon pratique de raccrocher les wagons.
Pasqual Ferry illustre tout cela avec beaucoup de classe. Il rend en tout cas une bien meilleure copie que lors de l'épisode 3. L'artiste espagnol n'est jamais meilleur que lorsqu'il a à représenter des environnements étranges et à jouer du décalage entre un héros familier et ces décors exubérants. C'était déjà le cas avec Namor dans un futur ravagé et c'est encore le cas ici avec Strange.
Les couleurs de Heather Moore ajoutent aussi beaucoup à la beauté des planches de Ferry qui a la particularité de dessiner au trait, c'est à dire avec des contours fins, sans à-plats noirs. L'expressivité de ses personnages, le faste des intérieurs, la curiosité des extérieurs, les dimensions généreuses de ses cases permettent aux couleurs de compléter des compositions aérés et somptueuses (le propre de beaucoup de dessinateurs espagnols, comme feu Carlos Pacheco, mais aussi Pepe Larraz).
Lorsque les manifestations de pouvoirs magiques interviennent, c'est toujours avec beaucoup d'élégance et d'efficacité, même si, ici, l'action n'occupe que le dernier quart de l'épisode. On sent que cette série navigue un peu entre deux eaux, comme si d'un côté MacKay pouvait partir dans une fantaisie singulière mais que de l'autre il se sentait obligé de respecter des quotas d'action, de super-héroïsme. Dommage, mais encore une fois c'est la grosse limite chez Marvel depuis un bon moment, cette impossibilité manifeste des auteurs à oser davantage, faute d'une ligne éditoriale d'ensemble bien définie (comme actuellement Dawn of DC chez la concurrence). De ce strict point de vue, jusqu'à présent, dans le domaine des héros magiciens, Steve Orlando s'est montré plus hardi sur Scarlet Witch que Jed MacKay sur Doctor Strange.
Bon, maintenant, on va voir ce que vaut le prochain épisode et ce vilain dont les origines seront dévoilées. Mais disons que si, au #7, avec le retour de Ferry, ça ne décolle pas davantage, il sera temps de décider si ça vaut le coup de continuer ou pas.
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