vendredi 14 juillet 2023

ROGUE & GAMBIT #5, de Stephanie Phillips et Carlos Gomez


Et rideau pour Rogue & Gambit : j'en aurai bien pris un peu plus tant cette mini-série a été un plaisir à lire. Stephanie Phillips a animé le couple préféré des fans des mutants avec beaucoup de brio et il serait logique que Marvel lui confie une série régulière avec des X-Men dans un futur proche (quand on saura sur quoi débouche Fall of X). Quant à Carlos Gomez, il prouve une fois de plus qu'il est un dessinateur sur lequel il faut compter et que l'éditeur devrait davantage mettre en avant.



Sous l'emprise du Power Broker, ayant absorbé les pouvoirs de tous ceux qu'il avait sous son contrôle, Malicia s'en prend à Gambit. Le cajun réussit à rendre la raison à sa femme mais les détenus du Power Broker veulent se venger... De retour auprès de Destinée, Malicia décide de faire confiance à sa belle-mère quant au but de la mission qu'elle lui avait confiée...


Pourquoi ? Pourquoi Marvel s'obstine-t-il à produire des mini-séries aussi courtes, surtout quand l'éditeur les confie à des auteurs autrement mieux inspirés que les scénaristes en place sur la franchise X actuellement ? On se posera encore une fois la question au terme de Rogue & Gambit.


Et on se la posera d'autant plus que, à la différence de X-Terminators par exemple, qui était un divertissement potache, détaché des préoccupations actuelles des mutants, Rogue & Gambit s'affiche clairement, dans ce cinquième et dernier épisode, comme une histoire s'inscrivant dans un mouvement plus grand.


Sans spoiler le terme de la mission accomplie par Malicia et Gambit, on sait qu'elle tournait autour de Manifold, le mutant aborigène, ancien membre du SWORD et ex-Avenger, dont Destinée assurait qu'il était un acteur déterminant pour le futur des mutants. On peut donc facilement deviner que cela a un rapport avec ce qui concerne Fall of X et le prochain statu quo de la franchise X.

A l'heure qu'il est, bien entendu, on ne sait encore rien de ce futur, mais les spéculations vont bon train. Si je ne lis plus les titres mensuels de la franchise, je lis des reviews les concernant et dernièrement, dans Immortal X-Men (de Kieron Gillen et Lucas Werneck), Cypher a obtenu la dissolution du Conseil de Krakoa, complètement pourri par l'intégration de membres corrompus (tels Séléné, Colossus) et miné par des tensions internes de plus en plus vives, mais surtout à cause de Charles Xavier totalement dépassé par son rôle (depuis l'absence d'Apocalypse et la mort de Magneto). Le pauvre Cypher a également été envoyé dans le Puits par... Krakoa elle-même (pour le protéger) !

Ajoutez à cela que Nightcrawler a également quitté l'île, écoeuré par sa gouvernance et n'y trouvant plus sa place, que Cyclope et Jean Grey sont au bord de la rupture dans X-Men, et que le Hellfire Gala 2023 (qu'on pourra lire dans un épisode consacré dans une quinzaine de jours) s'annonce cataclysmique (il est acquis que la nouvelle formation des X-Men ne sera pas le clou du spectacle)... 

Stephanie Phillips n'avait en tout cas pas menti quand elle promettait que Rogue & Gambit apporterait sa pierre à ce qui se construisait actuellement. La fin de cette mini-série complète un tableau plus sombre que jamais et dont Destinée est la chef d'orchestre. Malicia y fait des cachotteries à Gambit qui vont sûrement finir par lui revenir en pleine figure, mais en choisissant de faire confiance à Destinée, qui semble animée cependant de bonnes intentions.

Avant cela, on assiste à l'affrontement entre Malicia, qui a absorbé à son corps défendant les pouvoirs des détenus du Power Broker, et Gambit, qui tente de la raisonner. Le Power Broker a beau avoir une dernière carte à abattre pour se défendre, il va regretter d'avoir voulu vendre des héros et vilains sous emprise au plus offrant.

Cela occasionne plusieurs pages de baston magnifiquement dessinées par Carlos Gomez. Comme Stephanie Phillips, j'espère que dans les moins à venir, peut-être l'an prochain, il aura droit à une série régulière car il est anormal qu'un artiste aussi doué soit cantonné à des mini-séries, aussi bonnes soient-elles.

Gomez présente la particularité d'être associé souvent à des femmes (il a travaillé brièvement avec Kelly Thompson sur Black Widow et The Amazing Spider-Man : Beyond, avec Leah Williams sur X-Terminators, Kalinda Vasquez sur America Chavez : Made in America) tout en étant un artiste qu'on catalogue facilement dans le "good babe art", à l'instar de Frank Cho ou Terry Dodson. Pourtant, si effectivement il dessine remarquablement de belles plantes pulpeuses, c'est sans aucune vulgarité. Et surtout son talent ne limite pas à ça.

Il est aussi doué pour animer les héros masculins et à son avantage dans les scènes d'action, toujours lisibles et dynamiques. Il soigne ses arrière-plans et l'expressivité de ses héros. Son découpage se distingue par de belles compositions, avec des valeurs de plans toujours soignées. Si Marvel est capable de faire de dessinateurs moyens comme Werneck ou CF Villa des "stormbreakers", alors il faut accorder la même promotion à Gomez, qui leur est bien supérieur.

Il n'en reste pas moins que c'est une véritable anomalie que deux personnages aussi populaires que Malicia et Gambit n'aient plus de série régulière ou n'apparaissent plus dans des team-books (depuis le départ de Malicia des X-Men et la fin d'Excalibur/Knights of X pour Gambit). Il y a une gestion très bizarre des stars mutantes actuellement et finalement, le mieux qu'on puisse espérer pour l'après Fall of X serait de renouer avec une série Uncanny X-Men rassemblant les mutants favoris écrite par un(e) scénariste dévoué(e) et un artiste motivé, quitte à sabrer le high concept krakoan instauré par Hickman (largement gâché depuis le départ de ce dernier).

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