lundi 28 septembre 2020

HIDDEN SOCIETY #3, de Rafael Scavone et Rafael Albuquerque

 


C'est la semaine des revenants : après Skulldigger + Skeleton Boy et Sabrina the teenage witch, au tour de Hidden Society de retrouver sa place dans les bacs. La mini-série de Rafael Scavone et Rafael Albuquerque ne suscitait pourtant pas la même attente car son format et son ambition sont plus modestes. Peut-être trop d'ailleurs en à juger par ce troisième épisode dont l'action ne méritait certainement pas vingt pages...



Après la caputure du mage Ulloo par la Fratrie de Nihil, et le départ de Mercy, le groupe est désormais réduit à trois. Orcus et Laura laissent à Jadoo le temps d'apprendre des sorts qui lui permettront d'empêcher la réapparition d'un dragon avec l'éruption imminente de l'Etna.


Mercy a, donc, elle, préféré faire cavalier seul. Mais à présent qu'elle est sur le point de quitter Catane, le doute l'étreint. Le volcan qui gronde la fait changer d'avis et elle enfourche sa moto pour s'en approcher.

L'objectif est le même pour le trio mais pour cela il leur faut un véhicule. Pendant que Jadoo occupe le gardien d'un parking, Laura et Orcus volent une voiture puis embarque leur jeune complice pour une folle virée.


Mercy fonce à toute allure et franchit des barrages de police. Elle est stoppée mais repousse les agents en leur tirant dessus. C'est alors que Laura, Orchus et Jadoo arrivent à son niveau et l'invite à bord. Une fois au pied du volcan, reste encore à grimper à son sommet...


Comme ce résumé le prouve, le scénario de cet épisode est famélique. Sachant que Hidden Society se concluera au prochain numéro, on peut se demander légitimement si, en vérité, l'affaire n'aurait pas profité à compter seulement trois épisodes. Voire deux...

Car il ne faut pas se leurrer, si Rafael Scavone a certainement des idées pour une suite (cette mini-série a dès le départ été conçue comme un test pour une éventuelle ongoing), la star du projet est son compère Rafael Albuquerque. Et cet épisode le prouve bien puisque si ce n'était pas lui qui dessinait, tout ça n'aurait aucun attrait.

Albuquerque est un artiste remarquable. Son aisance à animer les personnages, ses compositions très dynamiques, le rythme qu'il imprime au récit, confèrent à Hidden Society une classe supérieure à ce que cette BD possède réellement. Albuquerque est un coureur de F1 qui pilote une histoire trop petite en vérité pour son talent. Quand on dispose d'un dessinateur pareil, on écrit quelque chose de spectaculaire, pas un épisode avec quatre personnages aux actions aussi anodines qu'apprendre un sort, et forcer des barrages de police pour aller au pied d'un volcan en attendant le finale.

Mais Scavone n'a visiblement pas l'intrigue pour cela. Son groupe de magiciens-justiciers-aventuriers ne manque pas de charme, mais il échoue à lui donner vie, à faire interagir ses membres, à les faire progresser au diapason de l'enjeu de son histoire (qui demeure du coup assez anecdotique). Il y avait là la matière à une pseudo-Scooby gang, mais faute de liant, on a des personnalités grossièrement caractérisées, qui courent de tous les côtés sans éveiller une grande passion.

Individuellement, chaque membre de cette Societé Cachée a du potentiel à revendre et un aspect accrocheur, mais le scénario n'en fait rien. Seuls sortent un peu du lot Laura et son génie, Orcus, mais uniquement parce que ce binôme existe dès le départ. En revanche l'esprit de groupe est totalement nul, on ne saisit jamais à quel point les compétences des uns et des autres sont utiles pour les autres et la mission qu'ils doivent remplir. De même qu'on ne vibre jamais par rapport au danger auquel il s'expose (après la Fratrie de Nihil qui a capturé le mage Hulloo, la menace du volcan). 

Difficile dans ces conditions de se passionner pour un objet pareil et a fortiori d'imaginer quels développements pourraient lui être donnés après cette mini-série. On peut d'ailleurs douter fortement de la pérennité du projet quand on sait que Albuquerque s'est engagé pour une nouvelle extension de la série American Vampire (sous titrée 1976) de Scott Snyder (grâce auquel il a connu la notoriété). Vu la publication heurtée de Hidden Society, je doute également que le titre ait connu un succès public tel qu'une suite soit dans les tuyaux (quand bien même Dark Horse aurait bien besoin de nouveaux titres, après avoir perdu récemment les franchises d'exploitation d'Alien et Predator).

Cette déception ne m'empêchera pas de lire et de vous parler, le mois prochain, du quatrième et dernier épisode. Mais il est très peu probable que cette fin rattrape tout ce qui a été raté auparavant. Encore une fois, on s'en remettra à Albuquerque pour, au moins, nous régaler visuellement.


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