samedi 12 septembre 2020

EMPYRE : AVENGERS - FALLOUT #1, de Al Ewing et Valerio Schiti


Empyre est terminé. Enfin... Pas encore puisque deux épilogues sont parus ce Mercredi pour vraiment boucler l'intrigue en racontant ses conséquences. Enfin... Pas vraiment non plus. Car c'est la clé de l'afffaire, Al Ewing (et Dan Slott dans Empyre : Fantastic Four - Fallout #1) tease le futur et donne une perspective qui faisait défaut à leur saga. Valerio Schiti achève, lui, en beauté sa prestation.


Hulkling a mis sa grand-mère, R'kll sous les verrous. Elle lui raconte comment elle a sacrifié sa fille, Anelle, et infiltré les Kree. Mais elle prévient aussi son petit-fils contre les humains, certaine qu'ils le trahiront un jour...


Hulkling et Wiccan se remarient en grandes pompes à bord du vaisseau-amiral de la flotte Kree-Skrull devant un impressionnant parterre d'invités. Ils fêtent le couple et savourent leur victoire contre les Cotati. Thor porte un toast avec Tony Stark et Captain America au défunt Captain Mar-Vell.


Mais tout le monde n'est pas satisfait de l'issue de ce conflit : Abigail Brand gifle Carol Danvers pour l'avoir tenue à l'écart et annonce la dissolution de la Divison Alpha dans la foulée. L'ambiance se fige et oblige à une remise en question des héros.


Reed Richards admet qu'il faudrait que Avengers et Fantastic Four se concertent davantage à l'avenir devant un danger semblable. Et qu'il leur faut soutenir Hulkling, désormais garant de l'alliance Kree-Skrull.


Hulkling, en privé, blame le Super-Skrull et Captain Glory pour leur conduite durant la guerre. Mais, dans le futur, l'alerte de R'kll se confirme...

A la lecture de ce premier épilogue, deux sentiments se dégagent : d'abord, celui que Al Ewing est bien plus à son aise quand il écrit seul et qu'il anime des personnages confrontés à des choix qu'à des grandes batailles ; ensuite que Empyre a sans doute surtout servi à préparer un prochain event.

Ce dernier point est à double tranchant. Si on considère tout cela positivement, il est évident que Al Ewing prend les commandes avec l'aval de son éditeur pour mener les Avengers vers une prochaine grande aventure. D'ici à penser que Ewing va remplacer Jason Aaron à l'écriture de la série Avengers, je ne sais pas, mais il a de toute évidence des plans précis que Guardians of the Galaxy ne lui suffira pas à développer (même si ce titre va sûrement exploiter, comme on l'a lu dans son dernier numéro, la situation post-Empyre).

Par contre, si on estime cela plus négativement (plus lucidement ?), on ne peut pas s'empêcher de trouver que consacrer tout un event comme un Empyre juste pour préparer une prochaine saga est quand même limite. Si des efforts avaient été faits, aussi bien de la part des auteurs que de l'équipe éditoriale, pour construire une histoire un peu plus rigoureuse, le lecteur en aurait autrement profité. D'où cette impression de "tout ça pour ça".

Ewing est certes un scénariste qu'il faut suivre car il a du talent (son run sur Immortal Hulk en ce moment et ses Guardians of the Galaxy en attestent). Mais c'est encore un talent frais, qui a besoin de s'affirmer, de maîtriser des blockbusters. Auparavant, il a quand même été cantonné à des séries B comme USAavengers (ex New Avengers) ou Ultimates (quand ce nom ne servait plus que de marque, sans rapport avec l'oeuvre de Millar), avec des personnages de troisième rang et un ton inégal. Au contact d'un autre jeune auteur prometteur (quoique moins supporté par Marvel), Jim Zub, et d'un vétéran, Mark Waid, il a ensuite co-écrit Avengers : No Surrender, avec ses seize épisodes mouvementés mais un peu passés à l'as juste avant la reprise des Avengers par Aaron. Un CV qui ressemble beaucoup à celui d'un apprenti.

Empyre a souffert d'un manque flagrant d'expérience pour animer une saga de ce calibre, avec trop de parlotte, pas assez d'action (ou alors trop vite expédiée), pas assez d'ampleur. Cet épilogue ne corrige pas cela. Mais il a le mérite de revenir vraiment sur les conséquences de ce qui vient de se passer (ce que néglige souvent les events Marvel). Des scènes comme le savon que passe Abigail Brand à Carol Danvers ou l'appel de Mr. Fantastic à davantage coordonner les efforts des héros sont des ajouts précieux. Et le twist final est alléchant (je ne le spoile pas).

Il m'a aussi semblé que Ewing manifestait un intérêt pour les Young Avengers. La position de Hulkling et Wiccan, les présences de Kate Bishop, America Chavez, Speed, Marvel Boy (même s'il fait désormais partie des Gardiens de la galaxie) cela ressemble à une réunion de famille. Est-ce là son prochain projet, puisque le scénariste a laissé entendre que Marvel couvait ses Jeunes Vengeurs pour un retour imminent ? Et le projet sur lequel travaille déjà Valerio Schiti ?

Car l'artiste italien est déjà au boulot sur une nouvelle série. Bien entendu, il n'a rien dévoilé, mais il se montre très à l'aise (comme toujours, pour tout ce qu'il dessine) pour animer ces personnages dans cet épisode. Schiti est le grand gagnant de cet event : il a prouvé sa capacité à produire ses épisodes en temps et en heure (les terminant même avec de l'avance !), il peut représenter n'importe quel héros, a designé avec brio les vilains, et n'a pas lésiné sur les décors et les appareils.

C'est une grande satisfaction, même si, pour ses fans de la première heure (dont je suis), ce n'est pas franchement une surprise. Schiti est vraiment un dessinateur qui s'est formé à la Marvel way, dont la progression a été constante, qui est très flexible (en ayant collaboré avec des scénaristes très différents) et qui sort de cette saga sans être rincé. Avec Pepe Larraz, qui a changé de statut grâce à House of X, Schiti est l'artiste-phare de Marvel (impression renforcé avec les départs de David Marquez, Chris Samnee).

Cet épilogue entretient des regrets. Et devrait instruire Marvel sur l'échec des events écrits à deux ou en collége plus large (façon Avengers vs X-Men - après lequel des gens comme Ed Brubaker avait exprimé leur frustration, et avait quitté l'éditeur). L'avenir nous dira si la leçon est retenue.

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