LE LIVRE DE LA JUNGLE (en v.o. : The Jungle Book) est un recueil de nouvelles écrit par Rudyard Kipling, traduit en français par Louis Fabulet et Robert d'Humières, publié en 1972 par les éditions Gallimard.
Le texte est composé de sept récits, dont les quatre derniers sont indépendants.
- Les Frères de Mowgli. Mowgli, encore bébé, est recueilli par une famille de loups alors que le terrible tigre Shere Kahn voulait en faire son dîner. Présenté au clan des loups, le nourrisson est épargné grâce à la protection que lui offrent l'ours brun Baloo et la panthère noire Bagheera.
Une dizaine d'années s'écoulent : Mowgli, désormais parfaitement intégré et instruit par Baloo aux lois de la jungle, est toujours l'objet de la rancune de Shere Kahn qui compte profiter du déclin du chef des loups, Akela, pour satisfaire son projet. Mais le Petit d'Homme vole du feu aux hommes d'un village voisin et retourne la situation à son avantage. Toutefois, déçu par le comportement des loups (envers lui et leur chef), il quitte leur meute pour vivre sa vie à l'écart dans la jungle.
- La Chasse de Kaa. Mowgli est enlevé par les singes, les Bandar-Log, et ne doit son salut qu'à l'intervention du serpent Kaa, un python appelé en renfort, après sa mue, par Baloo et Bagheera.
- Au Tigre, au tigre ! Mowgli obéit à la recommandation de Baloo et Bagheera de partir continuer sa vie parmi les hommes. Il est pris à la fois pour le fils disparu d'une femme et un imposteur par le chef des chasseurs d'un village. Averti par un loup, il est apprend que Shere Kahn est dans les environs et, en manoeuvrant habilement les troupeaux de buffles et de vaches avec Akela et Frère Gris, il piège et tue le tigre. Néanmoins, cet acte effraie les villageois qui l'excluent et Mowgli repart vivre dans la jungle.
- Le Phoque Blanc. Né albinos, Kotick le phoque, après avoir vu ses congénères chassés, tués et conduits à l'abattoir par des chasseurs, entreprend de trouver une île où lui et ses semblables seraient à l'abri des hommes. Il trouvera cet endroit après bien des efforts et avoir corrigé les sceptiques, suscitant la fierté de son père et de sa mère.
- Rikki-Tikki-Tavi. Rikki-Tikki est une mangouste recueillie par une famille anglaise. Il veille sur l'enfant, Teddy, contre la menace de deux cobras noirs, Nag et sa femme Nagaina, avec l'aide de l'oiseau Darzee et du rat musqué Chuchundra.
- Tomai des Eléphants. Petit Tomai, fils d'un cornac réputé, assiste, sur le dos de son éléphant, Kala Nag, à un spectacle considéré comme une légende : la danse des pachydermes. Mais il convainc le Sahib Petersen et son homologue Machua Appa de la véracité de son aventure en leur indiquant le chemin qu'il a pris.
- Service de la Reine. A la veille de la réception par le Vice-Roi de l'Inde de l'Amir d'Afghanistan, un chameau, tourmenté par un cauchemar, réveille un cheval de troupe, un mulet, des boeufs et un éléphant avec qui il se met à deviser de la guerre, ses dangers et des hommes. Le lendemain, malgré tout, la parade se déroule sans problème et l'Amir est même impressionné par la cérémonie.
Rudyard Kipling
Alors qu'aujourd'hui sort en salles la version "live", réalisée par Jon Favreau, du Livre de la Jungle, 39 ans après le magnifique dessin animé produit par Walt Disney et dirigé par Wolfgang Reitherman, il était temps que je découvre vraiment le texte original dans sa traduction française la plus renommée, par Louis Fabulet et Robert d'Humières !
The Jungle Book est d'abord l'oeuvre la plus célèbre de son auteur qui est un personnage fameux bien que son histoire soit méconnue. Rudyard Kipling est né en 1865 à Bombay avant de rentrer à 6 ans en Angleterre pour y être scolarisé. Eduqué sévèrement, il reviendra en Inde à 17 ans. Puis deux ans plus tard, il découvre les Etats-Unis où il épousera Caroline Balestier et écrira le premier volume du Livre de la Jungle (le second sera écrit en 1895).
The Jungle Book est d'abord l'oeuvre la plus célèbre de son auteur qui est un personnage fameux bien que son histoire soit méconnue. Rudyard Kipling est né en 1865 à Bombay avant de rentrer à 6 ans en Angleterre pour y être scolarisé. Eduqué sévèrement, il reviendra en Inde à 17 ans. Puis deux ans plus tard, il découvre les Etats-Unis où il épousera Caroline Balestier et écrira le premier volume du Livre de la Jungle (le second sera écrit en 1895).
En 1903, Kipling repart en Angleterre où il s'installera définitivement et poursuivra son oeuvre de romancier. A cette époque coloniale, il situe ses intrigues dans les décors exotiques de l'Inde et de la Birmanie. C'est aussi un poète prolifique (dont les fins de chapitres du Livre de la Jungle témoignent). Patriote fervent, il loue l'exemplarité de ses compatriotes et la grandeur de l'empire, ce qui explique sans doute que, malgré l'obtention du Prix Nobel de littérature en 1907, ses qualités littéraires et philosophiques seront disputées. Pourtant, Kipling n'est pas un idéologue et son oeuvre est d'abord une ode au respect de soi et des autres, à la tolérance entre les peuples.
Pour qui se souvient du dessin animé de 1967 et découvrira le film de cette année, qui semble en reprendre la trame (tout en adoptant un ton plus sombre apparemment), la première surprise qui attend le lecteur est que Le Livre de la Jungle n'est pas constituée d'une histoire unique avec les personnages emblématiques de Mowgli, Baloo, Bagheera, Kaa et Shere Kahn, mais de sept nouvelles (dont seules les trois premières sont liées).
Ensuite, on sera saisi par le style même de Kipling : alors que les textes ont pour cadre une nature sauvage, souvent hostile mais aussi luxuriante, ils comportent très peu de descriptions, préférant des évocations rapides et usant d'ellipses audacieuses (comme lorsque les dix-douze premières années de Mowgli sont littéralement zappées : "cela remplirait je ne sais combien de livres", dit l'auteur). La langue de l'écrivain est d'une étonnante vivacité, ce qui a préservé sa modernité et la facilité avec laquelle on la lit.
Le format court des nouvelles participe aussi au dynamisme de la narration : Kipling pose les enjeux de chaque chapitre, met en scène ses personnages face aux dangers, et aboutit à une solution aussi vite. On n'a pas le temps de s'ennuyer, mais le résultat est toujours palpitant, parfois drôle, quelquefois cruel aussi (ainsi Baloo est bien différent de l'ours de Disney : il n'hésite pas à rudoyer Mowgli pour lui apprendre des leçons sur la jungle. Par ailleurs, le périple du phoque blanc Kotick est aussi éprouvant, la lutte de la mangouste Rikki-Tikki incertaine jusqu'au bout. Et la conversation nocturne des animaux de la parade a pour sujets de thèmes aussi graves que la guerre et la mort.).
Après les aventures de Mowgli, Baloo, Bagheera et Shere Kahn, on peut légitimement être dérouté à l'idée de suivre les péripéties traversées par un phoque, une mangouste, un jeune fils de cornac et son éléphant, mais passées quelques pages à s'habituer à ces nouveaux protagonistes, on vibre pour eux avec la même fébrilité enthousiaste que pour le "Petit d'Homme" contre son ennemi le tigre boiteux. Le talent de Kipling passe avant tout dans l'intensité qu'il sait communiquer à ses histoires et à la caractérisation accrocheuse de ses héros, auxquels on s'attache d'abord parce que la partie n'est pas gagnée d'avance pour eux mais qu'ils s'emploient à forcer leur destin ou à accomplir bravement leur mission (trouver un refuge pour Kotick, se débarrasser des cobras noirs pour Rikki-Tikki, assister à un spectacle légendaire pour Petit Tomai).
Il se dégage de cette ouvrage classique une efficacité indéniable, nullement entamée par le temps, une originalité singulière aussi (même si depuis on s'est habitué au traitement anthropomorphe des animaux). En remarquant que le bouquin que j'ai emprunté à la bibliothèque municipale avait été sorti pour la dernière fois il y a six ans, je me dis qu'il serait temps, à l'occasion de la sortie d'une nouvelle version cinématographique (prometteuse et que j'espère voir bientôt), de le remettre en valeur sur un présentoir pour inciter de jeunes lecteurs à le découvrir.
Ensuite, on sera saisi par le style même de Kipling : alors que les textes ont pour cadre une nature sauvage, souvent hostile mais aussi luxuriante, ils comportent très peu de descriptions, préférant des évocations rapides et usant d'ellipses audacieuses (comme lorsque les dix-douze premières années de Mowgli sont littéralement zappées : "cela remplirait je ne sais combien de livres", dit l'auteur). La langue de l'écrivain est d'une étonnante vivacité, ce qui a préservé sa modernité et la facilité avec laquelle on la lit.
Le format court des nouvelles participe aussi au dynamisme de la narration : Kipling pose les enjeux de chaque chapitre, met en scène ses personnages face aux dangers, et aboutit à une solution aussi vite. On n'a pas le temps de s'ennuyer, mais le résultat est toujours palpitant, parfois drôle, quelquefois cruel aussi (ainsi Baloo est bien différent de l'ours de Disney : il n'hésite pas à rudoyer Mowgli pour lui apprendre des leçons sur la jungle. Par ailleurs, le périple du phoque blanc Kotick est aussi éprouvant, la lutte de la mangouste Rikki-Tikki incertaine jusqu'au bout. Et la conversation nocturne des animaux de la parade a pour sujets de thèmes aussi graves que la guerre et la mort.).
Après les aventures de Mowgli, Baloo, Bagheera et Shere Kahn, on peut légitimement être dérouté à l'idée de suivre les péripéties traversées par un phoque, une mangouste, un jeune fils de cornac et son éléphant, mais passées quelques pages à s'habituer à ces nouveaux protagonistes, on vibre pour eux avec la même fébrilité enthousiaste que pour le "Petit d'Homme" contre son ennemi le tigre boiteux. Le talent de Kipling passe avant tout dans l'intensité qu'il sait communiquer à ses histoires et à la caractérisation accrocheuse de ses héros, auxquels on s'attache d'abord parce que la partie n'est pas gagnée d'avance pour eux mais qu'ils s'emploient à forcer leur destin ou à accomplir bravement leur mission (trouver un refuge pour Kotick, se débarrasser des cobras noirs pour Rikki-Tikki, assister à un spectacle légendaire pour Petit Tomai).
Il se dégage de cette ouvrage classique une efficacité indéniable, nullement entamée par le temps, une originalité singulière aussi (même si depuis on s'est habitué au traitement anthropomorphe des animaux). En remarquant que le bouquin que j'ai emprunté à la bibliothèque municipale avait été sorti pour la dernière fois il y a six ans, je me dis qu'il serait temps, à l'occasion de la sortie d'une nouvelle version cinématographique (prometteuse et que j'espère voir bientôt), de le remettre en valeur sur un présentoir pour inciter de jeunes lecteurs à le découvrir.
2 commentaires:
Kipling est né en 1865. ;)
Je corrige cette erreur commise dans la précipitation de la rédaction. Merci de me l'avoir signalée.
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