ZOMBILLENIUM : GRETCHEN est le premier tome de la série écrite et dessinée par Arthur De Pins, publié en 2009 par Dupuis.
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Aurélien Zahner n'a pas de chance : trompé par sa femme, il se fait renverser par la voiture de Francis Von Bloodt, directeur du parc d'attractions "Zombillénium", et meurt sur le coup.
Mais il est ramené à la vie par le chauffard qui est aussi un vampire et qui lui offre un emploi. Egalement mordu par le loup-garou Blaise (qui estime qu'il y a assez de vampires dans le personnel), Aurélien est devenu un démon qui se transforme lorsqu'il s'énerve. La jolie sorcière Gretchen décide de la chaperonner et lui avoue être là en infiltration pour le compte de la Royal Witchtcraft Agency.
Cette nouvelle recrue rassure aussi les actionnaires et le représentant des intérêts du propriétaire, Behemoth, mais provoque la jalousie des zombies, qui craignent pour leur emploi et lui tendent un piège en attirant dans le parc l'amant de sa femme...
J'ai découvert ce premier tome en achetant le dernier numéro (sorti en Septembre) de Méga Spirou, même si j'en avais eu un avant-goût auparavant, dans un tout autre contexte, lorsque je vis le clip, réalisé par Arthur De Pins, de la chanson Nameless World du groupe Skip The Use (voir ci-dessous).
L'auteur est un des jeunes talents familiers des lecteurs de Spirou, dans lequel est pré-publiée sa série, mais aussi des fans de Fluide Glacial, ou plutôt de son hors-série Fluide Glamour, dans lequel paraissait Péchés Mignons. Né en 1977, De Pins a suivi les cours des Arts Décos puis a été formé au dessin d'animation, comme concepteur graphique dans les studios Polygon et SPI Animation. C'est donc logiquement qu'il travaille avec des instruments informatiques.
Avec Zombillénium, il s'est lancé dans un projet ambitieux, dont la finalité était d'être transformé en un long métrage, actuellement en cours de production. Le concept est accrocheur comme son décor principal, ce parc d'attractions dans lequel travaillent d'authentiques monstres comme des vampires, loups-garous, momies, squelettes, sorcières.
Pour faciliter l'immersion du lecteur dans cet univers décalé, De Pins utilise un procédé classique : prendre un personnage à l'origine normal dont des circonstances défavorables vont bouleverser l'existence. Le scénario développe une multitude de situations savoureuses en alternant les effets qui relèvent du fantastique traditionnel (la galerie de freaks, le cadre à la fois déprimant - le Nord de la France éternellement pluvieux... Ce qui va ravir les ch'tis...) et des éléments comiques (avec des gags générés par les relations ou la condition des employés du parc). De Pins y ajoute un subplot : le rôle équivoque de Gretchen, la sorcière qui est chargée par une organisation de tuer les démons mais qui est la fille de... (je vous laisse découvrir qui).
Les seconds rôles sont soignés et abondent en clins d'oeil : de la momie Aton qui récupère in fine le costume de Clo-Clo (Claude François étant lui-même d'origine égyptienne) à José qui reprend Thriller de Michael Jackson en passant par la rivalité entre Francis Von Bloodt (vampire qui gère le parc en bon père de famille) et Blaise (loup-garou au tempérament ombrageux) ou Sirius le squelette qui prétend avoir été un militant noir mort sur la chaise électrique en 1956. La séquence où Gretchen raconte son passé à Aurélien est croustillante, avec une case où elle révèle avoir couché avec un certain Harry (Potter) impuissant.
Le récit est très rythmé, et dense, et le découpage en rend bien compte, avec des planches comptant souvent plus de dix cases. De Pins alterne avec talent des plans de valeurs variées, excellant aussi bien quand il campe un personnage très expressif que pour représenter un décor démesuré.
Néanmoins, en ce qui concerne justement les décors, l'artiste se dispense volontiers d'en donner à de nombreuses vignettes, préférant suggérer une ambiance par des fonds colorés lorsque l'action se déroule en intérieur. Cela provoque une désagréable impression de vide ou en tout cas de flou en arrière-plan.
Ce sentiment est souligné par le traitement informatique de l'image : cette technique est bien maîtrisée par De Pins mais fait que sa bande dessinée a plus souvent qu'à son tour l'air d'être un super storyboard. Comme il a fait le pari de ne pas contourer de noir ses personnages ou ses décors, le contraste qu'apporte un encrage traditionnel est absent et aboutit à un défaut de définition un peu agaçant.
Néanmoins, Zombillénium est une lecture originale et plaisante, au ton et à l'esthétique singuliers. Le long métrage d'animation qui en sera adapté permettra sans doute à son auteur d'exaucer son rêve en même temps, sûrement, s'assumer sa véritable vocation.
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