THE AMAZING SPIDER-MAN est un film réalisé par Marc Webb, produit par Columbia Pictures et Marvel Studios, sorti en France le 4 Juillet 2012.
Le scénario est écrit par Alvin Sargent, Steve Kloves et James Vanderbilt, d'après les personnages créés par Stan Lee et Steve Ditko. La direction artistique du film est assurée par Page Buckner, Michael E. Goldman et David F. Klasser. La photo est signée par John Schwartzman.
Dans les rôles principaux, on trouve : Andrew Garfield (Peter Parker / Spider-Man), Emma Stone (Gwen Stacy), Rhys Ifans (Curt Connors / le Lézard), Denis Leary (George Stacy), Michael Sheen (Ben Parker), Sally Field (May Parker).
*
ATTENTION ! SPOILERS !
Quand il était encore enfant, Peter Parker s'est vu subitement confié par ses parents à ses oncle et tante, Ben et May Parker. Il grandit sans savoir ce qui est arrivé à sa famille, tout en menant de brillantes études.
Oncle Ben, tante May et Peter Parker avant le drame qui les brisera...
(de gauche à droite : Michael Sheen, Sally Field et Andrew Garfield)
Désormais au lycée, Peter subit les brimades de son camarade Flash Thompson, qui est tout son contraire : sportif et adulé par les filles de l'établissement, dont Gwen Stacy pour qui il éprouve des sentiments amoureux secrets.
Alors qu'il aide son oncle à faire un peu de ménage, Peter retrouve une mallette ayant appartenu à son père et contenant des documents confidentiels sur les recherches scientifiques qu'il menait avant sa disparition. Sur une photo, il apparaît aux côtés d'un confrère que son oncle identifie comme le docteur Curtis Connors, collaborateur des laboratoires Oscorp.
Gwen Stacy et Peter Parker au campus.
(Emma Stone et Andrew Garfield)
Alors qu'il aide son oncle à faire un peu de ménage, Peter retrouve une mallette ayant appartenu à son père et contenant des documents confidentiels sur les recherches scientifiques qu'il menait avant sa disparition. Sur une photo, il apparaît aux côtés d'un confrère que son oncle identifie comme le docteur Curtis Connors, collaborateur des laboratoires Oscorp.
Gwen Stacy aux laboratoires Oscorp.
(Emma Stone)
Peter réussit à se faire passer pour un des stagiaires admis aux labos et découvre que Gwen est l'assistante de Connors. Il la convainc de ne pas le dénoncer et en profite pour visiter, seul, les installations. C'est ainsi qu'il accède à une pièce où est conçu un câble très résistant sur le modèle du fil d'araignée génétiquement modifiée.
Mordu par une des bestioles, il quitte le bâtiment. Dans le métro qui le reconduit chez lui, Peter ressent les premiers effets de cette morsure qui l'a doté d'une agilité et d'une force hors du commun ainsi que la capacité d'adhérer aux parois.
Peter comprend que les recherches de son père et celles de Connors ont le même objet et peuvent l'aider à comprendre l'acquisition de ses propres pouvoirs. Connors travaille en particulier sur un moyen de régénérer les membres amputés (lui-même est manchot), comme en sont capables certains reptiles.
Il rend visite au scientifique chez lui et lui donne la solution à un algorithme essentiel dans ses travaux.
Connors, fort de cette avancée, tente toutefois de la dissimuler au docteur Ratha, qui le presse pour trouver un moyen de soigner leur employeur, Norman Osborn.
Il rend visite au scientifique chez lui et lui donne la solution à un algorithme essentiel dans ses travaux.
Connors, fort de cette avancée, tente toutefois de la dissimuler au docteur Ratha, qui le presse pour trouver un moyen de soigner leur employeur, Norman Osborn.
Gagnant en assurance, Peter en profite pour se venger des humiliations que lui a fait subir Flash Thompson. Mais cela lui vaut une sanction disciplinaire et les remontrances de son oncle. Exaspéré, le jeune homme claque la porte pour retourner aux laboratoires Oscorp et assister Connors avec lequel il teste une nouvelle formule sur une souris amputée.
De retour chez son oncle et sa tante, une nouvelle dispute éclate. Peter ressort et sème son oncle qui est abattu par un voleur.
De retour chez son oncle et sa tante, une nouvelle dispute éclate. Peter ressort et sème son oncle qui est abattu par un voleur.
La police laisse un portrait-robot à Peter qui part à la poursuite du malfrat, tandis que sa tante est inconsolable. Mais sa traque n'aboutit pas - pire, des criminels ripostent. Il se confectionne alors un déguisement appareillé pour protéger son identité et améliorer sa technique de combat. Bientôt, les médias commencent à parler de ce curieux justicier masqué en ville et le baptise Spider-Man.
Spider-Man en action.
(Andrew Garfield)
Entretemps, Peter est invité par Gwen à dîner avec sa famille : la recontre se passe mal car le père de la jeune fille n'est autre que le capitaine de police George Stacy, persuadé que Spider-Man contrevient à la loi.
Mais Peter avoue ensuite à Gwen son secret et l'embrasse.
Le Dr Ratha contraint Connors à entamer des tests sur des cobayes humains car l'état de santé d'Osborn empire. Le refus de Connors entraîne son renvoi : il décide alors d'essayer la formule sur lui-même. L'expérience semble réussir, il voit son bras se recomposer puis perd connaissance.
A son réveil, il apprend que Ratha est en route avec la formule pour l'injecter à des vétérans de la guerre : Connors se transforme alors en une créature horrible, mi-homme mi-lézard, et part à la poursuite de son ancien confrère.
Sur le Pont Williamsburg, le Lézard affronte Spider-Man et prend la fuite.
Peter soupçonne Connors d'être le Lézard et essaie, sans succès, de convaincre le capitaine Stacy. Il le piste donc en explorant les égouts. Un nouveau combat les y oppose, à l'avantage du méchant qui démasque Peter. Leur affrontement se prolonge dans l'enceinte du lycée jusqu'à l'intervention de la police qui force les deux assaillants à battre en retraite.
Le capitaine de police George Stacy, père de Gwen, choisit finalement de soutenir Spider-Man.
(Denis Leary)
Peter découvre, en revenant au repaire de Connors, le plan de ce dernier : il veut propager un gaz depuis le sommet de la tour Oscorp afin de provoquer une mutation générale de la population de New York.
Tandis qu'il part l'en empêcher, Peter appelle Gwen, déjà sur place, pour qu'elle mette l'antidote conçu par Connors à l'abri.
George Stacy parvient à coincer Spider-Man en chemin et découvre que Peter se cache derrière le masque du justicier. Le policier accepte alors de l'aider et ils vont affronter ensemble le Lézard.
Peter réussit à remplacer le produit de Connors par l'antidote qui annule les effets de sa transformation. Mais le capitaine Stacy se sacrifie pour cela.
Peter tient la promesse faite à George Stacy mourant de tenir Gwen à l'écart de sa double vie pour la protéger. Mais au lycée, les deux jeunes amoureux se retrouvent malgré tout.
Tandis qu'il part l'en empêcher, Peter appelle Gwen, déjà sur place, pour qu'elle mette l'antidote conçu par Connors à l'abri.
Le Lézard en action.
(Rhys Ifans)
George Stacy parvient à coincer Spider-Man en chemin et découvre que Peter se cache derrière le masque du justicier. Le policier accepte alors de l'aider et ils vont affronter ensemble le Lézard.
Peter réussit à remplacer le produit de Connors par l'antidote qui annule les effets de sa transformation. Mais le capitaine Stacy se sacrifie pour cela.
Peter tient la promesse faite à George Stacy mourant de tenir Gwen à l'écart de sa double vie pour la protéger. Mais au lycée, les deux jeunes amoureux se retrouvent malgré tout.
Pendant ce temps, Connors croupit en prison où il reçoit une visite. Interrogé sur ce qu'il a pu révéler à Peter sur le passé de ses parents, le scientifique jure n'avoir rien dit mais demande à ce qu'on laisse le jeune homme tranquille...
Cette différentiation est louable car elle permet de voir le film de Marc Webb comme un produit différent du premier opus de Sam Raimi, mais ce dernier avait un avantage imparable : le script de David Koepp synthétisait les origines avec une redoutable efficacité qui dynamisait tout le reste.
Il fallait aussi à ce reboot un vilain distinct de la trilogie de Raimi et suffisamment emblématique pour convaincre les fans et épater les amateurs. Le choix du Lézard est judicieux, mais sa représentation n'est pas très convaincante (il ressemble plus à Voldemort dans Harry Potter qu'à la créature - trop ? - effrayante des comics), ce qui nuit à son efficacité visuelle (décidément un problème récurrent des adaptations du Tisseur au cinéma, hormis Dr Octopus et l'Homme-Sable).
En revanche, on accordera des bons points pour la désignation et le traitement de seconds rôles comme ceux de Gwen et George Stacy, (quasi) absents de la trilogie de Raimi (Gwen avait été incarnée par Bryce Dallas Howard dans le 3ème épisode). Ecrits de manière très énergique, intégrés intelligemment à l'intrigue, fournissant des moments dramatiques décisifs, ils contrastent favorablement avec les insupportables prestations dans les films de Raimi de Kirsten Dunst (MJ Watson), Willem Dafoe (Norman Osborn) et James Franco (Harry Osborn).
Je suis plus dubitatif avec les nouvelles versions de Ben et May Parker ou la présence de Curt Connors, interprétés avec un manque de relief égal à leurs écritures.
Le déroulement de l'histoire, comme le prouvent les scènes coupées visibles dans les suppléments du dvd, est handicapé par des ellipses discutables, mais inévitables pour un film qui, en l'état, affiche 2 heures 10. On s'étonne à plusieurs reprises que tante May, devenue veuve, ne semble pas particulièrement fâchée quand elle voit rentrer Peter après une longue absence (durant laquelle il était avec Gwen, Connors ou contre le Lézard). On ricane aussi devant l'énormité d'une scène comme celle où les grutiers prêtent main forte à Spider-Man. On s'agace de voir le héros démasqué par trop de personnages (Connors, George Stacy).
Or, donc, l'initiative tronquée de Webb de filmer quelques séquences en caméra subjective, la réalisation ne brille guère par son originalité. Une des qualités du premier film du cinéaste, (500) Jours Ensemble, résidait aussi dans son montage (qui soulignait une narration déconstruite très stimulante), mais plus aucune audace non plus de ce côté-là. Pourtant, quand Webb orchestre un affrontement entre Spidey et le Lézard, comme celui dans le lycée, il prouve qu'avec des coudées franches, et des effets spéciaux bien employés, sa capacité à créer un vrai morceau de bravoure, non dénué d'humour (Stan Lee y a son traditionnel caméo, savoureux).
Le design de la production, pourtant assumé par trois responsables, est étonnamment médiocre, à commencer par le costume relooké du héros (qui rappelle celui figurant dans House of M ou la Saga du Clone), peu avantageux par rapport à celui d'après Steve Ditko conservé chez Raimi (et que ni les comics ni le cinéma n'ont su réinventer en l'améliorant). Le nombre de scènes nocturnes avec la photo, moyenne, de John Schwartzman n'arrange pas les choses. Esthétiquement, le film est un échec consommé.
Le casting repose donc essentiellement sur son couple vedette, qui demeure la plus grande satisfaction de ce reboot.
Andrew Garfield, remarqué notamment dans The Social Network (de David Fincher), joue un Peter Parker bien meilleur que Tobey Maguire, évitant tout pathos au personnage, lui insufflant plus de caractère, de détermination, et aussi plus de charme.
A ses côtés, celle qui est aussi sa compagne à la ville, on trouve Emma Stone, une des jeunes actrices américaines les plus intéressantes du moment : elle interprète Gwen Stacy avec beaucoup de finesse, n'hésitant pas à lui donner un aspect sexy sans sacrifier l'intelligence que son poste dans l'histoire exige. On est là aussi à des lieues de la Kirsten Dunst geignarde chez Raimi ou de Bryce Howard en potiche décolorée.
Rhys Ifans laisse entrevoir de bonnes choses en Dr Connors mais j'aurais volontiers préféré qu'il assume davantage le côté dérangé de son personnage : c'est comme si, dans les films consacrés à Spidey, les scénaristes ne pouvaient que rédiger un méchant cabotin ou qui finit par regretter ses actes. Il est tout aussi dommage que, jusqu'à présent, aucun auteur n'ait repris l'idée de J. Michael Straczynski de souligner l'aspect totémique de nombreux ennemis du Tisseur (comme l'est justement le Lézard, ou Le Rhino, le Vautour...).
Denis Leary est très bien en capitaine Stacy, virulent opposant à Spider-Man puis allié sacrificiel. Michael Sheen et Sally Field incarnent mollement l'oncle Ben et la tante May.
Tout dans cet Amazing Spider-Man frustre : on y devine les possibilités d'une redéfinition intéressante mais que des producteurs ont ostensiblement étouffé après l'avoir initié - un comble ! C'est un gâchis finalement, même si, admettons-le, on examinera avec curiosité la prochaine (et enfin bonne ?) version du personnage, qui profitera sans doute de son intégration au MCU (Marvel Cinematic Universe).
*
Ce reboot cinématographique de Spider-Man a fait couler beaucoup d'encre et abouti à une déception quasi-générale. Le deuxième film qui en sera tiré (Le destin d'un héros, sorti en 2014) ne sera pas mieux accueilli et sonnera le glas de ce qui était annoncé comme une nouvelle trilogie. Aujourd'hui, un accord entre Columbia Pictures, qui détenait les droits d'exploitation pour le grand écran du personnage, et Marvel Studios a même été conclu et débouchera sur une nouveau film, avec un nouveau réalisateur et de nouveaux acteurs, pour être intégré à toute la continuité cinématographique Marvel (celle d'Iron Man, Captain America, Avengers).
Tout cela n'aura donc été qu'une parenthèse dans les aventures de Spider-Man dans les salles obscures. A cause d'un de ces fameux "désaccord artistique", comme les communiqués de presse des grands studios le résument, entre Sam Raimi et Columbia. Le cinéaste, qui avait dû composer avec des exigences de production contraires à ses souhaits pour le troisième volet de sa propre trilogie, voulait obtenir le choix du vilain qui affronterait le héros dans un 4ème opus (en l'occurrence le Vautour, que devait incarner John Malkovich, jugé trop vieux pour le public visé), et ses acteurs principaux (Tobey Maguire, alias Peter Parker, et Kirsten Dunst, alias Mary-Jane Watson) ambitionnaient une revalorisation salariale sans être très enthousiastes à l'idée de rempiler pour un film supplémentaire.
Le studio Columbia préféra donc se passer des services de l'équipe artistique qui fit pourtant de Spider-Man une franchise très rentable sur grand écran, avant de carrément choisir de revoir l'entièreté du projet.
Je dois à présent avouer que je n'ai jamais été un inconditionnel de la trilogie de Sam Raimi : le premier film reste de loin son meilleur même s'il est partiellement gâché par un détail cosmétique (avec le design grotesque infligé au Bouffon Vert) ; le deuxième épisode est spectaculaire mais souffre d'un retournement de situation finale accablant (le Dr Octopus regrettant subitement ses méfaits) ; et le troisième sombrant dans un déluge d'effets spéciaux, pléthore de personnages et cabotinages d'acteurs mal dirigés.
En recrutant Marc Webb, réalisateur venu du cinéma indépendant et qui avait signé le très beau (500) Jours Ensemble (500 Days of Summer en v.o., avec Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel), Columbia a surpris les fans, qui ne connaissaient sûrement pas, pour la plupart, cet auteur. Mais ce n'est pas la première fois qu'une major de Hollywood débauche un talent qu'on n'imaginait pas aux commandes d'une grosse production super-héroïque (Bryan Singer était l'homme derrière Usual Suspects avant d'être abonné aux X-Men).
Des idées du jeune cinéaste, il en reste peu dans cette version : la plus mémorable se trouve dans quelques scènes dîtes en "Spider-view", où au lieu de filmer Spider-Man en train d'accomplir ses acrobaties on a droit à de courts passages en caméra subjective. Le procédé, immersif mais peu exploité, ne permet pas de juger vraiment ce que, appliqué plus largement, cela aurait donné.
A bien des égards, suivant cet exemple, The Amazing Spider-Man ressemble à l'archétype du film qui a échappé à son metteur en scène, repris en main par ses producteurs pour respecter le cadre d'un produit bien formaté. Trop formaté, à vrai dire, et, c'est le comble, malgré tout, bancal.
Ce n'est pas un mauvais film, mais un film mal foutu, avec un potentiel gâché. La faute en premier lieu au script : si Alvin Sargent, Steve Kloves et James Vanderbilt ont nettement revisité les origines du héros, leur scénario leur accorde une place bien trop grande, qui nuit grandement au rythme de l'ensemble. Les trois auteurs se sont visiblement inspirés davantage des comics de l'univers Ultimate, en en reprenant des éléments entiers (le passé des parents de Peter, la morsure de l'araignée génétiquement modifiée (et non radioactive) dans un laboratoire d'Oscorp), et la narration décompressée évoque celle de Brian Michael Bendis dans le comic-book Ultimate Spider-Man.
En recrutant Marc Webb, réalisateur venu du cinéma indépendant et qui avait signé le très beau (500) Jours Ensemble (500 Days of Summer en v.o., avec Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel), Columbia a surpris les fans, qui ne connaissaient sûrement pas, pour la plupart, cet auteur. Mais ce n'est pas la première fois qu'une major de Hollywood débauche un talent qu'on n'imaginait pas aux commandes d'une grosse production super-héroïque (Bryan Singer était l'homme derrière Usual Suspects avant d'être abonné aux X-Men).
Des idées du jeune cinéaste, il en reste peu dans cette version : la plus mémorable se trouve dans quelques scènes dîtes en "Spider-view", où au lieu de filmer Spider-Man en train d'accomplir ses acrobaties on a droit à de courts passages en caméra subjective. Le procédé, immersif mais peu exploité, ne permet pas de juger vraiment ce que, appliqué plus largement, cela aurait donné.
A bien des égards, suivant cet exemple, The Amazing Spider-Man ressemble à l'archétype du film qui a échappé à son metteur en scène, repris en main par ses producteurs pour respecter le cadre d'un produit bien formaté. Trop formaté, à vrai dire, et, c'est le comble, malgré tout, bancal.
Ce n'est pas un mauvais film, mais un film mal foutu, avec un potentiel gâché. La faute en premier lieu au script : si Alvin Sargent, Steve Kloves et James Vanderbilt ont nettement revisité les origines du héros, leur scénario leur accorde une place bien trop grande, qui nuit grandement au rythme de l'ensemble. Les trois auteurs se sont visiblement inspirés davantage des comics de l'univers Ultimate, en en reprenant des éléments entiers (le passé des parents de Peter, la morsure de l'araignée génétiquement modifiée (et non radioactive) dans un laboratoire d'Oscorp), et la narration décompressée évoque celle de Brian Michael Bendis dans le comic-book Ultimate Spider-Man.
Cette différentiation est louable car elle permet de voir le film de Marc Webb comme un produit différent du premier opus de Sam Raimi, mais ce dernier avait un avantage imparable : le script de David Koepp synthétisait les origines avec une redoutable efficacité qui dynamisait tout le reste.
Il fallait aussi à ce reboot un vilain distinct de la trilogie de Raimi et suffisamment emblématique pour convaincre les fans et épater les amateurs. Le choix du Lézard est judicieux, mais sa représentation n'est pas très convaincante (il ressemble plus à Voldemort dans Harry Potter qu'à la créature - trop ? - effrayante des comics), ce qui nuit à son efficacité visuelle (décidément un problème récurrent des adaptations du Tisseur au cinéma, hormis Dr Octopus et l'Homme-Sable).
En revanche, on accordera des bons points pour la désignation et le traitement de seconds rôles comme ceux de Gwen et George Stacy, (quasi) absents de la trilogie de Raimi (Gwen avait été incarnée par Bryce Dallas Howard dans le 3ème épisode). Ecrits de manière très énergique, intégrés intelligemment à l'intrigue, fournissant des moments dramatiques décisifs, ils contrastent favorablement avec les insupportables prestations dans les films de Raimi de Kirsten Dunst (MJ Watson), Willem Dafoe (Norman Osborn) et James Franco (Harry Osborn).
Je suis plus dubitatif avec les nouvelles versions de Ben et May Parker ou la présence de Curt Connors, interprétés avec un manque de relief égal à leurs écritures.
Le déroulement de l'histoire, comme le prouvent les scènes coupées visibles dans les suppléments du dvd, est handicapé par des ellipses discutables, mais inévitables pour un film qui, en l'état, affiche 2 heures 10. On s'étonne à plusieurs reprises que tante May, devenue veuve, ne semble pas particulièrement fâchée quand elle voit rentrer Peter après une longue absence (durant laquelle il était avec Gwen, Connors ou contre le Lézard). On ricane aussi devant l'énormité d'une scène comme celle où les grutiers prêtent main forte à Spider-Man. On s'agace de voir le héros démasqué par trop de personnages (Connors, George Stacy).
Or, donc, l'initiative tronquée de Webb de filmer quelques séquences en caméra subjective, la réalisation ne brille guère par son originalité. Une des qualités du premier film du cinéaste, (500) Jours Ensemble, résidait aussi dans son montage (qui soulignait une narration déconstruite très stimulante), mais plus aucune audace non plus de ce côté-là. Pourtant, quand Webb orchestre un affrontement entre Spidey et le Lézard, comme celui dans le lycée, il prouve qu'avec des coudées franches, et des effets spéciaux bien employés, sa capacité à créer un vrai morceau de bravoure, non dénué d'humour (Stan Lee y a son traditionnel caméo, savoureux).
Le design de la production, pourtant assumé par trois responsables, est étonnamment médiocre, à commencer par le costume relooké du héros (qui rappelle celui figurant dans House of M ou la Saga du Clone), peu avantageux par rapport à celui d'après Steve Ditko conservé chez Raimi (et que ni les comics ni le cinéma n'ont su réinventer en l'améliorant). Le nombre de scènes nocturnes avec la photo, moyenne, de John Schwartzman n'arrange pas les choses. Esthétiquement, le film est un échec consommé.
Le casting repose donc essentiellement sur son couple vedette, qui demeure la plus grande satisfaction de ce reboot.
Andrew Garfield, remarqué notamment dans The Social Network (de David Fincher), joue un Peter Parker bien meilleur que Tobey Maguire, évitant tout pathos au personnage, lui insufflant plus de caractère, de détermination, et aussi plus de charme.
A ses côtés, celle qui est aussi sa compagne à la ville, on trouve Emma Stone, une des jeunes actrices américaines les plus intéressantes du moment : elle interprète Gwen Stacy avec beaucoup de finesse, n'hésitant pas à lui donner un aspect sexy sans sacrifier l'intelligence que son poste dans l'histoire exige. On est là aussi à des lieues de la Kirsten Dunst geignarde chez Raimi ou de Bryce Howard en potiche décolorée.
Rhys Ifans laisse entrevoir de bonnes choses en Dr Connors mais j'aurais volontiers préféré qu'il assume davantage le côté dérangé de son personnage : c'est comme si, dans les films consacrés à Spidey, les scénaristes ne pouvaient que rédiger un méchant cabotin ou qui finit par regretter ses actes. Il est tout aussi dommage que, jusqu'à présent, aucun auteur n'ait repris l'idée de J. Michael Straczynski de souligner l'aspect totémique de nombreux ennemis du Tisseur (comme l'est justement le Lézard, ou Le Rhino, le Vautour...).
Denis Leary est très bien en capitaine Stacy, virulent opposant à Spider-Man puis allié sacrificiel. Michael Sheen et Sally Field incarnent mollement l'oncle Ben et la tante May.
Tout dans cet Amazing Spider-Man frustre : on y devine les possibilités d'une redéfinition intéressante mais que des producteurs ont ostensiblement étouffé après l'avoir initié - un comble ! C'est un gâchis finalement, même si, admettons-le, on examinera avec curiosité la prochaine (et enfin bonne ?) version du personnage, qui profitera sans doute de son intégration au MCU (Marvel Cinematic Universe).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire