dimanche 5 juillet 2015

Critique 659 : SPIROU N° 4029-4030 (1er Juillet 2015)


Cette semaine, numéro double de 100 pages, "spécial vacances", avec une belle widescreen cover de Bruno Dequier, dont le tome 4 de Louca commence sa prépublication (toujours aussi tonique mais hélas ! toujours aussi vide : 10 pages juste pour une scène avec un coup franc !).
La rédaction a demandé aux auteurs de broder sur le thème des vacances d'antan, et il y a des pépites. 
(La semaine de Spirou est déjà jubilatoire :
c'est Olivier Schwartz qui la signe.) 

J'ai aimé :

- Spirou : Tu ne fais pas le poids !... Chiche ? A quel bonheur de relire Al Séverin pour ce récit de 4 pages traité en bichromie : dire qu'il a failli abandonner la BD par conviction religieuse (il est témoin de Jéhovah) ! L'argument est simple (Spirou défie Fantasio au vélo) mais le traitement est exceptionnellement beau, avec ce trait rétro, d'une élégance incomparable, ce sens prodigieux du découpage. Formidable ! (Voir ci-dessous :)

- Les Vacances de Monsieur Fantasio. On est gâté car Fabrice Parme est aussi de retour pour 4 pages en hommage à la fois à Franquin et Jacques Tati. Là encore, l'auteur tire le maximum d'un synopsis minimal (Fantasio à la plage) par la grâce d'un dessin épuré, dynamique, au charme acidulé. Quel bonheur ! (Voir ci-dessous :)

- Vacances 70. J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le bien que m'inspirait Nicoby et j'en profite encore cette fois : citant Michel Jonasz, il nous invite à revivre ses vacances au bord de la mère (avec son père, sa mère et sa soeur). C'est juste, sensible, émouvant : vraiment excellent. Le dessin est là encore d'une qualité remarquable.

- Boni : Les Vacances de jeunesse de grand-papa ! Ian Fortin ne pouvait pas être absent de ce numéro et livre quatre nouveaux strips dont le héros est cette fois le papy de Boni : le décalage entre les souvenirs enchantés relatés par l'ancêtre et leur représentation suscite de francs éclats de rire, avec toujours ce graphisme délicieux.

- Adeline : Innocents souvenirs. Alex Lopez joue aussi du thème des vacances en utilisant un narrateur autre que son héroïne : pour une fois, la tonicité du dessin de l'espagnol trouve un bon équilibre avec son script.

- Dad : Random Access Memories. Nob nous gratifie de quatre pages inédites construites en flash-back : difficile de ne pas être touché par cette petite histoire à l'évidence autobiographique (sauf la chute), et qui a a trouvé un écho parfait chez moi (les après-midi en HLM à regarder Albator à la télé en bouffant des Pepito, toute ma jeunesse !). Le gag final était presque dispensable (même s'il est drôle). Mais quel talent, ce Nob !

- A Ciel ouvert. Guillaume Bouzard, délaisse sa sorcière et ses deux copains chelous pour y aller lui aussi de sa petite évocation passée : le résultat est très marrant, foisonnant de détails imparables (la découverte des magazines pour adultes).

- Nostalgia. Sergio Salma parle de ses parents, des immigrés italiens sur quatre décennies et quatre pages, avec le concours de Pascal Thivillon au dessin : c'est tout simplement bouleversant, d'une lucidité poignante. Sans doute une des contributions les plus notables à ce numéro: une confession sans fard, mais pas sans pudeur.

- Régis et Alfred soufflent un peu. Alfred est rare dans les pages de la revue (même s'il est parfois présent dans L'Atelier Mastodonte, et encore sous le crayon des amis), c'est bien dommage car ces deux planches sont irrésistibles.

- Les Vacances de Spouri. Fred Neidhardt conclut son pastiche de Rob-Vel en renvoyant ses deux héros dans le présent : l'occasion d'un gag bien acide sur Brigitte Bardot.

- Petit Peintre du dimanche. Jérôme Jouvray, comme Alfred, est plus souvent à l'honneur dans L'Atelier Mastodonte que pour ses propres oeuvres : en lisant son récit de vacances, où il évoque à la fois son enfance et son besoin de lâcher le dessin parfois, on déplore que cet excellent auteur ne produise pas davantage.

- Les Cavaliers de l'Apocadispe passent des vacances nulles. Alors, là, c'est bien simple, vous allez pleurer de rire avec le grand-père d'un des trois zigotos. Libon a un prodigieux sens comique et c'est, en un sens, le contrepoint parfait à Nostalgia de Salma (avec qui le dessinateur signe chaque semaine Animal lecteur, qui sera à l'honneur du prochain n°).

- Rob. Exceptionnellement là encore, James et Boris Mirroir livrent deux pages, formant une séquence entière : les congés vus par Clutch, c'est pas piqué des hannetons.

-Vacances d'antan. Guillaume Bianco revient sur ses étés avec sa cousine et l'évasion que lui procure le dessin : 16 plans d'une vivacité formidable pour cet auteur-clé de la revue (bien plus indispensable que ce pauvre Cauvin).

- Imbattable. Pascal Jousselin nous propose une page plus sage que d'habitude, avec une vraie morale : ça reste quand même très bon, même si, pour une fois, on est moins bluffé.

- L'Atelier Mastodonte... Ne prend pas de vacances, surtout pour nous faire rigoler : cette semaine, Mathilde Domecq est perturbée par un bruit étrange... Qui vient de Tebo, plus enragé que jamais (et toujours en mode Kirby) !

En direct de la rédak donne la parole à quelques-uns des auteurs mis à contribution pour ce numéro (Nob, Libon, , Salma, Bianco). Et donc, dans le prochain n°, 500ème épisode de Animal Lecteur !
Les aventures d'un journal revient sur un des très rares épisodes de Boule et Bill par Roba où les deux héros ne sont pas au coeur de l'histoire et qui dépassait le cadre du gag en une page.

Pas de supplément pour les abonnés, mais un cahier de jeux d'une quinzaine de pages pour occuper ceux qui en auront envie (avec une page d'entrée dessinée par Nob).

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