Ce sixième épisode conclut le premier arc narratif du Thor de Donny Cates et Nic Klein. Cette histoire n'a pas été conduite de manière irréprochable (d'ailleurs elle avait été annoncée en cinq chapitres), mais elle ne manque pas d'un souffle épique qui fait quand même plaisir à lire. Et cela m'a motivé pour la suite (alors que je pensais ne pas continuer).
L'Hiver Noir réclame donc le retour de Galactus à son poste de héraut comme il le fut jadis. Malgré le surcroit de puissance qu'il a acquis en consommant cinq planètes, le dévoreur de mondes demeure incapable de résister à son ancien maître.
Une autre mauvaise surprise attend Galactus car Thor, furieux d'avoir été manipulé dans cette affaire et témoin de la mort d'innocents, se retourne contre le dévoreur de mondes et le condamne à mort. Il le frappe avec un éclair surpuissant.
L'hiver Noir pense que Thor va lui livrer Galactus mais le dieu du tonnerre veut éliminer la menace pour sauver son univers. En aspirant l'énergie cosmique engrangée par Galactus, il délivre un nouvel éclair capable de littéralement pulvériser l'Hiver Noir.
Galactus est mort et avant de l'être à son tour, l'Hiver Noir offre à Thor de voir comment il finira. Cette vision accablera le roi d'Asgard au point d'être incapable de la raconter au Surfeur d'Argent...
Démarré en force, ce premier arc narratif de Thor version Donny Cates a connu un terrible "ventre mou" quand le scénariste a cru bon de délayer son récit en y intégrant Beta Ray Bill durant deux épisodes. Ensuite, il a fallu, visiblement, rattraper ce temps perdu et mettre en scène le face-à-face attendu entre Galactus et l'Hiver Noir.
On peut donc nourrir quelques regrets en considérant la construction maladroite de l'intrigue car si Donny Cates corrige efficacement sa copie, il est passé tout près du sans-faute. On pourra toujours pester contre cette manie des arcs narratifs en cinq ou six parties et estimer que pareille histoire aurait pris moitié moins de place dans les mains d'un auteur classique. Mais par ailleurs ce système de narration a aussi prouvé qu'il produisait des récits très réussis, donc gardons-nous de tout jeter.
Six épisodes donc, au lieu de cinq initialement annoncés. Et c'est heureux que Donny Cates ait changé ses plans pour conclure dignement. La révélation finale de l'épisode précédent (Galactus fut le héraut de l'Hiver Noir) aboutit à un final explosif, très spectaculaire, avec un dénouement terrible. Le déchaînement de puissance à l'oeuvre dans ce chapitre impressionne et renvoie aux grandes heures du run de Walter Simonson (par exemple), avec un Thor confronté à des ennemis a priori supérieurs.
Mais, ce faisant, Donny Cates établit fermement le rang nouveau du personnage, roi d'Asgard et des Dix Royaumes. Un souverain impétueux, maladroit, mais que l'adversaire renvoie à un destin funeste. Je ne spoilerai pas la vision que l'Hiver Noir offre au dieu du tonnerre mais la double page que Nic Klein lui consacre est saisissante - et annonce certainement une prochaine saga (peut-être un futur event même). La réaction de Thor devant le Surfeur d'Argent est sobrement dépeinte mais l'émotion qui s'en dégage est intense : on comprend parfaitement l'accablement du héros.
Ce redressement est assez méritoire pour que j'ai finalement envie de poursuivre l'aventure de cette série alors que les développements bancals de l'écriture de Cates me décourageaient (j'avais déjà été échaudé par ses Guardians of the Galaxy pour des raisons similaires). Il faut encourager un scénariste quand il parvient à vous convaincre de rester. J'aime cette version de Thor, je la soutiens. En souhaitant toutefois que les prochaines intrigues soient plus rigoureuses.
Soyons lucides : si je reste, c'est aussi, pour beaucoup, grâce à Nic Klein. L'artiste est généreux dans l'effort et il a réalisé six épisodes mémorables. Il est tout à fait exact, comme l'a affirmé Cates, que Klein est né pour dessiner Thor et ce qui l'accompagne. J'ai hâte de voir comment il va s'emparer de cet environnement et animer le personnage.
Cet épisode donne la mesure du talent de Klein : l'action domine, mais le récit fonctionne comme une suite de coups d'éclat. Il faut donc être capable de monter en puissance à chaque fois qu'une attaque se produit et le moins qu'on puisse dire, c'est que de ce côté-là, le scénario donne du "biscuit" à l'artiste. On a droit à l'exécution de Galactus, et ce n'est que le début. Cette scène est déjà ahurissante (même si je pense que le dévoreur de mondes ressucitera d'une manière ou d'une autre, c'est un élément trop iconique du Marvelverse pour disparaître ainsi).
Mais la confrontation entre Thor et l'Hiver Noir est encore plus éblouissante. Surtout qu'elle s'achève sur une note assez poétique. En effet, quoi de plus logique pour un hiver cosmique que d'être réduit en flocon, d'être désintégré par un éclair XXL ? Il y a là une représentation à la fois massive de la puissance de Thor et une résolution graphique inspirée. La forme même de l'Hiver Noir est d'ailleurs une des grandes réussites de cet arc puisque ce n'est pas vraiment un être constitué mais plutôt une nuée, un gros nuage. Klein aurait pu jouer la surenchère en en faisant une créature démesurée, mais il a choisi une alternative originale, bien plus menaçante car insaisissable.
La suite s'écrira sans Klein cependant car les deux prochains numéros formeront un mini-récit centré sur Mjolnir qui échappe à Thor pour retourner à Broxton, Oklahoma, théâtre des nouveaux caprices du marteau d'Uru. Et c'est Aaron Kuder qui dessinera donc ce dyptique, dans un style forcément très différent. Mais en même temps que Klein, c'est un autre revenant qui sera au générique du #9 car Donny Cates va réintroduire... Donald Blake (ce qui, à titre personnel, me ravit). A suivre donc.
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