Décidément c'est le mois des fins puisque ce septième épisode de Future Quest presents est aussi le dernier chapitre de l'aventure de Birdman par Phil Hester et Steve Rude. Ce fut court, mais ce fut bon, et même davantage comme le prouve cette conclusion.
Mentok et ses disciples, après avoir tenté de pousser Jen Holder à tuer Birdman, sont interrompus par l'arrivée des agents de l'Inter-Nation. Ils se réfugient sur le toit de l'hôpital où le malfaisant leader aspire l'énergie vitale de ses sujets et des patients mourants afin d'ouvrir un portail dimensionnel pour le Dieu Décharné.
Falcon-7 supplie Birdman d'intervenir bien qu'il soit très perturbé par la révélation que le petit Jacob Holder ne soit pas son fils, après qu'il l'ait sauvé, et que l'Inter-Nation l'a manipulé en profitant de son amnésie partielle. Malgré tout, il s'envole pour affronter Mentok.
Répliquant grâce à la force que lui insuffle le Dieu Décharné, Mentok tourmente Birdman qui résiste grâce à un bouclier d'énergie solaire. Via l'esprit de Jacob, Jen Holder motive le héros pour qu'il riposte avant que l'essence du Dieu Ra ne soit dominé par celle de son adversaire.
Birdman réussit à briser le lien qui unit Mentok à ses sujets. Mais le méchant préfère être aspiré dans les ténèbres du Dieu Décharné que d'être sauvé en étant purifié par son adversaire.
Les agents de l'Inter-Nation prennent en charge les disciples dépossédés de Mentok, parmi lesquels Jen Holder tandis que Falcon-7 promet à Birdman de déclassifier son dossier afin qu'il recouvre la mémoire. Mais le héros fait le choix d'aller de l'avant en se consacrant à ses activités de justicier.
L'épisode débute par un tour de passe-passe narratif dans lequel Phil Hester se prend un peu les pieds : en effet, il s'avère que Mentok et sa clique dans la chambre de Jacob Holder ne sont qu'une illusion voué à désespérer Birdman en lui faisant croire que Jen Holder est prête à le tuer. Pourtant, à la fin du précédent épisode, on voyait le héros se jeter sur les disciples de son ennemi : s'ils n'étaient que des visions, il leur serait passé à travers...
Si on excuse cet embrouillamini, qui, en soi, n'a rien de dommageable pour la suite, alors on embarque dans la fin de cette histoire avec le même plaisir qu'auparavant. Hester conduit son récit avec beaucoup de rythme tout en ayant procédé à un resserrage de son intrigue pour aboutir à son climax.
L'affrontement final entre Birdman et Mentok tient toutes ses promesses, il est spectaculaire, intense, tout en proposant une réflexion (basique mais efficace) sur la foi. En effet, Birdman est en plein doute avant la bataille car il vient de découvrir, en cascade, que Jacob n'est pas son fils, qu'il n'a donc pas eu de liaison avec Jen Holder, mais aussi que l'Inter-Nation s'est servi de lui en profitant de son amnésie partielle, compromettant du même coup ses sentiments pour Falcon-7. Pas l'idéal au moment d'en découdre avec Mentok.
Mais un questionnement identique se pose chez ce dernier qui doit, en puisant dans les forces de ses fidèles et des patients mourants de l'hôpital, invoquer le Dieu Décharné en ouvrant un portail dimensionnel. On remarque que cette action réclame un effort important chez le méchant et lui inspire même de l'appréhension quand la divinité du mal qu'il sert se manifeste, menaçante au point de le faire vaciller. Mentok paraît alors dépassé par ce qu'il sollicite.
Ces troubles sont magnifiquement traduits en images par Steve Rude dont les planches sont une fois encore - ou comme toujours, devrait-on dire - somptueuses. La virtuosité de cet immense dessinateur (pourtant colosse aux pieds d'argile car il a avoué, dans un documentaire récent, souffrir de bipolarité et avoir connu de sévères déboires financiers en se lançant dans l'auto-édition) produit des compositions puissantes et sophistiquées : il faut voir comment donne une pleine page par "The Dude", ça envoie du bois !
Mais quand il découpe une scène en un "gaufrier" de neuf cases ou qu'il se passe de cadres pour exprimer le déferlement d'énergie déployée par les deux adversaires, on est également bluffé par ce mélange d'élégance et d'énergie. Les couleurs de John Kalisz parachèvent cette oeuvre avec une palette vive, tonique, qui convient idéalement à l'ambiance rétro du récit mais aussi au dessin classique, dans le sens le plus noble, de Rude. Quel bonheur !
Ces trois épisodes ont été un régal et Hester comme Rude y ont manifestement pris beaucoup de plaisir. On rêve de voir les deux hommes se réunir très vite pour un nouveau projet. La BD, quand elle est aussi bien servie, c'est du caviar !
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