Charles Soule poursuit le deuxième arc narratif de ses Astonishing X-Men avec toujours la même ambition feuilletonesque (l'histoire déroule son fil depuis le #1). Il est cette fois-ci accompagné par le dessinateur Paulo Siqueira, sans doute l'artiste le moins connu depuis le début de son run, mais pas le moins doué. Et encore une fois, c'est une lecture très gratifiante.
Proteus, lâché dans Londres, se gave de l'énergie des civils qui ont le malheur de croiser sa route. Alors qu'Archangel pose sur le toit d'un immeuble Old Man Logan et Gambit, X réfléchit à un plan pour stopper leur ennemi qui a franchi le plan astral en même temps que lui.
Au sol, Bishop reste en première ligne et tente de stopper Proteus en lui tirant dessus mais X lui explique que cela ne fait que le renforcer. Effectivement plus puissant et imposant, le mutant se dirige vers Hyde Park.
Tandis que Old Man Logan est prêt, en entraînant Archangel dans son raid, à tuer Proteus pour qui le métal des griffes de l'un et des ailes de l'autre constituent son seul point faible, X le convainc de tenter une autre riposte. Pour cela, il a besoin de Psylocke.
Les deux X-Men investissent les pensées de Proteus et Kevin McTaggert leur propose une trêve, estimant avoir été suffisamment malmené par le passé quand il fut isolé par sa mère (Moira Mctaggert) puis tué une première fois par Colossus et que son esprit fut récupéré par le Roi d'Ombre.
Mais cela ne convainc pas X, résolu à le supprimer. Proteus contre-attaque aussitôt et radicalement en faisant fusionner les esprits et les corps de X et Betsy Braddock dans la réalité !
Lorsqu'on examine les huit épisodes produits par Charles Soule et ses dessinateurs, force est de constater que le scénariste ne s'est pas facilité la tâche en désignant pour ses deux arcs narratifs un ennemi mental. Représenter le pouvoir dans sa forme la plus abstraite, en faire ressentir la menace et la puissance en maintenant le suspense et visuellement de façon efficace, sont un challenge en soi, et c'est sans doute ce pourquoi, pendant longtemps, le traitement de Charles Xavier comme protagoniste actif a été un problème pour les auteurs.
Le Pr. X était la plupart du temps ce chef d'équipe en chaise roulante (pas très mobile donc pas très spectaculaire dans un genre qui exige du mouvement) au caractère rigide, avec des comportements limites envers ses ouailles (attirance trouble pour Jean Grey, autoritarisme envers les fortes têtes de ses équipes, concurrence pour le leadership avec Cyclops, et je passe sur les mutants sacrifiés "pour la bonne cause", les manipulations psychiques, les doubles maléfiques, etc.). Un bonhomme en définitive peu sympathique, cassant, emmerdant (disons-le franchement) à traîner.
Si vous ajoutez à ça des ennemis qui évoluent dans sa sphère, donc des télépathes dont les capacités n'ont rien de graphiquement accrocheurs (lire dans les esprits, effacer des souvenirs, jouer au marionnettiste...), c'est pas très sexy.
Pourtant, donc, dans ces contraintes cumulées, Soule semble avoir trouvé une inspiration qui ne dément pas depuis huit mois. Après le duel contre le Roi d'Ombre, voici que les Astonishing X-Men combattent avec Proteus, et pour ça, doivent visiter ses pensées. Bien sûr, il y a de la casse, bien physique, au passage, dans les rues de Londres jusqu'à la fusion X-Betsy Braddock à la fin de cet épisode (vision qui laisse le lecteur aussi médusé que les héros). Mais l'essentiel reste quand même des jeux d'esprits, des "mind games" (comme les chantait John Lennon).
Mieux encore, le scénariste rend complexe la résolution du problème : les arguments de Kevin McTaggert pour que les X-Men cessent de l'embêter se valent tout à fait, le lecteur n'a aucun mal à compatir pour ce mutant certes puissant et menaçant mais dont l'existence n'est pas une vie (dixit Louis Jouvet).
Seul bémol (persistant) : l'inutilité de Bishop, dont la seule intervention ici (la vraie première depuis le début de la série en fait) est d'une idiotie sans nom, dont il ne tire aucun enseignement. Cela donne l'impression que sa présence a été imposée au casting... Ou alors Soule lui prépare un rôle décisif tardif.
Seul bémol (persistant) : l'inutilité de Bishop, dont la seule intervention ici (la vraie première depuis le début de la série en fait) est d'une idiotie sans nom, dont il ne tire aucun enseignement. Cela donne l'impression que sa présence a été imposée au casting... Ou alors Soule lui prépare un rôle décisif tardif.
Paulo Siqueira est un artiste que je connais peu mais je me souviens de ses travaux sur Black Canary, Superman, Spider-Man. Ce n'est pas une star mais un artisan solide, avec un niveau technique accompli : ses personnages sont bien conçus, avec expressivité, et réalistes anatomiquement (même si ses femmes sont plutôt voluptueuses, mais sans les excès d'un Frank Cho par exemple). Idem pour les décors qu'il sait soigner tout en composant des plans dégagés quand la lisibilité de l'action l'impose.
Le résultat est clair, direct, agréable, même si l'encrage est un peu trop précieux, rempli de fioritures dont son trait n'a pas besoin (typique de ces dessinateurs qui gagneraient à passer sous le pinceau d'un vétéran pour profiter d'effets de texture et d'épaisseur plus appuyés). En gros, c'est un peu impersonnel, mais ça sert parfaitement le récit, sans chercher à l'encombrer. Solide, quoi.
Quoi qu'il en soit, la série conserve son attractivité intacte et je garde intacte l'envie de la poursuivre. D'autant que le prochain numéro accueillera un dessinateur que j'apprécie en la personne de Matteo Buffagni, et que nos héros vont subir un regain de colère de Porteus...
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