Pénultième numéro de la série (même s'il se dit déjà que Marvel la relancera dans quelques mois avec une nouvelle équipe artistique), ce quatrième chapitre de l'arc Kingpins of New York de Defenders renoue avec l'action et augure d'un dénouement spectaculaire mais néanmoins purement à l'image de son scénariste...
(David Marquez embarque Brian Bendis et Justin Ponsor une prévenue :
un running gag de la part du scénariste qui a, durant ses 17 ans chez Marvel,
souvent écrit des scènes dans les commissariats où ses artistes le représentaient...)
Jessica Jones supplie Misty Knight de la laisser parler en privé avec le Punisher et elle y consent après qu'une junkie ait succombé à une overdose de la drogue de Diamondback dans le hall du commissariat. Face à Frank Castle, la détective privée lui demande de lui révéler qui couvre les arrières de Willis Stryker.
Les Defenders au complet coupent la route à Diamondback sur le point de quitter New York. Mais le malfrat a prévu cette éventualité et peut compter sur ses nouveaux gardes du corps, Titania, Moonstone et le Fixer.
Une bagarre éclate entre les deux groupes à laquelle assiste, tapi dans une ruelle voisine, Hammerhead, ressuscité par the Hood. Les justiciers prennent l'avantage contre leurs adversaires mais Diamondback, pour se débarrasser de Luke Cage, se gave de ses pilules qui lui donnent pour quelques instants une force herculéenne.
C'est alors que Black Cat intervient et tire avec une mitraillette lourde sur Willis Stryker. Cela ne le tue pas mais l'assomme. Hammerhead est sidéré de voir que Felicia Hardy est toujours vivante après avoir été hospitalisée, suite aux blessures par balles que lui avait infligée son ennemi.
Titania, Moonstone et le Fixer sont neutralisés tandis que Black Cat négocie une alliance avec Cage : elle n'est pas venue seule puisque les Filles du Dragon (Misty Knight et Colleen Wing), White Tiger, Echo, et Spider Woman apparaissent alors, prêtes à régler cette guerre des caïds. Mais Hammerhead sort de l'ombre pour les mettre en garde contre the Hood et ses pouvoirs qui en font le véritable homme à abattre...
Comme l'épisode 7 avec Deadpool en guest-star, la couverture de ce numéro trompe le lecteur sur la présence effective de son casting de choc : toutes les super-nanas posant derrière Jessica Jones n'apparaissent qu'à la dernière page - une ruse qui amusera les fans de Brian Michael Bendis (car ils savent qu'avec lui, rien ne se joue comme prévu) et agacera ses détracteurs (qui lui reprocheront justement de promettre beaucoup par malice).
On ne va pas refaire le monde et on ne refera pas le scénariste : c'est ainsi, il clivera toujours - et ça ne changera pas avec son transfert chez DC Comics et l'annonce de ses premières séries (il va s'occuper des titres Superman et Action Comics, en remplaçant Peter J. Tomasi et Dan Jurgens... En attendant certainement un projet lié à Batman), qui ont déclenché des réactions toujours aussi passionnées.
Je me contenterai de dire, comme je l'ai souvent fait avec lui, que pour apprécier Defenders (comme nombre de ses précédentes productions), il faut accepter que l'auteur ait établi ses propres règles, et plus largement qu'il n'existe pas une seule manière d'animer des personnages et de construire une histoire. On peut reprocher ceci ou cela à Bendis, mais pas d'avoir sa voix, un style identifiables. Libre à chacun ensuite de le lire, mais en se retenant ensuite d'être étonné ou outré.
Filant à une allure folle, comme la majorité des chapitres depuis le début de la série, cet épisode doit son rythme au choix fait de miser sur l'action : une nouvelle baston spectaculaire oppose les Defenders à Diamondback, et on comprend facilement comment Jessica Jones, Iron Fist, Daredevil et Luke Cage prennent le dessus sur des adversaires pourtant supérieurs en puissance comme Titania, Moonstone et le Fixer, compensant par la ruse et la complémentarité l'inégalité des pouvoirs en place.
David Marquez est, on le sait, très à l'aise dans ce registre et il le prouve une nouvelle fois en découpant ce combat central, sur plusieurs pages, de manière très dynamique et fluide à la fois. L'impact des coups, la diversité des angles de vue, l'énergie déployée, la tension palpable entre les deux parties sont parfaitement illustrés grâce à des astuces simples, importés ici du manga (avec l'usage de traits de vitesse), ici du comics pur (la succession d'attaques soulignée par un effet de travelling avant quand Cage s'acharne sur Diamondback), et même un clin d'oeil au western (avec l'apparition de Black Cat et son énorme mitraillette - digne de celles que Sienkiewicz mettait entre les mains d'Elektra).
Cependant, le dessinateur néglige un peu les décors, peut-être par choix (pour focaliser l'attention du lecteur sur la bataille plus que sur la zone de combat, quelconque en vérité - une rue comme les bas-fonds de New York en compte des centaines), peut-être pressé par le temps (car, avec une attention de plus en plus grande portée à son travail, Marquez signe désormais, en plus des pages intérieures du titre, de nombreuses couvertures et variant covers pour d'autres séries exposées - telles que celles de la franchise "Star Wars").
Cet avant-dernier volet de l'aventure manque sans doute du piquant des précédents, réglant un problème pour mieux préparer le terrain à la conclusion, mais Defenders demeure une lecture très plaisante et aura abouti à un ensemble cohérent, nerveux et accrocheur, chant du cygne remarquable de la part de Bendis à ses "street-level heroes" qu'il aime tant.
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