mardi 19 juillet 2016

Critique 955 : BATMAN #41-42, de Scott Snyder et Greg Capullo


DC SNEAK PEEK : THE ROOKIE est un prologue de huit pages à l'arc narratif Superheavy, écrit par Scott Snyder et dessiné par Greg Capullo, publié en Août 2015 par DC Comics.
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Batman est porté disparu et considéré comme mort depuis son dernier affrontement contre le Joker (voir Endgame, Batman #35-40, Novembre 2014-Avril 2015). Gotham se remet lentement de l'attaque toxique du clown du crime et pleure son héros.  En partenariat avec la mairie et la police, l'entreprise Powers International, dirigée par Geri Powers, fabrique une armure perfectionnée et cherche qui la portera pour protéger la ville. L'ancien commissaire Jim Gordon est appelé pour ce job...

Ce prologue a à la fois le mérite de résumer les événements précédant le nouvel arc narratif qu'entame le scénariste Scott Snyder - fidèle à sa réputation, il lance une histoire en dix chapitres ! - et de présenter celui qui, donc, va devenir le nouveau Batman. 

La concision avec laquelle cela est réalisé est très appréciable et très efficace, et le choix du remplaçant est aussi logique (du fait de sa proximité historique avec Batman) que surprenant (à cause de son âge, de sa condition physique). Ce qui ravit surtout, c'est que le héros devient plus faillible, improbable, et donc introduit un suspense sur ses capacités à remplir sa mission.

Greg Capullo dessine ça sobrement, parvenant même à susciter une étonnante émotion avec la double page montrant les habitants de Gotham, une lampe-torche en main, projeter le "Bat-signal" dans le ciel. Le design de l'armure est également inattendu.

Du bon boulot avant d'entrer dans le vif du sujet. 
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BATMAN : SUPERHEAVY, PART ONE est le 41ème épisode de la série, écrit par Scott Snyder et dessiné par Greg Capullo, publié en Août 2015 par DC Comics.
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Jim Gordon a donc accepté d'être le nouveau Batman et, pour cela, a renoncé à la cigarette, eu droit à une opération des yeux, et suivi un entraînement physique. Equipé d'une armure et encadré par deux adjoints dans un vaisseau d'où il se jette sur le théâtre des combats, il doit vite faire ses preuves pour rassurer Geri Powers, les autorités et la population.
Il commence par affronter dans le quartier mal famé des Narrows un monstre d'énergie pure qui sert en fait de diversion pour le gangster Precious Precious qui a pris le joueur de base-ball Dodger Valera en otage.

Superheavy se réfère à la catégorie des "poids lourds" dans la boxe et renvoie, ici, à l'allure massive du nouveau Batman avec son imposante armure dans laquelle Jim Gordon s'est glissé. On peut aussi y lire la volonté de Scott Snyder d'avertir le lecteur qu'il va l'entraîner dans une saga au long cours (dix épisodes !) comme il les affectionne.

C'est donc avec prudence, sinon avec méfiance, que je me suis engagé dans la lecture de cet arc narratif car, précisément, c'est toujours la longueur des histoires de Snyder qui a fini par me lasser : je ne suis tout simplement jamais arrivé au bout d'un seul de ses récits.

Pourtant, là aussi, comme lors de mes précédentes tentatives, il démarre très fort, pied au plancher, avec un épisode spectaculaire, gorgé d'action. Ce qui me fait espérer aussi, c'est une dose d'humour que je ne soupçonnais pas chez le scénariste : les commentaires de Gordon sur l'aspect de l'armure ("Bat-rabbit", à cause de ses deux antennes sur le casque, qui ressemblent effectivement à des oreilles de lapin, ou les propositions de couleurs qu'on lui soumet) et les doutes de l'inspecteur Harvey Bullock dynamisent le propos dans une narration qui progresse entre flash-backs et action au présent.

Jim Gordon est le premier à douter de ses compétences pour un tel rôle et Snyder les traduit, via une voix off, avec bon sens : flic de terrain, habitué à arpenter les rues de Gotham, l'ex-commissaire de police domine dorénavant la ville lorsqu'il est parachuté pour aller combattre un monstre d'énergie pure... Mais ses réflexes reviennent vite quand il devine l'origine de son adversaire, ses motivations et la bonne manière de le neutraliser. Il en résulte un héros plus humain, là où Bruce Wayne était un prodige des échecs, anticipant plusieurs coups.

Greg Capullo semble lui aussi revivifié par ce nouveau Batman à animer, même si l'artiste affiche une régularité impressionnante depuis le début de son run avec Snyder - signant 39 épisodes depuis 2011 ! Il est plus à son avantage dans les scènes de baston, auxquelles il sait donner un souffle et une force impressionnantes, avec un découpage classique (des cases occupant généralement toute la largeur de la page) mais des compositions originales (parfois proches de l'abstraction, l'image se résumant à un détail minimaliste mais immédiatement évocateur - les yeux de Batman notamment).

Quand il doit mettre en scène les passages dialogués, Capullo est plus sage, et ses finitions plus expédiées, couvrant avec des à-plats noirs des parties d'un décor qu'il ne sait manifestement pas comment meubler. Mais l'encrage très précis de Danny Miki et la colorisation de Fco Plascencia (où dominent parfois des teintes étonnamment douces) imposent ces choix esthétiques de manière habile.

Vite, la suite !
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BATMAN : SUPERHEAVY, PART TWO est le 42ème épisode de la série, écrit par Scott Snyder et Greg Capullo, publié en Septembre 2015 par DC Comics.
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Le nouveau Batman est à nouveau envoyé dans le quartier des Narrows où il doit faire face à Gigi Cheung, désormais doté de pouvoirs sur la matière (en magnétisant le silicate).
Auparavant, Jim Gordon, qui l'avait arrêté encore vivant, a appris que Precious Precious est mort subitement : son autopsie a permis de trouver sur lui un minuscule implant, une sorte de graine à l'origine de ses facultés surhumaines mais aussi de son décès. 
C'est aussi ce qui va se produire avec Gigi Cheung qui a juste le temps de prononcer le nom de celui qui lui a donné ses pouvoirs : Mr Bloom...

L'intrigue prend corps avec ce nouvel épisode où la répétition de la mise en scène est en fait un moyen pour Scott Snyder d'orienter aussi bien les investigations de Jim Gordon que celles du lecteur : il y a à Gotham, et particulièrement dans le quartier des Narrows, livré à lui-même depuis longtemps - et donc à divers gangs, malfrats, trafiquants - quelqu'un qui fournit des pouvoirs contre de l'argent... Et sans informer ses clients que ses "graines" les tueront s'ils sont arrêtés par la police.

Le scénariste baptise ce dealer Mr Bloom, comme le verbe éclore, fleurir, mais se garde de le montrer, entretenant un mystère accrocheur. Ce personnage de "jardinier", vendant des pouvoirs à des chefs de gangs ou à leurs hommes de main, fait penser étrangement à l'argument exploité dans le premier arc de la série Astonishing Ant-Man avec le Marchand de Pouvoirs (voir Marvel Saga 1), même si les styles de Nick Spencer et de Scott Snyder n'ont rien à voir. Considérons cette idée commune comme un exemple de zeitgeist...

Tout cela ne manque en tout cas pas de rythme ni d'intensité et les dessins de Greg Capullo y contribuent pour une large part. Ses pages ont vraiment une énergie exceptionnelle, c'est l'oeuvre d'un artiste accompli mais aussi ayant développé une complicité rare avec son scénariste. L'encrage, les couleurs, les compositions, les cadrages : tout témoigne de l'osmose entre les différents contributeurs de la série, rendue possible par la stabilité établie au cours de cette quarantaine d'épisodes.

Le temps dira si le run de Synder et Capullo, au-delà de sa durée, est vraiment digne des classiques de la série, mais en l'état, la lecture des chapitres de Superheavy est un plaisir indéniable.
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A noter que ces épisodes sont disponibles dans la revue "Batman Univers" n° 1 et 2, mais aussi dans l'album Batman, tome 8 : La relève, 1ère partie (#41-45 & Annual #4), tous deux publiés par Urban Comics. 

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