UN COLT POUR TROIS SALOPARDS (en v.o. : Hannie Caulder) est un film réalisé par Burt Kennedy, sorti en salles en 1971.
Le scénario est écrit par Z. X. Jones, d'après les personnages crées par Peter Cooper et l'histoire de Ian Quicke et Bob Richards. La photographie est signée Edward Scaife. La musique est composée par Ken Thorne.
Dans les rôles principaux, on trouve : Raquel Welch (Hannie Caulder), Robert Culp (Thomas Luther Price), Ernest Borgnine (Emmett Clemens), Jack Elam (Frank Clemens), Strother Martin (Rufus Clemens), Christopher Lee (Bailey).
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A la frontière mexicaine, trois frères Clemens - Emmett, Frank et Rufus - , bandits de grand chemin, commettent un braquage dans un patelin et prennent la fuite sous le feu des "Federales".
Leurs chevaux fourbus, ils s'arrêtent aux abords d'une maison isolée où se trouvent de belles montures. Jack Caulder sort, son fusil en mains, pour éloigner les brigands mais l'un d'eux l'abat froidement puis entre dans sa maison.
Rufus, Emmett et Frank Clemens
(Strother Martin, Ernest Borgnine et Jack Elam)
Les trois frères Clemens y découvrent Hannie, la femme de l'homme qu'ils ont assassiné, et la violent. Au petit matin, ils repartent avec les chevaux frais et en mettant le feu à la maison. Hannie, indemne mais choquée, enterre son époux puis, seulement vêtue d'un poncho et munie de son fusil, s'éloigne.
Hannie Caulder
(Raquel Welch)
Elle atteint à la nuit tombée un puits où elle se désaltère lorsqu'un cavalier s'approche, lui aussi en quête d'eau. Il la désarme facilement et vide son fusil avant de le lui rendre. Mais elle profite qu'il lui tourne le dos pour l'assommer. Hésitant à l'abandonner en lui volant un de ses chevaux quand elle remarque qu'un cadavre est attaché à l'autre, elle choisit finalement de le veiller jusqu'au matin en préparant un feu de bois.
Hannie fait la connaissance du cavalier, Thomas Luther Price, chasseur de primes, et demande de lui apprendre à se servir d'un arme. Il devine qu'elle a été durement éprouvée et cherche à se venger de ses agresseurs puis finit par accepter de l'initier.
Hannie Caulder et Thomas Luther Price
(Raquel Welch et Robert Culp)
Direction : le Mexique où un de ses amis, Bailey, va lui forger un pistolet sur mesure et chez qui elle pourra s'entraîner avant d'affronter les frères Clemens, dont la mauvaise fortune persiste et les oblige à battre en retraite eux aussi de ce côté de la frontière...
Bailey
(Christopher Lee)
Voilà quelques années, j'avais déniché dans un supermarché au fond d'un bac rempli de d'articles en promo le dvd de ce Un colt pour trois salopards sous-titré Hannie Caulder. Son bas prix, la promesse d'un western "spaghetti" divertissant et, il me faut bien l'avouer, l'attrayante présence en vedette de la superbe Raquel Welch suffirent à me convaincre d'en faire l'acquisition.
J'en ai vu beaucoup, de ces séries B, dans le genre série noire ou western : adolescent, sur la chaîne 5, financée en France par Berlusconi, on pouvait consommer ces productions en grande quantité, passant des oeuvres de petits maîtres transalpins comme Sergio Corbucci ou Sergio Sollima à des navets avec Terence Hill et Bud Spencer (qui est mort récemment). J'en conçus une affection pour ces films qui, sans égaler les classiques hollywoodiens ou les versions baroques de Sergio Leone, accompagnèrent la fin du western dans les années 70 (même si, depuis, épisodiquement, on peut apprécier encore quelques histoires de cowboys très bien emballées - ainsi Clint Eastwood avec Pale Rider et Impitoyable, Kevin Costner avec Open Range, Ed Harris avec Appaloosa, Lawrence Kasdan avec Silverado... En attendant de découvrir à quoi ressemblera le périlleux remake des Sept Mercenaires par Antoine Fuqua).
Dans ce lot de longs métrages de qualité très inégale, Un colt pour trois salopards demeure un des plus étonnants : si on devait le résumer en quelques mots, c'est l'aventure d'une housewife que le veuvage et un viol va transformer en ange de la mort.
C'est pourtant en mélangeant des ingrédients a priori peu conciliables que le scénario, lui-même fruit des efforts de plusieurs auteurs (entre les personnages crées par les uns, l'histoire élaboré par un autre, et le tout mis en forme par un troisième - ce Z. X. Jones, qui ressemble fort à un pseudonyme), permet de distinguer Hannie Caulder. Le propos est dépouillé mais assaisonné d'un humour d'autant plus inattendu qu'il tranche avec la cruauté, la crudité même, de certaines situations.
Les décors (le film a été tourné en Espagne), les seconds rôles, la violence (au coeur même du scénario), l'aspect crasseux renvoient directement au western "spaghetti", et daté de 1971, il appartient à l'apogée de cette catégorie. Plus encore, Hannie devient une version féminine de "l'homme sans nom" attaché à la "trilogie des dollars" de Leone, allant même jusqu'à en emprunter le look avec son poncho taillé dans une couverture (dernier reliquat de sa paisible existence d'épouse au foyer). A la fin de sa vengeance, accompagnée par un mutique et énigmatique homme en noir (qu'elle a comparé auparavant à un pasteur), elle s'éloigne dans un paysage aride tel le Pale rider d'Eastwood, surgi de l'enfer et condamné à y retourner, même après avoir réglé ses comptes.
Cela suffit à faire de Hannie Caulder une des héroïnes les plus fascinantes du western, déterminée jusqu'à l'obsession, phénix revenu de tout sans qu'on sache si elle aura trouvé la paix de l'âme dans la vengeance. Avoir confié ce rôle à Raquel Welch, un des plus fantastiques incarnations de l'érotisme féminin de l'époque (elle avait alors 31 ans) et déjà présente au générique de deux fameux westerns (Bandolero !, de Andrew V. McLaglen, en 1968 ; et Les cents fusils, de Tom Gries, en 1969 - où d'ailleurs elle subissait déjà un viol), est une riche idée : il s'agit sans aucun doute d'une de ses meilleures - si ce n'est la meilleure - composition, au point qu'on en oublie (presque) qu'elle s'y balade constamment nue sous son fameux poncho et moulée dans un pantalon beige (rétréci en se lavant avec !) qui ne cache rien de son anatomie.
Robert Culp lui donne excellemment la réplique, parfait en mentor, dont la dégaine évoque davantage un professeur (avec ses lunettes rondes, sa barbe grisonnante, et sa mise impeccable) qu'un tueur aguerri. Le personnage possède une profondeur très intéressante puisqu'il ne cesse de dissuader Hannie de renoncer à son projet, lui expliquant que se venger n'aboutit qu'à l'illusion d'une victoire et vous entraîne dans une existence morbide.
Burt Kennedy fait également preuve d'originalité avec les trois frères Clemens : ils sont, comme le dit la chanson des Dalton de Joe Dassin, "aussi bêtes que méchants". On assiste avec le sourire à leurs pitoyables méfaits, qui se soldent tous par des échecs grotesques (comme lorsqu'ils font sauter un coffre avec trop de dynamite, ce qui brûle les billets à l'intérieur), à leurs chamailleries incessantes : on croirait voir les 3 Stooges au far-west. Pourtant, leur vilénie est répugnante, comme en atteste le viol collectif qu'ils font subir à Hannie - une scène montée avec suffisamment d'habileté pour qu'elle soit inoubliable sans être complaisante dans sa représentation. Pour incarner ces affreux frangins, on peut compter sur Ernest Borgnine, Jack Elam et Strother Martin pour assurer le spectacle : ils sont plus que parfaits pour combiner stupidité et menace.
Il faut aussi mentionner Christopher Lee dans le rôle de Bailey, l'armurier : sa seule participation à un western - un comble pour ce comédien qui adorait le genre.
Un colt pour trois salopards ne manque pas non plus d'un exotisme étonnant, avec la séquence au bord de la mer, et réserve son lot de répliques savoureuses, malgré des dialogues laconiques (ainsi : "Vous êtes une femme dure, Hannie Caulder. - Vous savez ce qu’on dit, shérif ? Il n’y a pas de femme dure, juste des hommes mous !"). Le tout porté par une magnifique bande originale de Ken Thorne.
Mine de rien, ce petit western possède un éclat noir et sensuel qui le rend mémorable pour tous les curieux qui tombent dessus. Si vous aussi, vous le dénichez, dépensez quelques dollars pour cette pépite !
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