THE FLASH: GORILLA WARFARE rassemble les épisodes 13 à 19 de la série co-écrite par Brian Buccellato (seul pour les #18-19) et Francis Manapul et dessinée par Francis Manapul (#13-17), Marcus To (10 pages du #15) et Marcio Takara (#18-19), publiée en 2013 par DC Comics.
Deux histoires au programme :
- Gorilla Warfare (#13-17). Après avoir affronté les Lascars,
un groupe de malfrats, Flash est à bout de force. C'est alors que pleut
sur Central City des dizaines de capsules d'où sortent des gorilles
menés par le Roi Grodd. Ce dernier, dont la force et la rapidité ont été
dopées par la Force Véloce, cette dimension parallèle d'où Flash tire
ses pouvoirs, entend bien non seulement envahir la ville mais aussi
voler au bolide rouge son énergie et l'accès à celle-ci. Contre toute
attente, les Lascars décident de se combattre au côté de Flash. Mais
cela suffira-t-il ?
J'avais laissé tomber la lecture de la série Flash en
arrêtant d'acheter rapidement la revue "DC Saga", avant la fin de son
premier arc (des épisodes qui ne m'ont pas fait forte impression, au
moins au niveau du scénario). En me replongeant dans le mensuel et le
titre qui lui a succédé, "Justice League Saga", j'ai pu commencer avec
la troisième histoire.
Il m'a fallu un petit temps pour m'adapter car le tandem Brian Buccellato-Francis Manapul fait référence à des éléments d'épisodes antérieurs, mais l'un dans l'autre, rien d'insurmontable.
L'intrigue, si j'ose dire, court beaucoup de lièvres à la fois et jongle avec une multitude de personnages qui ne rendent pas vraiment service au déroulement de l'action. Entre Flash, les Lascars, le roi Grodd, son armée de gorilles, et le supporting cast de Barry Allen (sa fiancée Patty Spivot, son ami Darryl, Iris West et les autres prisonniers de la dimension de la Force Véloce), ça fait beaucoup (trop) de monde pour une histoire en cinq parties. Ecrire, c'est choisir, et visiblement Manapul et Buccellato n'ont pas su le faire.
Au coeur de tout cela, il y a la lutte entre Grodd et Flash, le premier disputant au deuxième la propriété exclusive de la Force Véloce. Leur combat réserve des séquences spectaculaires mais curieusement le scénario manque de souffle pour traduire l'ampleur que prend la situation à plusieurs moments (comme lorsque les gorilles capturent les citoyens de Central City pour les parquer dans le stade municipal où ils servent à alimenter mentalement le bras droit de Grodd, qui projette ainsi une illusion faisant croire à l'armée que la ville subit une attaque nucléaire... Résumer cela montre bien à quel point le récit est inutilement tarabiscoté).
Le rôle des Lascars eux-mêmes fait tiquer le lecteur : voilà une bande de fripouilles qui avait réussi à épuiser Flash mais qui sont ensuite prés à l'aider contre Grodd au prétexte que le gorille s'attaque à leur ville, comme s'ils avaient l'exclusivité pour en agresser les habitants et leur protecteur ! Dans les épisodes présents, ils servent donc ni plus ni moins qu'à suppléer Flash quand celui-ci est k.o. ou qu'il ne peut pas affronter toute l'armée de singes à lui seul. On peut raisonnablement douter que des vilains comme eux ne choisiraient pas plutôt de fuir ce genre d'ennuis plutôt que de se transformer subitement en sauveurs de la cité.
Si, malgré tout, on parvient à se faire une raison de tout cela, ce n'est pourtant pas désagréable à lire, surtout à partir du moment où Flash trouve le moyen de vaincre Grodd. La façon dont il a l'idée pour gagner et comment il l'applique est vraiment surprenante et donne à voir des applications des pouvoirs du bolide écarlate très originales : c'est d'ailleurs le point fort de Manapul et Buccellato depuis le début de leur run, avoir su imaginer que Flash n'était pas qu'un super-héros qui courait vite mais que sa vitesse affectait aussi sa capacité de raisonnement, que la dimension parallèle de la Force Véloce qui lui donne ses pouvoirs est un endroit qui altère la réalité toute entière à la fois dans l'espace et le temps et que, donc, elle pouvait toucher et métamorphoser l'entourage direct du héros.
Cela permet à Francis Manapul de laisser libre cours à sa verve graphique déchaînée. L'artiste s'inspire avec ses découpages, et jusque dans le titrage de la série, de dessinateurs comme Will Eisner et J.H. Williams III, avec des cadres en forme d'éclairs, des pages aux vignettes éclatées, des bordures en déséquilibre constant. Cela pourrait ressembler à un exercice de style un peu gratuit, mais en vérité c'est une traduction visuelle très intelligente et parfois virtuose des effets des pouvoirs propres à Flash, capable d'anticiper l'avenir, de disloquer le tissu du réel.
L'impact est d'autant plus saisissant que Manapul représente les personnages avec un style qui n'emprunte pas la voie classique du réalisme : son trait est simple, vif, mais par un jeu de contraste très fort, ce dessin énergique est prolongé par une mise en scène très sophistiquée. Le dispositif est exigeant aussi bien pour le lecteur qui doit parfois s'arrêter sur des doubles pages complexes dans leur construction que pour l'artiste, obligé sur l'épisode 15 d'être secondé par Marcus To.
La colorisation de Brian Buccellato est appliquée directement sur un dessin encré certes mais qu'elle atténue parfois avec des effets aquarellés de toute beauté, pour indiquer que certaines scènes se déroulent dans le passé ou dans la dimension de la Force Véloce. On ne peut qu'être épaté qu'avec une telle technique la série soit prête chaque mois sans retard, d'autant que donc Buccellato et Manapulo cumulent les postes de scénaristes et de graphistes.
Il m'a fallu un petit temps pour m'adapter car le tandem Brian Buccellato-Francis Manapul fait référence à des éléments d'épisodes antérieurs, mais l'un dans l'autre, rien d'insurmontable.
L'intrigue, si j'ose dire, court beaucoup de lièvres à la fois et jongle avec une multitude de personnages qui ne rendent pas vraiment service au déroulement de l'action. Entre Flash, les Lascars, le roi Grodd, son armée de gorilles, et le supporting cast de Barry Allen (sa fiancée Patty Spivot, son ami Darryl, Iris West et les autres prisonniers de la dimension de la Force Véloce), ça fait beaucoup (trop) de monde pour une histoire en cinq parties. Ecrire, c'est choisir, et visiblement Manapul et Buccellato n'ont pas su le faire.
Au coeur de tout cela, il y a la lutte entre Grodd et Flash, le premier disputant au deuxième la propriété exclusive de la Force Véloce. Leur combat réserve des séquences spectaculaires mais curieusement le scénario manque de souffle pour traduire l'ampleur que prend la situation à plusieurs moments (comme lorsque les gorilles capturent les citoyens de Central City pour les parquer dans le stade municipal où ils servent à alimenter mentalement le bras droit de Grodd, qui projette ainsi une illusion faisant croire à l'armée que la ville subit une attaque nucléaire... Résumer cela montre bien à quel point le récit est inutilement tarabiscoté).
Le rôle des Lascars eux-mêmes fait tiquer le lecteur : voilà une bande de fripouilles qui avait réussi à épuiser Flash mais qui sont ensuite prés à l'aider contre Grodd au prétexte que le gorille s'attaque à leur ville, comme s'ils avaient l'exclusivité pour en agresser les habitants et leur protecteur ! Dans les épisodes présents, ils servent donc ni plus ni moins qu'à suppléer Flash quand celui-ci est k.o. ou qu'il ne peut pas affronter toute l'armée de singes à lui seul. On peut raisonnablement douter que des vilains comme eux ne choisiraient pas plutôt de fuir ce genre d'ennuis plutôt que de se transformer subitement en sauveurs de la cité.
Si, malgré tout, on parvient à se faire une raison de tout cela, ce n'est pourtant pas désagréable à lire, surtout à partir du moment où Flash trouve le moyen de vaincre Grodd. La façon dont il a l'idée pour gagner et comment il l'applique est vraiment surprenante et donne à voir des applications des pouvoirs du bolide écarlate très originales : c'est d'ailleurs le point fort de Manapul et Buccellato depuis le début de leur run, avoir su imaginer que Flash n'était pas qu'un super-héros qui courait vite mais que sa vitesse affectait aussi sa capacité de raisonnement, que la dimension parallèle de la Force Véloce qui lui donne ses pouvoirs est un endroit qui altère la réalité toute entière à la fois dans l'espace et le temps et que, donc, elle pouvait toucher et métamorphoser l'entourage direct du héros.
Cela permet à Francis Manapul de laisser libre cours à sa verve graphique déchaînée. L'artiste s'inspire avec ses découpages, et jusque dans le titrage de la série, de dessinateurs comme Will Eisner et J.H. Williams III, avec des cadres en forme d'éclairs, des pages aux vignettes éclatées, des bordures en déséquilibre constant. Cela pourrait ressembler à un exercice de style un peu gratuit, mais en vérité c'est une traduction visuelle très intelligente et parfois virtuose des effets des pouvoirs propres à Flash, capable d'anticiper l'avenir, de disloquer le tissu du réel.
L'impact est d'autant plus saisissant que Manapul représente les personnages avec un style qui n'emprunte pas la voie classique du réalisme : son trait est simple, vif, mais par un jeu de contraste très fort, ce dessin énergique est prolongé par une mise en scène très sophistiquée. Le dispositif est exigeant aussi bien pour le lecteur qui doit parfois s'arrêter sur des doubles pages complexes dans leur construction que pour l'artiste, obligé sur l'épisode 15 d'être secondé par Marcus To.
La colorisation de Brian Buccellato est appliquée directement sur un dessin encré certes mais qu'elle atténue parfois avec des effets aquarellés de toute beauté, pour indiquer que certaines scènes se déroulent dans le passé ou dans la dimension de la Force Véloce. On ne peut qu'être épaté qu'avec une telle technique la série soit prête chaque mois sans retard, d'autant que donc Buccellato et Manapulo cumulent les postes de scénaristes et de graphistes.
Dommage cependant qu'un tel feu d'artifices ne serve pas à enjoliver une meilleure histoire.
- The Hero's Journey / The Stuff of Heroes (#18-19). Un
cambriolage a lieu dans une bijouterie dont le gardien est tué. Barry
Allen, en attendant d'être réintégré au sein de la brigade scientifique
de la police de Central City, gagne sa vie en travaillant dans un bar
louche la nuit, et y croise le Charlatan, un ancien membre des Lascars.
La police interpelle le malfrat en l'accusant du vol et du meurtre.
Barry Allen est convaincu de l'innocence du Charlatan mais bientôt la
prison d'Iron Heights où il est incarcéré est prise d'assaut par le gang
des Etrangers qui veulent l'en faire sortir...
Pour ce deuxième récit, Brian Buccellato est seul aux commandes du scénario et Francis Manapul cède sa place à Marcio Takara au dessin.
Le récit a pour lui sa concision et cette brièveté lui donne une densité qui faisait défaut à Gorilla Warfare. Là, en deux épisodes, on a un maximum de rebondissements au sein d'une intrigue certes classique, avec le thème rebattu du faux coupable, mais c'est bien ficelé, assez en tout cas pour qu'on ne devine pas avant la fin qui est le véritable meurtrier.
A la fin de l'épisode 18, Flash perd brusquement ses pouvoirs : c'est une conséquence provenant d'une autre série, inédite en vf (Dial H for HERO), mais parfaitement intégré et assimilable pour le lecteur qui ne lit que Flash. En prime, cela conduit à l'épisode 19 où c'est donc Barry Allen, devant faire preuve d'ingéniosité dans une situation critique (il est à l'intérieur de la prison où les amis du Charlatan sont venus le libérer), qui est mis en avant : cela évoque de façon savoureuse le film Die Hard 1 (Piège de Cristal en vf).
Marcio Takara remplace plutôt bien Manapul aux dessins. S'il n'a pas son inventivité pour le découpage et que son trait est parfois un peu sommaire, c'est un fill-in honorable, rien de déplorable et même, parfois, sur quelques cases/pages, une belle efficacité.
Un recueil d'épisodes inégal pour ce qui concerne l'écriture mais d'un niveau graphique souvent bluffant.
Pour ce deuxième récit, Brian Buccellato est seul aux commandes du scénario et Francis Manapul cède sa place à Marcio Takara au dessin.
Le récit a pour lui sa concision et cette brièveté lui donne une densité qui faisait défaut à Gorilla Warfare. Là, en deux épisodes, on a un maximum de rebondissements au sein d'une intrigue certes classique, avec le thème rebattu du faux coupable, mais c'est bien ficelé, assez en tout cas pour qu'on ne devine pas avant la fin qui est le véritable meurtrier.
A la fin de l'épisode 18, Flash perd brusquement ses pouvoirs : c'est une conséquence provenant d'une autre série, inédite en vf (Dial H for HERO), mais parfaitement intégré et assimilable pour le lecteur qui ne lit que Flash. En prime, cela conduit à l'épisode 19 où c'est donc Barry Allen, devant faire preuve d'ingéniosité dans une situation critique (il est à l'intérieur de la prison où les amis du Charlatan sont venus le libérer), qui est mis en avant : cela évoque de façon savoureuse le film Die Hard 1 (Piège de Cristal en vf).
Marcio Takara remplace plutôt bien Manapul aux dessins. S'il n'a pas son inventivité pour le découpage et que son trait est parfois un peu sommaire, c'est un fill-in honorable, rien de déplorable et même, parfois, sur quelques cases/pages, une belle efficacité.
Un recueil d'épisodes inégal pour ce qui concerne l'écriture mais d'un niveau graphique souvent bluffant.
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