Et c'est parti ! "Deux séries qui n'en font qu'une" : puisque c'est ainsi que Marvel vend Fall of the House of X et Rise of the Powers of X, autant grouper leurs critiques en un seul lot pour vérifier si c'est vrai. Ce qui l'est, vrai, c'est qu'on entame la fin de l'ère de Krakoa avec ces deux mini en cinq numéros, ce qui nous projette jusqu'en Mai 2024.
Aujourd'hui. Cyclope est jugé à Paris pour crimes contre l'humanité parce que la médecine krakoane était empoisonnée (par Orchis). Mais les X-Men encore sur Terre s'organisent pour sauver leur ami. A moins que le Professeur X ait un autre plan en tête...
Gerry Duggan a promis une histoire noire tandis que Jordan White, l'editor-in-chief des séries X, a juré que Fall of the House of X et Rise of the Powers of X seraient deux séries qui n'en font qu'une.. Tout cela évoque bien entendu la démarche de Jonathan Hickman quand il avait écrit House of X/Powers of X et relancé les séries mutantes.
On retiendra surtout de ce premier épisode son rythme, trépidant, et sa prime à l'action. La situation critique dans laquelle se trouvent les mutants depuis le massacre du Hellfire Gala et Cyclope en particulier, jugé pour l'exemple par ses opposants qui veulent faire croire que Krakoa a cherché à empoisonner les humains avec leurs remèdes miracle, donne lieu à un récit haletant et désespéré. On voit mal comment le plan des X-Men pourrait effectivement sauver quoi ou qui que ce soit.
En gros, ils lancent une offensive contre Orchis tout en cherchant à faire évader Cyclope. Pas sûr que cette tactique les réhabilite aux yeux d'une foule acquise (dans sa grande majorité) à la propagande d'Orchis - il n'est même pas interdit de penser que ce plan est en définitive assez idiot car on voit mal ce que les mutants ont à y gagner. Mais justement, c'est cela qui intrigue et on se gardera donc de conclure hâtivement.
D'autant que Charles Xavier, qui vit désormais seul sur Krakoa, semble avoir d'autres projets en tête et compromet la stratégie des X-Men en ordonnant à Rasputin IV de quitter son poste... Ce que cela signifie ajoute au mystère et au suspense.
J'aurai adoré que Pepe Larraz, après Big Game, revienne chez Marvel pour dessiner Fall of the House of X puisque R.B. Silva se charge de la partie graphique de Rise of the Powers of X, mais Marvel a préféré confier à la star ibérique son prochain event (Blood Hunt) mais il ne signera que les couvertures. Il faudra donc se contenter de Lucas Werneck. Le brésilien présente à mes yeux moins d'intérêt : son trait manque de puissance, ses compositions sont souvent maladroites, mais reconnaissons qu'il s'en sort bien ici. A voir cependant s'il tiendra sur la durée...
Un début curieux et pessimiste mais prenant.
Dix ans dans le futur. Nimrod, la Sentinelle Oméga et Orchis ont vaincu. Les X-Men se sacrifient dans des poches de résistance pour gagner du temps au groupe mené par Synch et formé par Shadowtiger (Kitty Pryde), Wolverine, Captain Krakoa (Kamala Khan) et Iron Man (ou ce qu'il en reste). Les machines ont donc gagné. Sauf si...
Si Fall of the House of X m'invite à une certaine réserve esthétique, que Kieron Gillen écrive Rise of the Powers of X m'incite à la méfiance. Le scénariste ne m'a jamais convaincu sur un titre X, a fortiori durant l'ère de Krakoa. Il investit qui plus est une partie futuriste, très axée sur la science fiction "dure", un domaine que Hickman avait développé comme peu d'autres avant lui pour les mutants.
L'épisode est dense et consistant (comme Fall of the House of X, on dépasse les trente pages) et nous présente des personnages revisités (à part Wolverine, Rasputin IV et Cypher ainsi que les méchants, Nimrod, la Sentinelle Oméga, Moira X, Dr. Stasis) dans un cadre extrême. Les mutants ne sont plus qu'une poignée et on assiste à la mort de plusieurs de leurs figures emblématiques dans des scènes fulgurantes et cruelles.
Le reste pourra sembler trop touffu : il est question de l'avènement des machines (avec une mention ironique à Terminator), de la fameuse ascension formulée par Hickman (où une planète est absorbée par une entité cosmique). Mais évidemment il y a un grain de sable (comme dans Fall of the House of X) et comme nous sommes avec Gillen, Mr. Sinistre et ses clones ne sont pas loin. Mais il n'y a pas que lui.
Car la noirceur ici doit s'accompagner d'une solution en vue de la refonte prochaine de la collection X. A cet égard la dernière page suggère un dispositif narratif pour justifier la relance annoncée qui sans être originale demande à être examinée plus avant. Plutôt malin donc pour hameçonner le lecteur...
Visuellement, R.B. Silva produit des planches superbes. Souvent irrégulier, l'artiste est fait pour ce genre de mini-séries événementielles et particulièrement pour ces environnements futuristes où il fit des merveilles déjà avec Powers of X. Son sens du design, le fait qu'il exploite à fond les effets spéciaux du dessin numérique, la colorisation chiadée, tout concourt à entraîner le lecteur dans quelque chose de peu commun.
Tant pis dès lors si les concepts maniés par Gillen sont moins fluides que lorsque Hickman les utilisait, on est accroché. Mais attention quand même : souhaitons que la montagne n'accouche pas d'une souris, ou, autrement dit, que la relance programmée des X-Men et de leur univers ne tienne pas ç un tour de passe-passe facile. C'est le plus grand défi pour la conclusion d'une des périodes les plus imaginatives et controversées de la franchise.
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