vendredi 8 janvier 2021

FIRE POWER #7, de Robert Kirkman et Chris Samnee


Ce septième épisode de Fire Power ouvre le troisième arc de la série (le Prélude comptant pour le premier). Il fait également directement suite au #6 et ainsi l'histoire se déploie désormais dans une sorte de séquence ininterrompue. Mais on peut se demander si ce n'est pas cela qui donne l'impression que, pour la première fois, Robert Kirkman et surtout Chris Samnee manquent un peu de souffle et de précision...


Owen, sa femme et leurs enfants ont trouvé refuge chez les parents adoptifs de Owen. Mais ce dernier est à cran : comme il l'explique à Kellie, il pense qu'il doit retourner au temple du Poing Enflammé pour règler ses comptes avec Chou Feng afin de qu'il ne le persécute plus.


De son côté, poursuivi par les tueurs de la Griffe du Dragon qu'a envoyés Chou Feng, Reggie évacue Wei Lun, gravement blessé. C'est alors qu'une horde ninjas du Clan de la Terre Ecorchée surgit et vient en aide au vieux mentor et son élève.


Reggie transporte Wei Lun à l'hôpital où le vieil homme survit miraculeusement à ses blessures. Il lui faut désormais retrouver Owen mais Reggie pense savoir où s'est caché. De son côté, justement, Owen promet à ses enfants, sa femme et ses parents adoptifs de ne plus rien leur cacher de son passé au temple.


Hailey, sa fille, pense que si les tueurs les traquent, c'est parce que le dragon du temple existe vraiment et que son père le sait. Une hypothèse que va peut-être lui confirmer Wei Lun qui reparaît tandis que Chou Feng blame sévèrement ses tueurs pour avoir échoué dans leur mission...

Je ne peux cacher que cet épisode m'a un peu déçu. J'ai eu le sentiment que ses auteurs cherchaient un deuxième souffle. Et, comme d'habitude, c'est dans le dialogue qu'ont Robert Kirkman et Chris Samnee à la fin du numéro, où ils reviennent sur la réalisation du numéro, en commentant des planches, en dévoilant des coulisses du récit, qu'on trouve des indices instructifs (j'espère vraiment que l'éditeur aura la bonne idée de conserver ces échanges dans les recueils pour que les lecteurs sachent de quoi ils retournent).

Ce que je savais déjà, c'est que Samnee travaille "à l'ancienne", c'est-à-dire en dessinant sur du papier, sans assistance numérique. Il réalise un découpage rapide sur des post-it puis passe directement à la planche avec un crayonné plus ou moins poussé et un encrage aux feutres et feutre-pinceau. C'est une rareté aujourd'hui où pratiquement tous les artistes de comics abandonnent le support traditionnel pour les tablettes graphiques.

Quand on sait qu'en plus, histoire certainement d'arrondir ses fins de mois, Samnee accepte de dessiner des commissions arts et des doodles pour ses fans et qu'il illustre un autre titre (Jonna and the unpossible monsters, prévu finalement pour ce Printemps chez Oni Press), on voit que notre homme est un bourreau de travail.

Mais, même en l'ignorant, certains ont trouvé que son travail sur Fire Power était moins abouti que sur ses dernières productions Marvel. Ce n'est pas mon cas car je crois qu'il ne faut pas confondre la volonté de Samnee de faire évoluer son trait vers plus de simplicité avec une perte sensible de son investissement. Mais, cependant, il faut donc admettre que sur ce numéro 7, c'est un peu moins bon que d'habitude.

Dans leur discussion, Kirkman avoue avoir donné du boulot à son acolyte en lui imposant une pleine page avec une horde ninjas (voir image ci-dessus) et une double page dans un avion (qui rapatrie les tueurs de la Griffe du Dragon). Un cauchemar de l'aveu de Samnee qui ne s'attendait visiblement pas à avoir ces deux gros morceaux dans le même épisode, et en particulier la scène dans l'avion, lui qui en a la phobie.

Pourtant, il s'acquitte avec brio de ces deux challenges. Mais, on en a l'impression, un peu au détriment du reste. En effet, à plusieurs reprises, il rate des compositions qu'il maîtrise d'habitude, des enchaînements sont moins fluides, et surtout il semble cacher sous des à-plats noirs des éléments qu'il n'a pas eu le temps de représenter. C'est une astuce pour gagner du temps (comme de ne pas trop détailler certains décors), mais quand ça arrive à un artiste qui ne s'économise pas d'ordinaire sur ces points, ça se voit comme le nez au milieu de la figure.

Par ailleurs, Kirkman lui aussi n'est pas exempt de reproches. D'un côté, on peut louer le scénariste pour le fait qu'il tienne à démarrer chaque arc en faisant un peu le point sur la situation des héros, donc en écrivant un épisode plus calme. Mais ici, il le fait maladroitement. La question importante de savoir si Owen va retourner au temple pour affronter Chou Feng seul à seul, il l'esquive de façon frustrante. Idem quand Hailey émet l'hypothèse que le dragon du temple doit vraiment exister pour que son père (qui a pénétré dans la salle où est censés se trouver la créature) soit ainsi traqué : Kirkman glisse dessus pour faire réapparaître Wei Lun, qui était pourtant alité et très faible deux ou trois pages avant (car, bien entendu, le vieux maître a survécu grâce à une ruse).

Et la fin est affreusement mal mise en scène apr Kirkman et Samnee : là, on voit que ces deux dernières planches ont été ficelées sans inspiration, avec un script peu détaillé et un découpage mal élaboré.

La chronologie des scènes ne tient qu'au travail impeccable de Matt Wilson et sa palette de couleurs magnifiques. Enlevez-le et vous obtenez un épisode mal fichu. Mais en vérité, c'est bancal de bout en bout, avec une succession de scènes saccadées, aux digressions lourdes (la maladresse du père de Owen, le chien végétarien).

Un épisode pour quasi-rien. Mais qui ne signifie pas un échec de la série, dont le projet reste prometteur et qui, à la vue de ses prochaines couvertures, devrait rebondir efficacement. Se planter arrive aux meilleurs, ce qui compte c'est de se relever et de prouver que ce n'était qu'un accident. Kirkman et Samnee ont assez de talent pour réussir ce redressement.

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