jeudi 27 février 2020

X-FORCE #8, de Benjamin Percy et Oscar Bazaldua


Suite et fin de l'histoire consacrée à Domino, ce nouveau numéro de X-Force confirme la baisse d'inspiration de Benjamin Percy. Le scénariste devrait se reprendre cependant rapidement, avec le retour de Joshua Cassara au dessin - une nouvelle fois suppléé par Oscar Bazaldua, très en deçà du niveau habituel auquel ce titre nous a habitués.


Domino retrouve et élimine la tueuse qu'elle traque et qui lui ressemble comme un double négatif. Elle ramène le corps à Krakoa pour que le Dr. Cecilia Reyes l'examine. Ses conclusions sont rapides : la victime a été conçue à partir de l'ADN de Domino.


Après avoir, contre son gré, permis à des tueurs de pénétrer sur Krakoa pour y commettre une tuerie, Domino n'apprécie guère une fois de plus d'avoir servi à créer un danger pour la communauté mutante. Elle se confie à Colossus qui préférerait qu'elle oublie tout ça.


Mais Domino veut réparer le mal qu'elle a involontairement contribué à faire et Sage l'aide dans ce sens en localisant un laboratoire mobile où seraient confectionnés des clones à partir de son ADN. Il se trouve dans un train circulant sur la ligne du trans-sibérien.


Colossus accepte d'accompagner Domino pour cette mission et ils découvrent en s'introduisant dans ce train un wagon rempli de sang puis un autre occupé par des incubateurs où se forment des clones. Ils sont alors surpris par des répliques dégénérées de Domino.


Colossus prend les choses en main et provoque le déraillement du train, causant la mort des clones et la destruction du matériel. Domino succombe aussi mais avant d'expirer fait promettre à son partenaire qu'elle soit ressuscitée avec tous ses souvenirs.

Benjamin Percy est un scénariste solide car il a su rapidement rectifier le tir et proposer un épisode plus abouti que le précédent. Ce huitième numéro conserve les défauts de ses qualités en restant focalisé sur le personnage de Domino mais renoue avec ce mélange d'action et de réflexion sur le métier de membre de la X-Force qui a fait le sel de la série depuis sa relance.

Ainsi le double de l'héroïne est vite liquidée et cela fait avancer l'intrigue à bon escient. Percy semble esquisser une romance possible entre Domino et Colossus, mais pas sûr que cela soit sa priorité car il ne paraît pas enclin au sentimentalisme. De plus la logique de la série veut qu'elle s'articule autour d'un groupe et de ses missions, pas tellement sur la vie privée et romantique de ses membres - ce qu'on peut un peu déplorer (mais alors c'est un reproche qu'on peut adresser à d'autres séries "X", plus story-driven que character-driven).

Par ailleurs, Percy brouille les cartes car il apparaît aussi que Sage n'est pas insensible à Domino comme en témoigne l'énergie avec laquelle elle l'aide. Cela peut être réciproque, et plus évident qu'avec Colossus, quand Domino fait cadeau à Sage d'un trèfle à quatre feuilles (symbole de la chance mais aussi échantillon rare qu'elle partage).

Cette énergie, c'est celle qui irrigue la série telle que l'écrit Percy : son sens du rythme, son goût pour les rebondissements, leur enchaînement évitent tout ennui au lecteur, même quand l'histoire passionne moins. A ce titre, X-Force est sans doute la série la plus efficace, la plus séduisante et la plus facile de la collection car elle est narrée le plus classiquement, sur un schéma plus convenu (beaucoup d'action, peu de psychologie, un groupe de personnages dynamique).

La seconde partie de l'épisode entraîne Colossus et Domino (dont on se souvient par ailleurs qu'ils firent partie de la même équipe de X-Men quand Brian Wood animait la série éponyme, dans une configuration très féminine - on trouvait à leurs côtés Tornade, Pixie et Psylocke) en Russie à la poursuite d'un train-laboratoire vraiment sinistre. Percy ne lésine pas sur les éléments dérangeants avec un wagon rempli de sang et un autre d'incubateurs où se composent des clones avant que ne débarquent un escadron de répliques dégénérées. A ce stade, c'est un peu too much et on voit bien que le scénariste cède à la facilité pour créer le malaise à tout prix.

Malheureusement, visuellement, Oscar Bazaldua n'a pas les ressources pour transformer ces scènes en autre chose, de plus subtil, de plus travaillé. Son trait est trop lisse, ses personnages trop transparents et peu expressifs, pour qu'on soit épaté. Il réussit à un moment un assez beau mouvement (quand Colossus et Domino sautent d'un train à l'autre), mais c'est tout. La colorisation sut studio Guru FX tente de donner de la texture à tout cela, sans vraiment y parvenir. Décidément, quand ça ne veut pas...

Il faut en fait attendre les toutes dernières pages pour trouver un moment qui relance notre intérêt et annonce quelque chose de plus accrocheur pour la suite quand, lors d'une assemblée de l'organisation anti-mutante Xeno (celle-là qui avait enlevé et pratiqué des expériences sur Domino), est bousculé par l'intervention d'un de ses dignitaires. Il demande, au sens propre comme au figuré, des comptes et exige un changement drastique de stratégie pour déclarer ouvertement la guerre aux mutants. Il paraît évident que Percy prépare une sorte de deuxième acte, plus tendu et agressif.

En attendant de le vérifier, on oubliera donc assez vite, et facilement, cet interlude décevant. 

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