dimanche 23 février 2020

HAWKEYE : FREEFALL #3, de Matthew Rosenberg et Otto Schmidt


Alors qu'elle arrive à mi-parcours, la mini-série écrite par Matthew Rosenberg et dessinée par Otto Schmidt garde le cap et ne lève pas le pied. Mieux : elle réussit à mixer humour et action avec la même qualité depuis le départ. Surtout qu'après le cliffhanger du précédent épisode, on pouvait se demander comment les auteurs rebondiraient. Mais pas à dire : Hawkeye : Freefall a du ressort.


Clint a ramené chez lui Bryce, le hacker de the Hood, pour qu'il l'aide à coincer ce dernier. Il lui explique au passage comment, grâce à un gadget temporel volé à Kang, il a pu se faire passer pour Ronin sans qu'on le soupçonne - même si le véritable imposteur court toujours.


Linda Carter débarque sur ces entrefaites et devine, en découvrant Bryce, que Clint s'est engagé dans une nouvelle aventure foireuse. Lassée, elle claque la porte. Pendant ce temps, the Hood est à la recherche de Bryce.


Cette même nuit, Hawkeye part en patrouille pour continuer à leurrer ses proches et tombe sur Black Widow. Celle-ci regrette presque qu'il ne soit pas redevenu Ronin car la virilité qu'il affichait sous le masque l'excitait.


Justement, sous le masque de Ronin, Clint s'introduit dans une base du SHIELD et y dérobe un LMD - une réplique robotique de lui-même - qui va lui permettre de continuer à mener ses deux existences de front (puisque le gadget de Kang est cassé). Linda Carter le découvre et re-claque la porte, excédée.


Grâce aux infos de Bryce, Clint/Ronin inspecte une planque de la Maggia. The Hood y a exterminé tous les malfrats pour remonter la piste de Ronin. Clint est terrifié par cette sauvagerie, mais doit rendre des comptes à un autre héros présent sur place : Daredevil.

C'est vraiment dommage que Marvel n'ait rien prévu pour donner une suite à cette mini-série (en la transformant en ongoing par exemple) car le matériel a un excellent potentiel - peut-être le meilleur depuis le run de Fraction-Aja avec le personnage de Hawkeye. C'était déjà le cas avec la mini consacrée au Winter Soldier, il y a quelques mois (par Higgins et Reis).

On peut comprendre la prudence de l'éditeur dans un marché saturé. Mais cette situation est provoquée par Marvel lui-même qui inonde ledit marché avec des dizaines de publications mensuelles chaque mois (voir la rapidité avec laquelle, suite au succès de "Dawn of X", de nouvelles séries mutantes sont désormais programmées).

En même temps, j'aurai mauvaise grâce à dénoncer le principe de la mini-série car je l'apprécie. C'est un format qui exige des auteurs une concision plus très fréquente et permet d'extraire la substantifique moëlle d'une histoire qui perdrait en intensité si elle était excessivement prolongée. C'est un exercice de style qui ne force en outre pas la main au lecteur s'il veut investir de l'argent sans se ruiner sur des mois.

Et Hawkeye : Freefall, en dehors de ses mochissimes couvertures signées par Kim Jacinto (de vrais repoussoirs), est un vrai régal, renouvelé de numéro en numéro. Matthew Rosenberg avait conclu le précédent épisode sur un étonnant cliffhanger mais il rebondit dessus avec une belle adresse (Clint explique comment il a pu être là Ronin tout en étant ailleurs, au même moment, Hawkeye). Et surtout le faux Ronin est toujours dans la nature.

Cela conduit le récit à la démonstration d'exactions de plus en spectaculaires et violentes de the Hood, et à cet égard, l'avant-dernière page est vraiment glaçante. Mais avant cela, l'humour domine, notamment grâce à un running gag désopilant, tout droit issu d'une screwball comedy, d'un vaudeville.

Les multiples crises de nerfs de Linda Carter face aux manoeuvres maladroites de Clint déclenchent le rire de manière imparable, surtout quand elle découvre le LMD (Life Model Decoy). Un autre grand moment a lieu lors du dialogue entre Clint et Black Widow : tout en se battant avec des ninjas dans Central Park, les deux anciens amants devisent sur Ronin pour aboutir au constat que Natasha Romanoff est presque déçue que Barton n'ait pas à nouveau assumé cet alias car elle le trouvait plus sexy. Ces guests sont de vraies pépites depuis le début, donnant lieu à des échanges savoureux et des situations parfaitement absurdes.

Pour les mettre en image, on ne peut rêver mieux qu'Otto Schmidt dont le trait léger et expressif fait des merveilles encore une fois. Il tire l'histoire vers la comédie loufoque sans forcer en soignant ses compositions, toujours à bonne distance du gag ou du quiproquo.

Mais l'artiste se montre aussi très à son aise dans l'action qu'il rend très dynamique, sans sacrifier les personnages. Car Hawkeye : Freefall, malgré une intrigue solide et palpitante, est avant tout character-driven, et Schmidt l'a bien compris. Son traitement de la couleur souligne cela en privilégiant toujours des nuances claires pour les scènes d'intérieur (où tout doit toujours être immédiatement lisible et efficace). Quand le soir tombe, il veille à demeurer limpide mais soigne les ambiances (encore une fois, l'avant-dernière page est terrible).

Même si ça signifie que la fin approche, on attend avec impatience la suite.

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