Depuis trois ans, Guardians of the Galaxy a perdu beaucoup de sa superbe, passant d'un scénariste à l'autre en perdant ses fans en route. Qu'on ait été amateur de la période DnA (Abnett-Lanning) ou Bendis, d'ailleurs. Il échoit donc à Al Ewing, auréolé du succès critique et public de son run actuel sur Immortal Hulk, de redorer le blason de ce groupe de misfits. Il est aidé par la révélation Juann Cabal au dessin. Et le résultat est très prometteur.
Après bien des épreuves récentes, les Gardiens de la galaxie ont choisi de se retirer pour profiter de la vie, même si l'univers est toujours traversé par de multiples crises (succession au trône chez les Shi'ar, guerre civile chez les Kree, manoeuvres des Skrulls, renaissance de l'Olympe).
C'est dans ce contexte agité que Nova vient pourtant demander l'aide de ses amis. Gamora, Drax et Groot refusent de retourner se battre mais Star-Lord et Rocket Raccoon se joignent à Richard Ryder, Marvel Boy, Phyla-Vell et Moondragon pour une mission dangereuse.
Il s'agit d'infiltrer la nouvelle Olympe, une cité flottant à travers la galaxie, avec à sa tête un Zeus très remonté à la suite d'événements ayant abouti à la destruction et à la re-création de son panthéon. Les Gardiens élaborent un plan en scindant leur petit groupe en deux.
Pendant que Nova et Phyla-Vell tentent de raisonner Zeus, le reste de l'équipe, camouflée télépathiquement par Moondragon, pénètre dans l'Olympe pour y placer une bombe. Malheureusement, ils sont vite dépassés de chaque côté.
Ecartés par Zeus, repérés par Hermés, les Gardiens sont obligés d'improviser. Marvel Boy et Moondragon se replient dans une aile de l'Olympe et y font une découverte étonnante : Hercule est retenu prisonnier et leur offre son aide pour stopper ses pairs.
Comme je le mentionne en ouverture, les Gardiens de la galaxie ne me semblent plus être les vedettes qu'ils étaient devenus, grâce aux films et au run de Brian Michael Bendis. Bien entendu, les puristes des sagas cosmiques lui préfèrent toujours les épisodes écrits par le duo (depuis dissous) Dan Abnett-Andy Lanning, mais c'était aussi une époque où toutes les séries cosmiques ne surnageaient qu'à la faveur de crossovers (Annihilation et compagnie).
Bendis avait opté pour une direction plus classique, faisant des Gardiens les Avengers de l'espace, ouvrant leurs rangs à des membres surprenants (la Chose, Kitty Pryde, Venom...). Moins épique, mais plus efficace en termes commerciaux.
Sa succession a été chaotique : Gerry Duggan a, comme toujours, misé sur l'humour et l'aventure avant de sombrer dans un event confus (Infinity Wars). Puis Donny Cates s'est employé à défaire ce que Duggan avait construit, ressuscitant ici, tuant là, sans davantage convaincre, plus préoccupé de boucler des histoires développées dans d'autres séries sous sa direction.
Il fallait redresser tout ça. Et Marvel a donc misé sur un de ses scénaristes les plus côtés actuellement, Al Ewing, qui a spectaculairement fait parler de lui avec Immortal Hulk, plébiscite critique et public. Bonne pioche.
Ewing a participé à deux sagas importantes par leur volume avant de se lancer dans ce projet : les hebdomadaires Avengers : No Surrender et Avengers : No Road Home, co-écrits avec Mark Waid et Jim Zub, ont permis d'apprécier son inventivité et sa connaissance du Marvelverse. Il s'appuie d'ailleurs en partie sur la conclusion de No Road Home pour situer ses Guardians of the galaxy, mais il le fait assez habilement pour qu'on n'ait pas besoin de lire l'un pour comprendre l'autre.
En l'occurrence, le panthéon des dieux grecs a été détruit. Mais, inscrit dans un cycle de mort-renaissance, il s'est reconstitué. Zeus, le père des dieux, est en colère d'avoir été malmené et entend imposer sa loi à l'univers par la manière forte. Pour cela, il peut compter sur une situation critique un peu partout (les Shi'ar, les Kree, les Skrulls sont tous en difficulté - tout ça va aboutir au prochain event Marvel, Empyre, justement écrit par Ewing).
Normalement, les flics de l'espace que sont les Nova Corps devraient s'interposer mais ils ont été décimés récemment. Richard Ryder est passé de vie à trépas avant qu'Annihilus, le maître de la Zone Négative, le ramène parmi nous. Il demande l'aide des Gardiens de la galaxie pour stopper les dieux de l'Olympe. Mais tout le monde n'est pas partant pour une mission suicidaire...
Ewing renoue intelligemment avec les origines de l'équipe qui s'était formé dans l'urgence, avec des membres mal assortis, aux motivations diverses. Cette fois, certains montent au front pour l'adrénaline, d'autres pour empêcher un massacre, d'autres par solidarité envers leurs compagnons. L'équipe est originale dans sa formation mais logique aussi avec par exemple l'intégration de Marvel Boy (parfait exemple de personnage dont Marvel n'a jamais su quoi faire depuis la série que lui a consacré Grant Morrison). Ils sont à la fois bigarrés, trop peu nombreux, pas assez puissants, pour le défi qui les attend, et justement, à cause de ces handicaps, leur baroud devient excitant.
Juann Cabal est un inconnu pour le grand public et le succès de cette nouvelle mouture dira s'il a l'étoffe d'une future vedette. Avec son trait fin et délicat, qui peut faire penser à Jamie McKelvie, il n'apparaît pas comme un choix évident pour illustrer un tel comic-book. Mais il s'en sort mieux que bien, au point même d'impressionner sur certains passages.
Cabal n'est visiblement pas facile à intimider : il s'approprie les personnages avec aisance et les cadre dans un contexte qu'il a manifestement bien préparé. La cité de l'Olympe, en particulier, est un décor vraiment bluffant, riche en détails, esthétiquement superbe. Il compose des plans variés, avec un découpage clair et parfois sophistiqué (voir la double page ci-dessus, où on suit les différents Gardiens lors de l'assaut de l'Olympe).
Ce qui caractérise l'artiste, c'est son expressivité : chaque personnage se meut de manière unique, ses émotions se lisent de manière très vivante, et l'action est toujours nette. On ne s'étonne pas que ce soit Federico Blee (à l'oeuvre sur Marauders) qui signe les couleurs : la palette privilégie les tons doux, lumineux, ce qui correspond le mieux au trait fin de Cabal.
Comme souvent ces derniers temps, Marvel a livré un premier numéro d'une trentaine de pages, de quoi installer la série confortablement et rassasier le lecteur. Al Ewing et Juann Cabal en font bon usage et permettent de renouer avec Guardians of the Galaxy sur des bases très prometteuses.
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