dimanche 17 août 2014

Critique 494 : SPIROU N° 3982 (6 Août 2014)


La couverture met à l'honneur Pierre Tombal : c'est étonnant puisque ce numéro ne compte en vérité que... Deux pages avec le fossoyeur. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'au-dessus du bandeau du titre, on voit Anne, l'héroïne du Royaume de Benoît Féroumont, et donc la promesse d'une histoire inédite.

Je continue mon "work-in-progress" sur la rédaction de la critique de la revue pour lui trouver un style dynamique et concis, même si je compte rester sur la formule du "j'ai aimé/j'ai pas aimé".

J'ai aimé :

- Le Royaume : Le four. J'espère pouvoir me procurer les albums de la série dans les mois qui viennent car en la découvrant (dans le recueil n°330), j'ai été vraiment conquis par le travail de Benoît Féroumont. Il nous livre ici 7 planches jubilatoires, inspirées par des faits réels : au Moyen-Âge, les fours servaient à tout le monde mais chacun en disposait suivant un ordre de passage précis, en fonction de la cuisson nécessaire aux plats. Anne, la jolie pâtissière du Roi, prépare de succulentes tartes mais a oublié d'y ajouter de la cannelle. S'ensuit une folle course-poursuite pour en trouver, surmonter une foule d'obstacles et revenir à temps pour l'enfournage.
Le récit est un modèle du genre : incroyablement vif, très drôle, avec une héroïne de caractère, des décors renversants, une chute savoureusement cruelle, et magnifiquement dessiné. Tout simplement délicieux.

- Les Tuniques bleues : Les bleus se mettent au vert 3/6. Blutch et Chesterfield continuent de chercher des fruits et légumes frais et finissent par croiser des soldats sudistes (dont l'un est une vieille connaissance) en proie aux mêmes soucis de santé que leur garnison.
Cauvin et Lambil déroulent un récit toujours aussi accrocheur et atypique, leur histoire est minimaliste mais donne envie d'être suivie. Le scénario et les dialogues n'ont pourtant rien de renversant, tout comme les dessins, mais ça fonctionne.

- Mélusine. Clarke délivre une nouvelle pépite avec ce gag en une page sur la nécessité de bien s'équiper d'un balai quand on est sorcière. La chute est très marrante, et bien amenée visuellement.

- Katz. Del et Ian Dairin s'amusent, et nous avec, avec leur chat en deux fois deux strips : crevettes et mouches (mégalos) sont au menu. Le dessin n'est pas extraordinaire mais les gags sont distrayants.

- Givrés. Amalric et Madaule sont en forme avec ce gag d'une page, complètement absurde mais épatant. Le découpage prouve que ce n'est jamais mieux que quand c'est simple.

- Nelson. La maîtresse du diablotin, des bonnes fées pas si bonnes en fait, et un vide-grenier donnent quatre strips rondement menés par Bertschy. Cette bande est très inégale mais, cette fois, elle fait mouche.

- Capitaine Anchois. Floris propose un gag sur le somnambulisme de ce crétin de Capitaine. C'est tout à fait réjouissant, la situation est poussée jusqu'au bout de son absurdité, avec un dessin qui sert très bien le propos.

- Rob. James et Boris Mirroir sont épatants : plus je lis leurs strips, plus je suis conquis. Leur humour est étrange, presque dépressif, mais très justes, ironiques. Le premier gag est particulièrement inspiré.

- L'Atelier Mastondonte. La question de l'argent via celui que touchent les auteurs est posée avec un humour très mordant mais hélas ! cruellement vraie. Nob et Pascal Jousselin vont certainement faire réfléchir pas mal de lecteurs mal informés à ce sujet et d'aspirants bédétistes sur les opportunités de carrière dans le 9ème Art (surtout au moment où le statut déjà précaire des auteurs est fortement menacé)...

- Tash et Trash. Juste deux cases mais tellement drôles que vous ne devez pas les manquer. (Le strip de Guillaume juste après, qui évoque le prochain festival Spirou et Stromae, est également recommandé.)

- Game Over. Saisissant comme Patelin, Midam et Adam réussissent chaque semaine à trouver une situation  et à en tirer un gag muet et si efficace.

- Dad. Une nouvelle fois, le brillantissime Nob conclut la revue avec une planche de sa série, dans laquelle il se moque de La petite maison dans la prairie et des modes d'emploi pour monter un meuble. C'est très drôle et superbement mis en images. Formidable.     

J'ai pas aimé : 

- Lucky Luke : Les tontons Dalton 6 (bon sang, à raison de deux pages semaines, on va encore en souper un moment de cette m... puisqu'on en est seulement à la planche 21 !) ; Boule et Bill (pas accablant, mais franchement cette reprise n'a aucun intérêt, aucun humour, aucune personnalité) ; Pierre Tombal et Les Psys (l'éditeur doit être bien content d'avoir Cauvin pour fournir autant de pages hebdomadaires, mais ça reste pitoyablement mauvais) ; Tamara (cette gamine m'énerve désormais, et puis c'est vraiment pauvrement dessiné) ; Bulbox (toujours aussi nul et laid) ; Ralph Azham (je n'y arrive pas, et là encore le dessin n'aide pas).

Le Grand Référendum de l'été : Hunter Disconnection. Salma et Léturgie nous propose un teaser de polar très blaxploitation. C'est assez alléchant, même si ça paraît convenu. En revanche, visuellement, c'est très fort.
En direct de la rédak vaut surtout pour l'interview de Féroumont. Et l'annonce du retour dans le prochain n° de Ernest et Rebecca (chouette).
Les Aventures d'un Journal revient sur une anecdote étonnante datant de 2000 où des planches de la série Sammy de Jean-Pol disparurent mystérieusement.

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