mercredi 22 avril 2009

Critique 34 : IMMORTAL IRON FIST 1 : THE LAST IRON FIST STORY, par Ed Brubaker, Matt Fraction et David Aja

Immortal Iron Fist : The Last Iron Fist Story rassemble les 6 premiers épisodes de la série co-écrite par Ed Brubaker et Matt Fraction, consacrée au héros créé par Roy Thomas et Gil Kane en 1974.
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Mais qui est Iron Fist ?

A la recherche de la cité mythique de Kun L'un, au coeur de l'Himalaya, et qui, parce qu'elle appartient à une dimension parallèle, n'apparaît sur Terre que tous les dix ans, le père de Danny Rand, un riche homme d'affaires, est assassiné par Ward Meachum, son partenaire, et son épouse est dévorée par une meute de loups, laissant son enfant seul au monde. L'orphelin est recueilli dans la cité cachée de K'un L'un et est entraîné par Lei Kung ("Le Tonnerre") aux arts martiaux. Le jeune Danny projjète alors de se servir de ses dons pour venger son père.
Mais avant cela, il doit subir un dernier test en étant confronté à Shou-Lao l'immortel, un dragon dont le coeur est en fusion. Vainqueur de cette épreuve, Danny Rand plonge ses mains dans les entrailles de la bête et acquiert le pouvoir du "Poing d'Acier" : il est devenu Iron Fist.
Dix ans se sont écoulés depuis le décés tragique de ses parents quand Danny retrouve l'Occident. Ward Meachum attend de pied ferme l'héritier mais celui-ci renonce à le tuer lorsqu'il découvre que son ennemi a eu les 2 jambes gelées dans l'Himalaya après avoir abandonné Danny et sa mère.
Iron Fist est devenu un des meilleurs artistes martiaux du monde.En concentrant son chi
, son poing s'illumine et se durcit considérablement. Il peut aussi se remettre plus rapidement de certaines blessures ou amoindrir la douleur qu'il ressent après une attaque. Mais le chi établit aussi un lien psychique avec ses acolytes - et c'est ainsi qu'il repère d'autres guerriers ayant la même faculté.
Par la suite, Iron Fist va nouer des liens très forts avec différents personnages comme Colleen Wing, Misty Knight et Luke Cage
avec qui il fonda l'agence de "Héros à louer" (Heroes for Hire). Ce qui nous conduit à la situation actuelle : fortuné comme Tony Stark/Iron Man, mais opposé philosophiquement à ce dernier, Danny Rand est le mécène des Vengeurs clandestins nés de Civil War tout en poursuivant son activité de justicier désormais hors-la-loi.
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Danny Rand découvre que son pouvoir est transmis à d'autres que lui depuis des générations, partout à travers le monde. Combien d'autres détenteurs y-a-t-il eu - et y-a-t-il encore ? Depuis le XIIIe siècle, K'un L'un, l'une des Sept Cités Célestes, chacune possédant son propre champion différent, doit gagner le droit de passage dimensionnel avec la Terre au cours d'un tournoi. Ainsi 66 Iron Fist avant lui, tous décédés avant ou à l'âge de 33 ans, ont dû défendre ce privilège. Celui qui fait ses révèlations à Danny n'est autre que son prédécesseur, un vétéran de la Première Guerre Mondiale : il s'appelle Orson Randall.
Et c'est dans ce contexte agité qu'une entreprise couvrant les activités de l'organisation terroriste Hydra essaie de racheter l'empire financier des Rand...

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Honnêtement, c'est un régal absolu, et le plaisir est d'autant plus grand que le pari était loin d'être gagné. Redonner du lustre à un héros originellement conçu pour surfer sur la mode des films de kung-fu et de la blaxploitation des 70's, vêtu qui plus est d'un imprrobable costume vert et jaune au design hasardeux, ressemblait à une mission quasiment impossible - ou alors visant seulement quelques nostalgiques.
Les deux scénaristes aux commandes du projet, l'excellent Ed Brubaker (qui pilote déjà Captain America avec maestria) et le plus inégal Matt Fraction, ont pourtant accompli un travail admirable, d'une redoutable efficacité. Cette nouvelle série parvient à la fois à respecter la continuité du personnage tout en l'enrichissant singulièrement et en lui ouvant des perspectives très prometteuses - ou comment combler les connaisseurs et les néophytes.
L'usage, habilement dosé, de flashbacks mettant en scène les précédents Iron Fist donnent une ampleur épique et permettent de voyager à travers le temps et l'espace de manière jubilatoire.
La courte histoire qui clôt ce volume nous éclaire aussi sur le pacte conclu entre Iron Fist et Daredevil, avant que l'alter ego de ce dernier (l'avocat Matt Murdock) échoue en prison (aventure relatée dans le tome 14 de "DD", Le Diable dans le bloc D, écrite par Brubaker et dessinée par Michael Lark).
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Graphiquement, la série doit beaucoup à la révèlation qu'est l'espagnol David Aja. L'artiste imprime rapidement sa marque sur le projet en signant des planches somptueuses. C'est aussi un dessinateur dont l'art du découpage est extraordinaire et un exemple valant mieux que tous les discours, en voici la preuve éclatante :
D'autres illustrateurs ont été mis à contribution pour les flash-backs, comme Travel Foreman, Derek Fridolfs, John Severin ou le vétéran Sal Buscema. Ce qui peut sembler déroutant au premier abord est finalement une idée ingénieuse pour distinguer les époques.
Cette équipe artistique est en tout cas aussi à l'aise pour les scènes de dialogues que pour les séquences d'action, spectaculaires à souhait, esthétiques sans être complaisantes. La grande classe !
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Bref, c'est qu'on appelle un retour gagnant surr toute la ligne : celui d'un héros de seconde zone qui a tout pour séduire ceux qui l'aimaient déjà et ceux qui le découvriront. Ce recueil est exemplaire : introduction parfaite, il donne une irrésistible envie de connaître la suite. La beauté des dessins, le mix d'action et d'humour, l'alternance entre la modernité et les références au passé, tout est imparablement dosé. Qui l'eût cru ? Le kung-fu va redevenir à la mode !

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