mercredi 29 avril 2009

Critique 39 : DAREDEVIL par ED BRUBAKER et MICHAEL LARK (3/7)


DAREDEVIL : TO THE DEVIL, HIS DUE ;
(vol.2, #94-99) ;
Avril-Septembre 2007).

Voici le nouveau tome de Daredevil, le 16ème, toujours écrit par Ed Brubaker avec des dessins de Michael Lark plus Lee Weeks.
*

Matt Murdock alias Daredevil, après un éprouvant séjour en prison et une enquête qui la mené jusqu'en Europe, est de retour New-York. Les choses semblent s'être apaisées avec le FBI et la presse, après qu'ils aient révèlé sa double identité. Mais notre héros ne va pas se reposerr longtemps...
En effet, en son absence, la situation dans le quartier d'Hell's Kitchen s'est gravement détériorée. La criminalité est en pleine recrudescence et les malfrats rusent pour faire règner la terreur en commettant des attaques séparées pour mieux se couvrir. A l'évidence, quelqu'un semble tirer les ficelles dans l'ombre pour contrarier Daredevil et reprendre la placce laissée vacante par le Caïd, mais qui ?
Pour corser encore le plat, Melvin Potter alias le Gladiateur paraît sombrer lui aussi sombrer toujours plus profondèment dans la folie : il est accusé d'avoir tué plusieurs co-détenus mais ne s'en souvient pas et prétend avoir été piègé. Becky convainc Murdock de plaider la cause de Potter. Mais il ignore quand acceptant ce dossier, il se précipite dans un traquenard. La démence meurtrière du Gladiateur est en effet liée à celle des criminels qui sévissent dans Hell's kitchen...
Enfin, resurgit sur ces entrefaîtes Lily Lucca, la femme fatale qu'il a croisée en Europe et dont le pouvoir intact d'envoûtement sur les hommes fait littéralement des ravages...

Ed Brubaker nous entraîne dans une nouvelle histoire au long cours puisqu'elle se poursuivra dans le prochain tome. L'ultime page de cet album nous laisse sur un angoissant cliffhanger avec le retour d'un vieil adversaire de DD, totalement à sa merci.

L'ouvrage débute pourtant par un épisode de transition, comme celui centré sur Foggy Nelson dans le précédent volume, une sorte d'entracte, cette fois consacré à Milla Donovan, l'épouse aveugle de Matt Murdock. La détresse de cette femme face à la double vie de son mari, ses souvenirs douloureux de leur vie de couple, sont efficacement relatés, ponctués par quelques interventions nocturnes et musclés de "tête à cornes" contre divers malfaiteurs de seconde zone.

Illustré par l'excellent Lee Weeks, Le résultat est assez émouvant. Mais les plus pressés pourront zapper cette vingtaine de pages pour entrer dans le vif de l'action...

Comme avec Captain America, Brubaker ramène sur le devant de la scène des ennemis un peu oubliés du héros. Ici, le retour du Gladiateur est excellement utilisé et le doute sur sa culpabilité réelle est entretenu avec tout le savoir-faire du scènariste, qui nous fait vite supposer que cela cache un complot plus vaste. La violence suicidaire du méchant est relayée par les troubles identiques des bandits à la petite semaine qui s'agitent dans Hell's kitchen.

Tout le talent de Brubaker consiste en vérité à nous entraîner sur une piste pour en suggérer une autre, et ça fonctionne à merveille. Les interrogations de Murdock et les investigations de Daredevil, tous deux rapidement excédés par ce qui se trame sans qu'ils sachent de quoi il s'agit vraiment, confèrent au récit un rythme haletant, une ambiance intriguante et débouche sur une fin ouverte terrriblement indécise.

Comme d'habitude aussi, les personnages ont une épaisseur, une humanité, bref une vérité, un réalisme troublants, supérieurs aux standards des comics de super-héros. Ils y gagnent en vulnérabilité et le lecteur a peur pour eux.

Graphiquement, Michael Lark et Stefano Gaudiano livrent des planches extraordinaires : l'intensité des scènes d'actions égale l'intérêt des séquences d'exposition et de réflexion.

Le découpage est d'une réelle virtuosité, utilisant brillamment des vignettes horizontales très cinématographiques. Le jeu sur les lumière est superbe, soulignant l'ambiance oppressante et trouble du récit.

L'interaction avec le texte, où la voix-off du héros est très présente, est remarquable. C'est un vrai régal à lire tant il se dégage de chaque planche une impression de fluidité : on tourne les pages sans s'en rendre compte et on finit le livre avec un délicieux sentiment de frustration - on en veut encore, et vite, ce qui ne trompe pas sur la qualité de la "marchandise".

Enfin, encore une fois, il faut saluer la mise en couleurs de Matt Hollingsworth, qui est magistrale de nuance.

Si on pouvait encore en douter, cette fois, c'est sûr : Daredevil bénéficie d'une équipe à la hauteur de ses devancières. Mais ça va être long d'attendre la suite...

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