vendredi 9 août 2019

DCEASED #4, de Tom Taylor et Trevor Hairsine


DCeased arrive au deux tiers de son récit et Tom Taylor est toujours aussi survolté. L'objectif de l'auteur est clair : il veut essorer le lecteur comme il fait le ménage dans son DCU alternatif. C'est parfois peu ragoûtant mais jubilatoire comme un plaisir coupable. Auquel contribue aussi le dessin sans apprêt de Trevor Hairsine.


Washington : Captain Atom est envoyé par Amanda Waller rétablir l'ordre dans les rues de la capitale. Il s'y emploie avec zèle. Jusqu'à ce qu'il comprenne que Atom a atteint son cerveau et le contamine, lui faisant perdre tout contrôle sur lui-même.


Metropolis : sur le toit du "Daily Planet", Green Arrow a rétabli une ligne de communication protégée pour que Lois Lane appelle héros et vilains survivants à s'unir contre le fléau.


Gotham : Harley Quinn est sauvée des Birds of Prey infectés par Poison Ivy. Themyscira : Mera trouve refuge auprès des amazones tandis que Wonder Woman répond à l'appel de Lois.


Metropolis : Giganta menace le "Daily Planet". Cyborg l'abat alors que Superman voulait l'épargner. Hawkgirl arrive sur place, blessée, et informe Superman et Wonder Woman que Captain Atom est devenu fou à Washington.


Washington : Superman et Wonder Woman tentent de maîtriser Captain Atom en l'éloignant de la capitale. Il provoque alors une gigantesque explosion nucléaire qui rase la ville, puis Baltimore, avant d'atteindre Metropolis.

Il y a dans DCeased un plaisir régressif : Tom Taylor entraîne le lecteur dans un magasin de jouets géant (le DCU) et casse tout. Cela rappelle ce gag récurrent dans Calvin & Hobbes où Calvin s'amuse à créer des catastrophes d'envergure avec le sourire bien que le lecteur sache, comme lui, que "c'est pour de faux".

Libéré du poids de la continuité et de toute responsabilité vis-à-vis des héros qu'il emploie, Taylor peut à loisir tuer untel, ravager un endroit, oser un pur moment mélodramatique, et repartir de plus belle. Ce n'est pas grave : "c'est pour de faux".

Mais ça n'empêche pas l'histoire d'être palpitante parce que trépidante d'abord. Le rythme que le scénariste imprime à ses épisodes est affolant, il multiplie les lieux où l'action se déploie et on peut ainsi apprécier l'ampleur de la catastrophe mais aussi la manière dont chacun s'en sort. 

Dans ce cadre, il est amusant de voir que la folie de Harley Quinn, dont Poison Ivy assure efficacement les arrières, s'avère un antidote à la folie de la situation : elle avance dans cet enfer avec une insouciance qui l'immunise. C'est aussi, plus pragmatiquement, un signe supplémentaire que DC a définitivement établi Harley comme une de ses vedettes, au même titre qu'un Superman ou un Batman (même si Taylor s'est vite débarrassé de ce dernier).

L'autre clou du spectale, c'est la présence de Captain Atom dont Taylor fait un usage effrayant. On voit parfaitement ce qui advient si un surhomme avec une puissance de feu nucléaire déraille et la fin de l'épisode est aussi spectaculaire que glaçante (Superman et Wonder Woman ont-ils survécu alors que le sort de Black Lightning, Hawkgirl, Green Arrow, Lois Lane, Jon Kent, Damian Wayne et Alfred Pennyworth doit dépendre de la résistance de l'anneau de Green Lantern détenu désormais par Black Canary ?).

Trevor Hairsine a beau bénéficier de l'encrage de Stefano Gaudiano, son dessin a un aspect brut qui convient à merveille à cette intrigue. Lorsque les zombies grouillent, il traduit parfaitement leur côté menaçant et sale, tout comme lorsque les héros répliquement de façon expéditive (voir le mouvement expéditif de Cyborg envers Giganta).

Mais l'artiste sait aussi calmer le jeu quand c'est nécessaire comme lorsque Mera est accueillie d'égale à égale par Hyppolita à Themyscira ou que Alfred retrouve Damian - un vrai beau moment.

Il faut aussi saluer Rain Breredo dont la colorisation est impeccable.

Encore deux épisodes pour résoudre (ou pas) cette apocalypse à la fois grand-guignolesque et sacrément puissante.

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