Encore un bon exemple d'une série que j'ai failli bêtement laisser filer quand, il y a quelque temps, j'avais regardé le premier épisode sans être plus séduit que ça. Depuis, j'ai découvert son interprète principale, Michelle Dockery, dans le western de Netflix, Godless, et cela a suffi à me convaincre de donner à Good Behavior une seconde chance. Bien m'en a pris car ce thriller créé par Blake Crouch et Chad Hodge est une réussite qui dépasse vite le simple divertissement comme il apparaît d'abord pour proposer des personnages et une intrigue étonnamment fouillés.
Letty Raines (Michelle Dockery)
Arrêtée et emprisonnée pour plusieurs cambriolages, Letty Raines bénéficie d'une libération conditionnelle pour bonne conduite (good behavior). Mais contrairement à ce qu'elle promet à son agent de probation, Christian Woodhill, elle retombe rapidement dans ses mauvaises habitudes, faute de trouver un emploi honnête. Descendue dans un hôtel luxueux, elle cible un des clients comme sa prochaine victime sans se douter qu'elle vient de faire le pire des choix...
Javier Peirera (Juan Diego Botto)
En effet, alors qu'elle s'introduit dans la chambre de Javier Peirera en son absence, elle doit se cacher dans sa penderie lorsqu'il rentre prématurément. Letty surprend une discussion entre lui et un autre homme et comprend qu'il s'agit pour Javier d'un contrat de tueur à gages. Une fois seul, il la coince avant qu'elle ait pu filer et la force alors à être sa complice pour sa prochaine mission sinon il menace de la liquider.
Le tueur et la voleuse
Sa victime descendue, Javier force Letty à évacuer le corps jusque chez son frère, propriétaire d'un incinérateur. Le trajet est contrarié par les avaries de leur véhicule, une voiture électrique, et le peu de bornes de recharge mais s'achève, malgré tout, comme prévu. Désormais quittes, ils se séparent.
Jacob et Estelle Raines (Nyles Steele et Lusia Strus)
Letty se rend alors chez sa mère, Estelle, qui a la garde de son fils, Jacob, dans la bourgade de Danville. Elle négocie pour voir son enfant en payant car une ordonnance restrictive l'empêche normalement de l'approcher. Ensuite, Letty cherche un boulot pour gagner la confiance d'un juge et récupérer son droit de garde et, grâce à une amie d'enfance, elle consulte le mari de cette dernière, avocat, qui accepte de s'occuper de son dossier et de la recruter comme secrétaire. Mais Letty découvre bientôt que ce juriste trompe sa femme avec un homme.
Javier
La situation devient intenable quand son amie accuse Letty d'être la maîtresse de son mari et elle appelle Javier pour qu'il vienne la chercher à Danville. Le tueur et la voleuse deviennent amants et se confient sur leur passé, mais il est soucieux car, après plus de quinze ans, il vient d'être invité à une réunion de famille - les siens ignorent tout de sa profession, à l'exception de son frère, et le croit cuisinier. Letty accepte de l'accompagner. Ils sont reçus par la soeur de Javier dans le palace qu'elle gère.
Letty
Letty s'installe et est rejointe, par surprise, par son agent de probation, Christian Woodhill, qui l'a couvert à plusieurs reprises récemment alors qu'elle ne s'est pas présentée à ses convocations. Elle l'entraîne alors dans le vol d'un paquet d'argent détourné par des employés de l'hôtel et se partagent 200 000 $ - suffisamment pour convaincre Woodhill de lâcher son boulot et son patron.
Letty et Christian Woodhill, son agent de probation (Michelle Dockery et Terry Kinney)
Les retrouvailles virent au règlement de comptes avec la patriarche, au passé trouble (il aurait participé aux crimes de dictature argentine), qui reproche à Javier la mort de son plus jeune frère des années plus tôt et ses mensonges sur ses activités réelles. Rejeté par les siens, Javier n'a plus que Letty pour le réconforter.
Javier et Letty
Letty emmène Javier à Danville pour lui présenter son fils et sa mère, sur le point de se remarier avec Rob, ancien camarade de collège de sa fille. Estelle a fait lever l'ordonnance restrictive et Jacob peut à présent circuler librement avec Letty qui tente de renouer les liens avec lui tandis que le garçon sympathise avec Javier que Rob invite à son enterrement de vie de garçon. Le lendemain ont lieu les noces et une fête au cours de laquelle s'invite le père biologique de Jacob qui annonce à Letty son intention d'en obtenir la garde exclusive, bien qu'il ait longtemps été absent et possède des antécédents judiciaires comme elle.
"Tue Sean !"
Désespérée, Letty demande alors à Javier de tuer Sean, son ex-compagnon, mais il refuse, prétendant qu'elle le regrettera, que Jacob ne le lui pardonnera jamais s'il l'apprend. Elle le chasse alors. Après une audience devant la médiatrice aux affaires familiales, Letty craint de perdre son fils qui a manifesté son désir d'être avec son père. C'est alors que Christian Woodhill débarque chez Estelle avec l'agent du F.B.I. Rhonda Lashever qui lui propose un deal : si Letty lui livre Javier, son casier judiciaire sera effacé et elle obtiendra la garde exclusive de Jacob.
Javier et Letty
Face à cette situation déchirante, Letty tente de contacter Javier, en vain, puis confie ses coordonnées à l'agent Lashever. Prise de remords, elle part à sa recherche pour prévenir son ancien amant de ce qu'il risque tandis que Sean, rancunier, rôde autour de chez Estelle en promettant qu'il reprendra Jacob tôt ou tard...
Je t'aime... Moi non plus.
Quand cette première saison (la série a été renouvelée deux fois depuis) démarre, on est désarçonné par le ton qu'elle adopte et qui trompe le téléspectateur sur la nature réelle du show. D'un côté, une superbe voleuse, distinguée dans ses tenues chics et grimée avec de multiples perruques, tout juste sortie de prison mais visiblement peu encline à se racheter une conduite. De l'autre, un séduisant tueur latino, aussi implacable qu'entreprenant, méticuleux mais ne laissant rien passer à cette enquiquineuse qui l'a surpris en train de conclure un contrat. On paraît être engagé dans une comédie policière, plutôt légère et très sexy, mais inoffensive.
Et puis, progressivement, les choses prennent une tournure inattendue. D'abord, le meurtre rétribué accepté par Javier est accompli de manière glaçante, servant en vérité une vengeance de son commanditaire (il s'agit de liquider un couple de chauffards qui a renversé mortellement un enfant et pris la fuite). Ensuite, sa relation avec Letty devient vite charnelle et passionnelle. Ces deux-là jouent un "je t'aime... Moi non plus" très corsé et complexe où le fait d'être obligés de cohabiter les irrite autant qu'il exacerbe leur attirance.
Plus la série avance, plus ses auteurs-créateurs, Blake Crouch et Chris Hodge, s'amusent à surprendre le public en déjouant ses attentes. Le contrat de Javier rempli, il laisse, comme promis, filer Letty et nous découvrons qu'elle est la mère d'un garçon de dix ans mais qu'elle ne peut le voir sans la permission de sa propre mère, Estelle. Prise en étau entre deux amis d'enfance qui veulent pourtant l'aider mais dont les aléas conjugaux complexes sont un vrai piège, Letty rappelle Javier pour fuir son patelin mais aussi ses responsabilités maternelles qui l'effraient.
Après la rencontre dans un premier temps, la vérité au sujet de Letty dans un deuxième temps, le show dévoile dans un troisième temps le passé de Javier durant une réunion de famille particulièrement tenue et intense. Encore une fois, la profondeur psychologique dont est capable le script, servi par une réalisation très soignée (superbe photo, sens du rythme infaillible, caractérisation exemplaire), épate en fournissant aux protagonistes un background vertigineux, dépassant largement les clichés du banal thriller.
Dans sa quatrième et dernière partie, Good Behavior suscite encore son lot d'émotions fortes et de péripéties inextricables simplement, se permettant même d'introduire deux personnages supplémentaires mais essentiels pour annoncer les complications à développer pour sa saison deux - le père de Jacob, l'agent du FBI Lashever.
Tous ces éléments, ajoutés à l'excellence de l'interprétation - Michelle Dockery extraordinaire de classe et de fébrilité, Juan Diego Botto sensationnel en tueur hanté, et Terry Kinney, irrésistible en agent de probation ensorcelé - , contribuent à faire de la série une réussite constamment surprenante, esthétiquement et narrativement impressionnante, à la fois divertissante et touchante, prenante et riche.
Il n'y a rien qui ne serait pas transposable en France dans Good Behavior mais ce qui la distingue de l'ahurissante masse de médiocres séries équivalentes produites dans l'hexagone, c'est réellement l'exigence de son écriture. Tout ce qui ici relève des stéréotypes est transcendé par le traitement qui consiste à ne pas s'en contenter : Letty peut tout voler mais cela ne lui paie pas une vie digne de femme et de mère, Javier peut éliminer n'importe qui mais pas son passé ni ses sentiments. A leur image, cette série nous charme mais sans jamais se contenter de nous draguer : on atteint le dénouement de cette saison avec l'envie de suivre les aventures de ses héros.
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