LE CHÂTEAU DES ETOILES est une feuilleton en deux saisons, écrit et dessiné par Alex Alice.
Cette première saison compte trois épisodes de 23 pages chacun (1 : Le secret de l'éther, 2 : Les chevaliers de l'éther, 3 : Les conquérants de l'éther), initialement publiés en fascicules (au format de 41,5 x 29,4 cm) de Mai à Juillet 2014, puis en un album cartonné en Septembre 2014, par les éditions Rue de Sèvres. Anthony Simon a participé aux décors et Alex Nikolavitch a assuré la rédaction.
La seconde saison sera publiée à partir de Mai 2015.
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En 1868, l'aventurière Claire Dulac entreprend de résoudre le mystère de l'éther, soit ce qui transmet la force gravitationnelle, la lumière, la force électrique et magnétique. Mais son voyage en ballon se termine dramatiquement et elle a juste le temps de larguer son journal de bord dans une capsule métallique avant de se perdre dans les cieux.
Un an plus tard, le mari, Archibald, et le fils, Séraphin, de Claire reçoivent une invitation émanant de Bavière et leur apprenant que le journal de bord a été récupéré. Les découvertes qui y sont manuscrites par l'exploratrice intéressent rien moins que le roi Ludwig, mais également le chancelier de Prusse Bismarck, son rival.
Les Dulac père et fils se rendent sur place et acceptent d'aider le monarque à construire une machine volante. Séraphin se lie d'amitié avec le fils du garde-chasse, Hans, et sa demi-soeur, la petite bonne Sophie, qu'il convainc bientôt de la duplicité du chambellan après que celui-ci ait cherché à les tuer, lui et son père, quand ils prirent le train à Lille, et qui veut transmettre les plans de l'appareil au chancelier.
L'entreprise de Ludwig et des Dulac réussira-t-elle à surmonter tous les obstacles, techniques, politiques et humains, qui se dressent devant elle ?
Je ne connaissais pas du tout Alex Alice avant de découvrir par hasard son projet, Le Château des Etoiles, dans une interview sur le site www.bedetheque.com. En creusant un peu, j'ai alors appris que cet artiste d'une quarantaine d'années devait sa renommée à deux séries, Le Troisième Testament, co-écrite avec Xavier Dorison, et Siegfried, entièrement réalisée par lui.
Alors que la première "saison" du Château des étoiles vient de paraître en album cartonné (un fort bel ouvrage, mais incomplet), je ne saurai que trop conseiller de vous en procurer la version initiale, composée de trois fascicules au format d'un journal avec à chaque numéro de superbes bonus (faux articles de presse, caricatures), ne serait-ce que pour pleinement apprécier l'expérience, avec des pages dont les dimensions rendent toute leur justice au travail de leur auteur.
Pour qui a lu et aimé la littérature d'aventures telle que l'écrivait Jules Verne, mais aussi pour ceux qui sont des amateurs de l'univers de l'animateur Hayao Miyazaki, cette bande dessinée hors normes sera un régal rare.
L'intrigue est menée à un rythme très soutenu, au point que lorsqu'on a achevé la lecture du troisième épisode, on est surpris d'être déjà au terme de ce premier acte. Le cliffhanger choisi par Alex Alice est diablement efficace, et l'image qui figure sur la page suivante, en forme de teaser pour la seconde saison, donne irrésistiblement envie de lire la suite et fin de ce feuilleton.
L'auteur a su trouver un équilibre parfait entre les péripéties spectaculaires, l'émotion subtile, et l'humour complice pour que le lecteur soit conquis de la première à la dernière page. Il a mixé des éléments de récit d'espionnage, d'explications scientifiques (même si le prétexte de la découverte de l'éther a depuis été invalidé par la théorie relativiste d'Albert Einstein), de course à la technologie, de conspiration politique, et de suspense avec un dosage exemplaire.
Ses personnages principaux, un trio d'enfants, échappent à toute peinture naïve ou mièvre, et les protagonistes adultes possèdent également du relief. C'est un sans faute.
Mais, au-delà des qualités exemplaires du script, c'est bien sûr le pari esthétique du projet qui subjugue. Alex Alice a travaillé en couleurs directes, sans effacer complètement le trait de ses crayonnés, et le résultat est splendide. Les décors grandioses, pour lesquels il a reçu l'aide d'Anthony Simon, offrent un cadre époustouflant au récit, et le château du roi Ludwig de Bavière est à lui seul un tour de force, tout comme le merveilleux "éthernef" (dont les plans sont scrupuleusement reproduits au centre, sur une double page, du deuxième épisode).
Cette imagerie, aussi belle soit-elle, serait tape-à-l'oeil sans un découpage intelligent, et c'est l'autre bonne surprise du projet car le dessinateur a veillé à trouver des astuces de mise en scène, une disposition des vignettes, qui mettent valeur aussi bien la force de l'histoire que les compositions de ses plans.
Qu'il va être long d'attendre Mai 2015 pour connaître le destin de Séraphin, son père, ses amis et le roi Ludwig ! Mais c'est aussi à cela qu'on mesure la séduction d'une bande dessinée : dans sa capacité à être désirée.
Qu'il va être long d'attendre Mai 2015 pour connaître le destin de Séraphin, son père, ses amis et le roi Ludwig ! Mais c'est aussi à cela qu'on mesure la séduction d'une bande dessinée : dans sa capacité à être désirée.
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